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Pour comprendre les paramètres de base

Sous de nombreux aspects, la photo numérique cumule le jargon de la photo avec celui de l’informatique, ce qui donne au final un charabia parfois impressionnant : ‘ modes P, S, A, M ‘, ‘ plus grande ouverture ‘, ‘ corriger de deux diaphs ‘, ‘ un zoom très ouvert ‘, etc. Pour tant, ce langage recouvre des notions assez simples au c?”ur desquelles se place le trio sensibilité/diaphragme/temps de pose.

Photographier signifie ‘ écrire avec la lumière ‘, et lorsque l’on considère aujourd’hui l’épaisseur du mode d’emploi des appareils, la photo donne la sensation qu’il va falloir se préparer à ‘ écrire ‘ en chinois.Et pourtant, les principes de base de la photo sont assez simples… Ce qui rend complexes les appareils modernes, c’est l’assistance qu’ils vous fournissent.En effet, tout l’accastillage électronique qu’embarquent désormais nos petits boîtiers vise principalement un but : vous libérer de la configuration des paramètres de base permettant d’obtenir des photos bien exposées. Certes, il existe d’autres fonctionnalités comme l’autofocus, qui s’occupe de la mise au point, ou la balance des blancs, pour la gestion de la lumière qui éclaire votre scène, mais la grande majorité de ces modes ne tend qu’à ce seul objectif : la meilleure exposition possible des photos.La conséquence de tout cela, c’est que pour bien comprendre le mécanisme de ces différents modes automatiques et en tirer le meilleur parti, il est nécessaire d’avoir en tête le fonctionnement de ces paramètres de base de l’exposition. Ils sont peu nombreux. En fait, ils sont au nombre de trois : la sensibilité, le diaphragme et le temps de pose. Une fois que vous vous serez familiarisé avec ce trio, vous pourrez non seulement utiliser tel ou tel mode en comprenant ce que vous faites, mais aussi décider de l’employer dans des situations différentes de celles pour lesquelles il aura été conçu afin de tirer profit d’une caractéristique qui vous intéresse. Cerise sur le gâteau : une bonne connaissance de ces paramètres vous permettra de lire plus facilement nos avis sur un appareil, et donc d’être mieux armé pour choisir celui qui vous convient. Nous allons vous présenter tous ces éléments en détail. Rassurez-vous, c’est très simple !

Une affaire de remplissage

Pour comprendre comment fonctionne l’exposition d’une photo (qu’elle soit numérique ou pas, en l’espèce le film fonctionnait exactement de la même façon), il existe une analogie très parlante : l’exposition peut se comparer au remplissage d’un verre d’eau sous un robinet. Pour remplir ce verre, trois paramètres importent : la taille du verre, l’ouverture du robinet et le temps pendant lequel on laisse le verre sous le robinet.Ces trois paramètres sont indissociablement liés : si l’un est modifié, les autres doivent être modifiés en conséquence. Plus le verre est grand, plus il faudra le laisser longtemps et/ou plus il faudra ouvrir le robinet, et vice versa. De même, si à taille de verre d’eau égale on souhaite moins ouvrir le robinet, il faudra laisser le verre dessous plus longtemps, et réciproquement.L’exposition d’une image repose sur le même principe. Il s’agit de remplir une surface sensible avec de la lumière. La quantité totale de lumière nécessaire pour la formation de l’image est déterminée par le système de mesure.Elle dépend de la sensibilité sélectionnée. Plus cette sensibilité est élevée, moins il faudra de lumière, et inversement. La façon dont cette quantité totale de lumière arrive sur le capteur dépend de deux éléments : du système de gestion du temps pendant lequel la lumière arrive sur le capteur (l’obturateur) ; et du système de gestion de l’ouverture par laquelle la lumière arrive (le diaphragme).Pour reprendre l’analogie du verre d’eau, le diaphragme correspond à l’ouverture du robinet, le temps de pose, au temps pendant lequel le verre reste sous le robinet et enfin la sensibilité (en ISO), à la taille du verre.

Des unités parfois étranges

Les choses seraient simples si l’arithmétique ne venait y jeter son grain de sel. Les trois éléments de base de l’exposition (ouverture du diaphragme, temps de pose et sensibilité) s’expriment par des unités différentes.Le temps de pose se définit en fractions de seconde : un temps de 1 seconde est deux fois plus long qu’un temps de 1/2 seconde, qui est deux fois plus long que 1/4 seconde, etc.Le même procédé s’applique à la sensibilité : 100 ISO est deux fois moins sensible que 200 ISO qui est deux fois moins sensible que 400 ISO, etc.Les données se compliquent avec le diaphragme. Le diaphragme est un cercle. Souvenez-vous des cours d’arithmétique de l’école… Pour doubler la surface d’un cercle, il faut multiplier le diamètre par racine de 2, soit 1, 414. C’est la faute à Pi. Pour pouvoir suivre la même progression arithmétique, la valeur du diaphragme est divisée par la racine de 2 (1,414) chaque fois que l’on voudra laisser entrer la lumière par un trou deux fois plus grand.C’est pour cela que les valeurs de diaphragme sont étranges au premier abord. Elles s’écrivent traditionnellement précédées de ‘ F: ‘. Plus le chiffre est réduit, plus le diamètre du trou de passage de la lumière est grand (on parle alors d’un ‘ diaphgrame très ouvert ‘). Inversement, plus le chiffre est grand, plus le diamètre du diaphragme est petit, et on parle alors de ‘ diaphragme fermé ‘. En reprenant la progression par racine de 2, F: 1 est deux fois plus ouvert que F: 1, 4, qui est deux fois plus ouvert que F: 2, qui est deux fois plus ouvert que F: 2,8, deux fois plus ouvert que F: 4, etc.

À quoi correspondent les modes ?

Les trois valeurs sensibilité, temps de pose et diaphragme se combinant pour assurer la bonne exposition, il existe pour chaque situation une infinité de combinaisons différentes.Par exemple, si, avec une sensibilité réglée sur 100 ISO et un diaphragme sur F: 8, le système de mesure indique qu’un temps de pose de 1/125 s est nécessaire, on obtiendra une photo exposée de façon identique en réglant le diaphragme sur F: 5,6 (donc en laissant entrer la lumière par un trou deux fois plus grand) et en utilisant un temps de pose de 1/250, et ainsi de suite, F: 8-1/125 s est donc égal à F: 5,6-1/250, à F: 4-1/500 ou à F: 2,8-1/1 000, etc.Si toutes ces combinaisons temps de pose et diaphragme donnent la même exposition, elles ne vont pas en revanche présenter la même photo. C’est à ce niveau qu’inter viennent les ‘ modes scènes ‘ et les ‘ modes résultats ‘ de votre appareil. Plus le diaphragme est ouvert (plus le chiffre qui le désigne est réduit) et plus la profondeur de champ est courte. Inversement, plus le diaphragme est fermé (plus le chiffre qui le désigne est élevé), plus cette profondeur de champ sera importante. Le temps de pose a également un impact. Un sujet qui bouge (un cycliste, par exemple) apparaîtra net à 1/1 000 s, mais il sera flou à 1/15 s. En pratique, donc, pour une même sensibilité, le couple F: 2,8-1/1 000 s donnera la même exposition que le coup le F: 16-1/30 s. Si dans les deux cas la photo est bien exposée, on n’obtient pas la même image. Avec F: 2,8 (un diaphragme très ouvert) et 1/1 000 s (un temps de pose très court), le cycliste sera net : le mouvement des jambes sera ‘ arrêté ‘ à cause du temps de pose court, et le fond apparaîtra flou, du fait de la faible profondeur de champ que donne un diaphragme très ouvert.À l’inverse, avec F: 16 (diaphragme très fermé) et 1/30 s (temps de pose assez long), l’arrière-plan sera plus net parce que la profondeur de champ est plus étendue, mais le sujet en mouvement sera affecté d’un flou de bougé. Un mode Paysage va ainsi privilégier un diaphragme fermé (et donc utiliser un temps de pose un peu plus long), alors qu’un mode Sport, utilisera un temps de pose court (et donc, en conséquence, un diaphragme plus ouvert). Certes, ces modes sont également couplés à d’autres réglages, comme la distance de mise au point. Le mode Paysage, par exemple, effectuera de préférence la mise au point sur l’infini, mais ce sont bien les paramètres d’exposition qui sont au c?”ur du réglage. Les modes P, S, A, Men sont juste une variante. Le premier, P (pour Programme ), est une configuration générique qui privilégie un couple temps de pose et diaphragme moyen ; le second, S (pour Speed, Vitesse) vous laisse le choix du temps de pose et calcule le diaphragme correspondant ; le troisième, A (pour Aperture, Ouverture) vous laisse choisir le diaphragme et sélectionne seul le temps de pose correspondant. Le dernier, M (pour Manuel), vous laisse le choix pour chacun des deux paramètres.

Jouer avec les modes

Une fois ces données assimilées, il devient aisé de sélectionner le bon mode correspondant au type de photo que vous voulez réaliser. Vous photographiez un sujet en mouvement ? Le mode Sport favorise un temps de pose très court, avec comme conséquence logique un diaphragme ouvert et donc une profondeur de champ rétrécie. Vous pourriez également sélectionner le mode S en réglant votre appareil sur un temps de pose court (plus de 1/250 s), ou également le mode A en sélectionnant le diaphragme le plus ouvert (c’est-à-dire le plus petit chiffre).Inversement, si vous souhaitez photographier un paysage, vous pouvez bien entendu utiliser le mode Paysage, qui va privilégier un diaphragme fermé pour augmenter la profondeur de champ, mais également choisir le mode S en sélectionant un temps de pose long (1/30, 1/60 s), ou encore le mode A en optant pour un petit diaphragme, par exemple F: 8 ou F: 11.

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Luc Saint-Élie