Malgré la fermeture du centre de Sangatte, des clandestins continuent d’affluer à Calais. Sans voyeurisme ni parti pris, le photographe Franck Seguin, grand reporter à l’agence Deadline, témoigne des conditions extrêmes de ces réfugiés qui errent dans la ville, dans l’attente de par tir pour l’Angleterre.
Ils sont kurdes, croates, kosovars, somaliens, soudanais… Ils fuient pour échapper à la guerre, aux massacres, à la famine ou plus simplement à la misère. Sur leur terrifiante route d’exil, bon nombre y trouveront la mort. Pour ceux qui atteignent Calais, c’est déjà l’eldorado. Il ne leur reste plus qu’à passer en Angleterre. Dans l’attente, ils errent dans la vil le, affamés et épuisés, se protégeant du froid dans des abris de fortune, se terrant, lorsque pourchassés par la police, au fin fond des forêts avoisinantes. L’excellent reportage tout en images réalisé sur une période de trois ans par Franck Seguin témoigne de ce drame insoluble. Sur un plan purement technique, bon nombre des photos ayant été effectuées au crépuscule, Franck a opté pour des vitesses très lentes conjuguées à une pleine ouverture (la profondeur de champ important peu). Lors de son premier séjour, Franck a opéré avec un Canon D60, limité à 800 ISO. L’année suivante, en raison de l’évolution du matériel, il a tiré parti des puissantes capacités en termes de sensibilité du Mark II (à même de grimper jusqu’à 1 600 ISO). Pour ce type de prises de vues réalisé sur le vif, le photographe a exclu l’usage du flash ou du pied : ‘ Dans le cadre d’une lumière difficile, voire inexistante, je me calais contre un support de fortune et m’abstenais de respirer au déclenchement ‘, explique-t-il. Question objectifs, le reporter a principalement mis à contribution deux grands-angles, un 17/35 et un 24/70 : ‘ Les photos de nuit obligent de toute façon à approcher au plus près le sujet. En outre, comme on est conduit à pas mal crapahuter dans la ville et dans les bois, il est préférable de disposer d’un équipement léger ‘, précise-t-il. Réaliser à ses propres frais ce type de reportage social, mille fois moins vendeur qu’un sujet people, n’est-ce pas une prise de risque financière ? ‘ Certes, mais à mes yeux, c’est une manière de légitimer mon boulot de reporter ‘, rétorque Franck, dont le talent n’a d’égal que la simplicité.
