Jusqu’à présent, les frontières étaient clairement définies dans les rayons de la grande distribution : d’abord, le ‘ blanc ‘, avec ses réfrigérateurs, ses cuisinières et autres lave-linge ; ensuite, le ‘ brun ‘, avec ses téléviseurs, ses chaînes hi-fi et autres magnétoscopes ; et depuis peu, le ‘ gris ‘, avec ses micros, ses imprimantes et autres scanners. Et chaque vendeur restait maître de son territoire dans ces temples de la consommation populaire : le gendre idéal rassurait madame en jurant qu’il avait exactement le même sèche-linge chez lui ; l’expert en sons et lumières persuadait monsieur à grands coups de watts musicaux et de coins carrés ; et l’ex-représentant en photocopieurs subjuguait l’apprenti en souris avec ses processeurs à rétropédalage inversé, ses kilomachins, ses mégachoses et ses gigabidules. Seulement voilà, avec la fameuse convergence du numérique, de l’audiovisuel et des télécommunications, ce bel équilibre naturel menace de s’effondrer. Entre les écrans plats, les kits home cinéma, les boîtiers d’acquisition vidéo, les décodeurs de salon, les baladeurs MP3, les appareils photo numériques, les téléphones multimédias, les assistants multifonctions, les caméscopes DV et les platines DivX, on ne compte plus les produits qui mélangent les genres et les couleurs, au grand désarroi des vendeurs, de plus en plus dépassés techniquement, qui ne savent plus où les exposer. Tous les constructeurs de l’informatique et de l’électronique grand public participent désormais à ce joyeux désordre pour conquérir ce nouvel eldorado avec des appareils hybrides. Même Apple, le chevalier blanc de la micro, délaisse aujourd’hui ses Mac pour décliner son iPod en teintes pastel, histoire de mieux séduire les foules prépubères. Au train où vont les choses, il ne faudra plus attendre très longtemps avant de lavoir, notre cafetière USB…
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