En 1876, Graham Bell n’imaginait sans doute pas que sa dernière invention serait l’un des principaux moteurs de l’économie mondiale au début du XXIe siècle. Pourtant, c’est bien grâce au bon vieux téléphone qu’a eu lieu la plus importante révolution de la diffusion des connaissances depuis Gutemberg, Internet. Avec la complicité de la fée numérique, qui lui apporte une nouvelle jeunesse, notre centenaire tient même la dragée haute à tous ses concurrents potentiels pour fournir l’Internet à haut débit aux particuliers, et il leur amènera bientôt la télévision. Mieux encore : le seul capable, à terme, de lui disputer sa suprématie, ou au moins de la partager, n’est autre que son rejeton sans fil. On comprend dès lors que le téléphone, sous toutes ses formes, aiguise les appétits. Longtemps resté service public dans la plupart des pays d’Europe, il est aujourd’hui devenu libéralisme oblige une source potentielle de profits. Secouant des monopoles pas toujours au service du public, l’ouverture à la concurrence fait, comme toujours, chuter les prix. On ne s’en plaindra pas. Dommage, pourtant, que pour rendre hommage à Graham Bell, opérateurs de téléphonie et fournisseurs d’accès à Internet n’aient trouvé d’autre moyen que d’employer des méthodes de son époque, celles du Far West ! Digne de la ruée vers l’or, la ruée vers l’abonné semble parfois obéir à la même brutalité. Depuis quelques années, l’accès au Net et la téléphonie mobile ont grimpé au sommet du hit-parade des plaintes chez le shérif de la consommation, la DGCCRF, et font les beaux jours des associations de consommateurs dans le rôle de Lucky Luke. Côté FAI, c’est la politique du premier qui tire. Il s’agit de faire avant les autres l’offre la plus alléchante, même si on n’est pas prêt, quitte à mettre son propre téléphone aux abonnés absents face aux protestations des clients mécontents. Les opérateurs, eux, jouent plutôt aux patrons de saloon, s’ingéniant à récupérer sur les consommations le prix des mobiles bradés avec les abonnements pour attirer les clients. Si on s’habitue à ce que chaque nouvelle technologie engendre un western, on n’est pas obligé de trouver normal que le consommateur ramasse les balles perdues. Surtout quand il s’agit du téléphone. Nouvelle technologie, le téléphone ? C’est Graham Bell qui va être surpris !
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