Les nouveaux appareils sont naturellement meilleurs que ceux qu’ils remplacent… En êtes-vous bien sûr ? En regardant de près les caractéristiques des nouveaux capteurs, on est en droit de se poser la question. C’est exactement ce que nous avons fait en envoyant anciens et nouveaux au labo de tests.
Tout l’univers numérique ne jure que par un même leitmotiv : ‘ plus, c’est forcément mieux ! ‘ Plus de mémoire, plus de vitesse du processeur, plus de volume de stockage… Ce qui se traduit, pour la photo, par plus de fonctions, plus de mégapixels, plus d’amplitude de zoom. Avec pour conséquence des gammes d’appareils à la durée de vie très courte. De quoi donner le tournis au propriétaire d’appareil numérique, pas forcément ravi de voir celui qu’il vient d’acheter au prix fort remplacé quelques mois plus tard par un nouveau venu aux promesses encore plus alléchantes.Cette situation n’a rien d’original. La photo vit désormais au même rythme que l’informatique. De la même façon qu’à peine sorti de chez le revendeur, un ordinateur est déjà remplacé par un nouveau modèle, un appareil photo est soumis au même cycle. Mais en informatique, les choses sont simples. Sauf exception, à niveau de gamme égal, le PC nouvellement sorti, équipé d’un nouveau processeur plus rapide, offre de meilleures performances pour un prix égal, voire inférieur, et ce gain est sensible.En photo, les choses sont différentes, car une image est faite pour être regardée, et l’?”il n’est pas un instrument de mesure très fiable ; le résultat est donc par essence subjectif. À ceci s’ajoute le fait que les progrès technologiques mettent à mal quelques certitudes. Pour bien comprendre ce qui se passe, revenons d’abord sur le fonctionnement de la capture d’image numérique.
Comment produire une image numérique ?
Le capteur, qui constitue le c?”ur d’un appareil photo numérique, est constitué de minuscules particules sensibles, les photosites. Le photosite est sensible à l’intensité lumineuse qu’il reçoit, et qu’il traduit en produisant un courant électrique, lui aussi d’intensité variable. Quatre photosites produisant un pixel, la taille du capteur et le nombre de mégapixels qu’il peut générer sont liés à la dimension de ces photosites. Ainsi, à taille identique, un capteur de 4 mégapixels possède moins de photosites qu’un capteur de 6 mégapixels, mais ils sont plus grands. Le meilleur exemple se trouve dans les dernières générations de compacts équipés de capteurs minuscules affichant 5, voire 6 ou 7 mégapixels. Or, la taille des photosites a une incidence sur deux aspects de l’image : la sensibilité et la dynamique.
Le bruit : parfois un faux problème
À temps de pose égal, un grand photosite reçoit plus de lumière qu’un petit ; il fournit donc un signal électrique plus fort. Cela se traduit par un meilleur rapport signal/bruit, donc une plus grande sensibilité du capteur. En revanche, dès que la luminosité baisse, un mauvais rapport signal/bruit (donc une sensibilité moindre) se traduit sur l’image par ce que l’on appelle le ‘ bruit ‘ et qui n’a rien à voir avec quoi que ce soit de sonore ! Il s’agit de l’enregistrement de pixels parasites qui donnent à l’image un aspect granuleux.Plus le capteur a de petits photosites, plus il produit une image ‘ bruitée ‘. Mais en pratique, la différence qualitative n’est pas aussi automatique. Car une fois que le capteur a terminé son travail de saisie des valeurs de lumière, le signal est traité par des microprocesseurs qui peuvent, dans une certaine mesure, en réduire le bruit. Les images sont certes moins bonnes que celles fournies par un capteur de taille plus généreuse, mais la détérioration n’est pas proportionnelle à la réduction de la taille des photosites.
Le vrai handicap des petits capteurs : la dynamique
L’autre caractéristique d’une image, c’est sa dynamique, c’est-à-dire l’étendue des tonalités différentes, depuis les ombres jusqu’aux hautes lumières, que peut enregistrer le capteur. C’est sur ce point que les capteurs équipés de petits photosites sont handicapés. De plus petites tailles, ils enregistrent avec moins de finesse les variations dans les zones de très haute ou de très basse luminosité. Cette faible dynamique ne permet pas d’obtenir à la fois des hautes lumières bien exposées et des ombres avec du détail.
Le combat des Anciens et des Modernes
Etant donné que, d’un modèle à son successeur, l’augmentation du nombre de pixels se fait sans augmentation de la taille du capteur, la question se pose donc de savoir si la qualité d’image des nouveaux est meilleure ou moins bonne que celle de leurs prédécesseurs, surtout dans des conditions de prises de vue difficiles. D’un côté, des capteurs intrinsèquement moins performants ; de l’autre des traitements électroniques qui, eux, ont beaucoup progressé, épaulés par des astuces pour masquer les défauts…Nous avons donc décidé de passer au labo, dans des conditions de mesure strictes et reproductibles, plusieurs duos de boîtiers de même marque appartenant à des générations différentes pour voir qui, de l’ancien ou du moderne, produit réellement les meilleures images.