Projet Ara : Google met son smartphone modulaire au placard

C’était un des projets les plus enthousiasmants de Google, un smartphone composé de modules interchangeables à l’envi assemblés sur une structure de base appelée endosquelette. Initialement prévu pour une arrivée sur le marché à l’hiver 2015, le projet Ara avait pris du retard, changé de tête pour finalement rendre son dernier souffle. Ara est mort… ou est en tout cas abandonné par Google.

Selon deux personnes citées par Reuters qui ont souhaité rester anonymes, la filiale d’Alphabet a mis le Projet Ara en pause indéfiniment. Développé originellement au sein de Motorola/Google ATAP, il serait victime de la grande réorganisation actuelle au sein des divisions matérielles de Google. Depuis août 2015 et la création d’Alphabet, toutes les sociétés placées sous la coupe de cette nouvelle entité ont des obligations de rentabilité qui concernent également Google.

Des ambitions revues à la baisse

La nouvelle peut paraître un peu surprenante – et à coup sûr décevante, tant ce projet avait suscité l’enthousiasme chez les fans de high tech. Toutefois, en mai dernier, lors de sa conférence développeurs, si Google avait envoyé des signes encourageants à la communauté, un vent de déception avait déjà soufflé.

Abandonnant la vision du tout modulaire des débuts, le projet Ara proposait une version faite de compromis qui pouvait encore susciter l’intérêt. Ainsi, les modules d’écran, de processeur, de mémoire vive, etc. n’étaient plus amovibles mais installés de manière permanente. Malgré tout, Google avait annoncé un certain nombre de partenaires et précisé qu’une version dédiée aux développeurs des smartphones Ara serait disponible à l’automne.

Une dernière chance loin de Google ?

Et c’est d’ailleurs ces partenaires qui pourraient sauver le projet d’une disparition définitive, selon Reuters. Si Google ne produira pas d’Araphone, il pourrait malgré tout, sous la forme d’un système de licences, permettre à des fabricants intéressés de se lancer dans l’aventure.

La question est dès lors de savoir quel soutien le géant américain leur apportera. Même avec des ambitions réduites, le projet Ara aura grand peine à se développer sans une participation active de Google. Paul Eremenko, à l’époque directeur du programme, a plusieurs fois insisté sur l’enjeu d’adaptation d’Android à une plate-forme modulaire. Une adaptation qui n’était rendue possible que parce qu’ATAP appartenait à Google et recevait le soutien des développeurs de l’OS mobile. Sera-ce encore le cas – si Ara n’est pas d’ores et déjà enterré ? De même, comment seront gérés les normes et magasins de modules que Google avait présentés de manière schématique quand il pensait encore lancer un test à grande échelle à Porto Rico ?

Beaucoup de questions et de doutes sont soulevés par cette « suspension » du projet Ara. Pour Bob O’Donnell, analyste pour TECHnalysis Research, cette décision n’est clairement pas une surprise. Ara était « une expérience scientifique qui a échoué, et ils passent à autre chose », déclarait-il à Reuters. Aussi enthousiasmant qu’il était, avec ses promesses d’évoluer dans le temps et de fournir une plate-forme adaptée aux petits budgets, le smartphone modulaire a été victime de la réalité économique. Il coûtait trop cher à produire. Et Google, qui a longtemps visé la Lune sans compter pour peut-être décrocher les étoiles, semble vouloir continuer à rêver mais de succès à coup sûr…

Source :
Reuters

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