L’interface tactile multitouch d’Apple est une vraie révolution. Adulée par les possesseurs d’iPhone, d’iPod touch et de MacBook, elle permet de reconnaître et d’interpréter divers points de contact simultanés sur l’écran ou le touchpad de l’appareil. Globalement, vos doigts remplacent avantageusement stylet, molettes et touches. Plus fort encore : là où les appareils concurrents sont limités à un point de contact, les appareils d’Apple savent exactement où sont situés tous vos doigts sur l’écran (ou le touchpad dans le cas des MacBook). Rien n’est plus simple alors que d’écrire un mail depuis le clavier prédictif, de faire défiler ses photos, les agrandir et les réduire en écartant et en pinçant deux doigts, ou de zoomer de la même manière sur une partie d’une page Web. L’interface redéfinit tout simplement la façon d’utiliser un produit mobile et offre des perspectives d’évolution prometteuses.Apple n’a pas pour autant été le premier à lorgner la technologie multitouch. L’université de Toronto et les laboratoires de Bell s’y sont déjà intéressés de près dans les années 1980, mais sans véritable application directe pour le grand public. En 2003, la société française Stantum s’est penchée sérieusement sur la question au point de sortir deux ans plus tard un prototype de dalle baptisé ‘ Lemur ‘.Toutes les dalles multipoints ont en commun un écran plat associé à une matrice, quasi transparente à l’?”il, en oxyde d’indium-étain (ITO), deux métaux qui lui assurent ses propriétés électriques. Mais les choses s’arrêtent là puisque la technologie avancée par Apple est dite capacitive alors que celle de Stantum est dite résistive. Quelle est la différence ?
Souplesse contre précision
‘ Dans le cas de la dalle Lemur, une couche d’air sépare les lignes et les colonnes de la matrice. Pour que les deux couches se touchent, il y a lieu d’exercer une pression. Cela crée un contact, un peu comme un bouton microscopique ‘, explique Guillaume Larvillier, cofondateur de la société Stantum. Dans la matrice d’Apple, au contraire, lignes et colonnes étant séparées par une fine pellicule de verre, elles se croisent sans jamais se toucher. Tout repose sur le potentiel électrique du doigt et non sur la pression qu’il exerce. Le simple fait d’effleurer la dalle crée une perturbation du champ électromagnétique. Un ‘ couple capacitif ‘ se forme à l’intersection de la ligne et de la colonne. Reste alors à déterminer les coordonnées du ou des points où le doigt s’est posé.Chaque technologie présente des avantages et des inconvénients. Dans le cas de l’iPhone et de l’iPod touch, si une réaction a lieu simplement en effleurant la dalle, en revanche cela ne fonctionne pas avec un doigt humide, un ongle, un stylet ou des gants. Pour obtenir une grande précision, même avec un doigt humide ou un stylet, mieux vaut choisir le procédé de Stantum. ‘ Cela ouvre une voie intéressante pour apporter un confort d’utilisation inégalé sur des dalles au format réduit, notamment pour des applications de reconnaissance de caractères, mais aussi pour le jeu ‘, ajoute Guillaume Larvillier. Tout n’est pas réglé pour autant. ‘ Le bruit de balayage électrique sur la matrice provoque des parasites qui doivent être filtrés. Il faut aussi reconnaître les tâches qui correspondent au doigt et assurer le suivi des curseurs créés lors d’un contact. Il y a lieu enfin d’assurer le ‘ scanning ‘ de la matrice (cent fois par seconde) afin de surveiller constamment chaque intersection de la matrice ‘, précise l’ingénieur de Stantum.
Contrôleur en action
Toutes ces opérations s’effectuent à l’aide d’un microcontrôleur (circuit électronique spécialisé dans la gestion d’un périphérique). Les signaux sont ensuite traités par le processeur central de l’appareil mobile, celui-ci dialoguant avec le microcontrôleur via un port série. La démarche est analogue sur les modèles d’Apple qui fonctionnent à l’aide d’une puce de marque Broadcom.À titre de comparaison, une inter face tactile classique, qui n’autorise qu’une seule action à la fois, n’a pas ?” dans la plupart des cas ?” de matrice résistive mais une seule électrode uniforme sans ligne ni colonne.Restent les perspectives d’avenir. Stantum fournit sa technologie avec un jeu d’API (Application Programming Interface, interface de programmation en français) qui permet de l’intégrer à de multiples systèmes d’exploitation et de développer des fonctions de reconnaissance spécifiques. ‘ Cette technologie est compatible avec Windows, Mac OS, Linux et les téléphones mobiles ‘, ajoute Guillaume Larvillier. D’autres initiatives ont lieu en matière de technologie multipoint, telle la technologie Stir qui a recours à l’infrarouge et que Microsoft implémente sur sa table tactile Surface.
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