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Peer-to-peer : pour la fin de l’illégalité

Répression aveugle d’un côté, échanges libertaires de l’autre : le problème posé par l’échange de musique en P2P n’a jamais été résolu. Pourtant, même si elles ne sont pas toutes immédiatement applicables, de nouvelles voies
méritent d’être explorées…

‘ Vous n’avez pas de chance dans la vie… Ça tombe sur vous ! ‘ a lancé le juge du tribunal de grande instance de Pontoise à Alain Oddoz. Effectivement, pour ce professeur de
28 ans, le hasard a mal fait les choses. Sur les huit millions d’adeptes de téléchargement de musique en peer-to-peer (P2P) de l’Hexagone, il est l’un des seuls à s’être fait prendre. Reconnu coupable de ‘ contrefaçon par
édition ou reproduction d’une ?”uvre de l’esprit au mépris des droits des auteurs ‘
pour avoir téléchargé et mis à disposition environ 10 000 morceaux de musique, Alain Oddoz a été condamné à près de 10 200 euros
de dommages et intérêts, plus 3 000 euros d’amende avec sursis. Disproportionnée pour certains, cette sentence a suscité un vaste élan de solidarité, symbolisé par une pétition du Nouvel Observateur demandant l’arrêt des
poursuites (voir ci-contre).Depuis quelques mois, se joue une tragédie intenable autour du P2P. Cinq protagonistes y prennent part : les internautes, qui désirent télécharger aisément, et à moindres frais, des chansons, et qui jugent les systèmes actuels
inadaptés ; les artistes, qui veulent que leurs créations soient justement rémunérées ; les maisons de disques, arc-boutées sur la défense de leurs profits ; le législateur, qui doit gérer des millions de délinquants potentiels ;
et, enfin, toute une série de ‘ tentateurs ‘, fournisseurs d’accès et autres vendeurs de baladeurs MP3, qui commercialisent hypocritement des produits largement utilisés pour partager et copier de la
musique.Les intérêts, parfois contradictoires, de de ces différentes parties, sont la source du conflit actuel. Mais les maisons de disques refusent tout débat, estimant qu’il a déjà eu lieu, lors de la signature de la charte sur la musique
en ligne, l’été dernier. Elles affirment que le P2P est l’unique cause de la baisse du marché de la musique (10,2 % de CD vendus en moins en 2004 en France, selon le Syndicat national de l’édition phonographique), et que seules des actions en
justice feront baisser le piratage.Que le P2P soit ou pas la cause de la baisse du marché de la musique est secondaire ; les études en la matière sont contradictoires. La seule chose dont on soit sûr, c’est que les systèmes actuels servent, avant tout, à l’échange
illégal de fichiers. Selon une étude de BigChampagne, spécialisé dans la mesure de l’utilisation du Net pour le divertissement, plus de 95 % du trafic P2P concerne des contenus piratés. Cette seule donnée devrait suffire à rouvrir le débat, et
à chercher de nouvelles solutions.

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Marc de Suzzoni