L’époque où les jeux et logiciels étaient fabriqués dans la Silicon Valley est révolue. Aujourd’hui, les équipes de développement des grands éditeurs sont présentes dans le monde entier. Petit tour d’horizon.
Word, Norton Antivirus ou le dernier jeu qui fait fureur sur la Wii, nombreux sont les jeux et logiciels que nous installons sur nos machines quotidiennement. Mais que savons-nous de leur création ? Où sont installés les développeurs qui les ont conçus ? Nous avons posé la question à plusieurs grands éditeurs. Leurs réponses nous emmènent dans un voyage autour du monde.
Au plus près des utilisateurs Si la Silicon Valley en Californie et Seattle (état de Washington), le fief de Microsoft, restent deux hauts lieux du développement, d’autres pays comme l’Inde, la Chine, la Pologne ou l’Irlande accueillent aussi des équipes de développeurs. Pour des questions de coûts d’abord, mais aussi parce que les éditeurs ont intérêt à être au plus près de leurs nouveaux utilisateurs. Et si le Canada est devenu un véritable temple du jeu vidéo, la France tire encore son épingle du jeu avec de nombreux studios installés à Paris, Bordeaux ou Lyon. D’ailleurs, les consoles Nintendo DS et Wii ont donné un coup de fouet à cette industrie qui s’essoufflait. Du coup, les bras manquent
De Redmond, Microsoft part à la conquête du monde Géant de l’édition de logiciels depuis plus de vingt-cinq ans, Microsoft héberge ses armées de développeurs sur son vaste campus à Redmond dans l’état de Washington, mais aussi à Bangalore en Inde. Cette année, Microsoft a ouvert à Aachen, en Allemagne, un centre de développement dédié aux versions embarquées de Windows, celles que l’on retrouve dans toutes sortes de produits mobiles et qui devraient se multiplier dans les années à venir. L’Europe représente en effet à la fois un vivier d’ingénieurs et une forte concentration de clients. D’ailleurs, Microsoft ne compte pas s’arrêter là et prévoit d’y ouvrir d’autres centres de développement ou de recherche. L’éditeur a évoqué la France, l’Irlande, le Danemark ou encore la Serbie. Si on veut remonter un peu plus haut dans la chaîne de la recherche et du développement, Microsoft a créé cinq laboratoires de recherche stratégiquement éparpillés dans le monde : Redmond et Mountain View dans la Silicon Valley pour les Etats-Unis, Cambridge, Pékin et, plus récemment, Bangalore. Pour compléter le tout, Microsoft a noué de nombreuses collaborations avec des universités dans le monde entier, y compris l’Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria) en France.
Symantec maintient son antivirus en état d’alerte permanent Pour repérer les nouvelles menaces qui rôdent sur Internet, les ingénieurs de Symantec doivent être en alerte 24h/24. C’est pourquoi les centres de réponses de l’éditeur des produits de sécurité Norton sont implantés aux Etats-Unis, en Irlande et en Nouvelle-Zélande pour couvrir tout le globe. A toute heure du jour et de la nuit, les ingénieurs reçoivent des rapports sur de nouvelles menaces, les analysent et les ajoutent à la base de données de virus de Symantec qui est rafraîchie toutes les quatre heures. Grâce au travail de ces gardiens disséminés sur trois continents, votre ordinateur reste protégé par des outils à jour. Mais l’internationalisation de Symantec ne s’arrête pas là. L’éditeur emploie des centaines de développeurs qui conçoivent les parades contre ces attaques constantes. Certains travaillent aux Etats-Unis, à Culver City près de Los Angeles ou à Springfield dans l’Oregon. D’autres sont basés en Inde. ‘ Pour la localisation et le contrôle qualité en Europe, nous avons des équipes à Dublin en Irlande et en Pologne , précise Homayoun Sarkechik, le responsable marketing produit EMEA (Europe Moyen-Orient Afrique) chez Symantec. Par contre, il est impossible de dire que l’équipe qui travaille sur l’antivirus est à tel endroit. Les équipes sont vraiment disséminées. ‘ Symantec se développe en Chine et en Inde, qui représentent à la fois des viviers de développeurs et des marchés où le besoin en produits de sécurité augmente en même temps que la popularité d’Internet.
La culture Google parle toutes les langues Rival de Microsoft dans le monde des moteurs de recherche et des logiciels bureautiques en ligne, Google quitte aussi ses centres traditionnels de Mountain View et de New York pour se rapprocher de ses utilisateurs qui, en grande majorité, ne sont pas américains. C’est ainsi que Google a ouvert douze centres de recherche et de développement dans la zone Europe et Moyen-Orient. Citons Haïfa et Tel Aviv en Israël, Moscou et Saint-Pétersbourg en Russie, Munich en Allemagne ou encore le tout dernier centre de Zurich en Suisse, qui est présenté comme la plus grosse concentration d’ingénieurs travaillant pour Google, juste derrière le fameux Googleplex de Mountain View, en Californie. C’est dans ces centres que Google invente le futur d’Internet. Pour l’instant, les rumeurs d’un centre de recherche Google en France ne sont toujours pas matérialisées. Cependant Google ne néglige pas l’Asie avec des ingénieurs à Sydney en Australie (Savez-vous ce que sont les ‘ Googlers ‘ ?, les employés australiens de Google, qui ont développé Google Maps, le service de géolocalisation si populaire sur le site). En Chine, la compagnie recrute pour ces bureaux à Guangzhou, Hong Kong et Shanghai. En Inde, elle est présente à Bangalore et à Hyderabad. Partout où Google s’installe, il amène sa culture si particulière et qui attire de nombreux candidats : repas gratuits, jeux à volonté, ambiance décontractée, mais intense.
Ubisoft travaille avec de nombreux studios sur quatre continents La pénurie de talents est un problème dont Christine Burgess-Quémard, directeur général en charge de la production internationale chez Ubisoft, éditeur français, est très consciente. Elle a vu le Québec se transformer en centre international du jeu vidéo. ‘ Au moment de l’ouverture de notre studio montréalais, il y a une dizaine d’années, il y avait moins de dix studios installés dans tout le Québec, se souvient-elle. Aujourd’hui, on en trouve plus d’une cinquantaine et l’industrie emploie 5 000 personnes. Et pourtant, on manque de main-d’?”uvre ! ‘ Pour résumer les nombreuses activités d’Ubisoft dans le monde, on peut dire que l’éditeur français compte 18 studios répartis dans 12 pays et sur 4 continents. En France, ses équipes de développement sont basées à Montreuil-sous-Bois près de Paris, Montpellier et Annecy. A l’étranger, les principaux studios se trouvent en Roumanie, au Canada et en Chine. D’autres se situent en Italie, au Maroc et en Espagne. Les dernières implantations ont eu lieu en Bulgarie, au Royaume-Uni, en Ukraine et à Singapour. Outre ses propres studios, Ubisoft confie le développement de certains jeux à des studios indépendants comme Gearbox Software aux Etats-Unis, Free Radical au Royaume-Uni ou Maddox Games en Russie.
Mindscape noue des partenariats de Lyon à la Thaïlande En plein boom depuis l’arrivée de la DS et de la Wii, le secteur du jeu vidéo a du mal à recruter. Prenons l’exemple de Mindscape, éditeur français de la série des Adi et de C’est pas sorcier. Depuis des années, il confie le développement de ses jeux à des studios en France et à l’étranger. ‘ Nous travaillons avec des studios français à Paris, Lyon et Bordeaux, car on partage la même culture et c’est important pour certains de nos titres ‘ , explique Vincent Lévy, directeur de production chez Mindscape. L’éditeur travaille aussi avec des studios installés en Thaïlande, en Russie et au Canada. Début 2008, Mindscape acquiert le studio Kaolink basé à Rueil-Malmaison pour disposer de ses propres outils de développement, notamment sur DS et sur Wii. Avec 11 personnes, le studio est capable de mener le développement de deux titres en parallèle. ‘ C’est un vrai problème de trouver des studios compétents à qui il reste des disponibilités. De leur côté, ils ont des difficultés pour trouver des codeurs ‘ , explique Vincent Lévy.
Micro Application privilégie le développement français Chez l’éditeur français Micro Application, c’est plutôt l’heure du rapatriement du développement en France. D’abord tributaire d’un partenaire allemand, Micro Application a souhaité embaucher ses propres développeurs aux débuts des années 2000. Ils sont aujourd’hui sept à plancher sur les produits d’impression, de photo et de vidéo dans les bureaux de l’éditeur à Paris. ‘ Si c’est un produit pour lequel la langue et la culture françaises sont importantes, nous le développons en interne ‘ , explique Ayoub Abbasbhay, directeur éditorial chez l’éditeur. Dans le jargon de l’éditeur, ce sont des projets Phase 1 et ils représentent 40 % des produits à son catalogue. Mais il y a aussi les produits de Phase 2 et 3, soit respectivement 10 % et 50 % du catalogue de Micro Application. ‘ Dans les projets de Phase 2, nous travaillons main dans la main avec des codéveloppeurs comme dans le cas du logiciel d’architecture 3D Architecte, qui est développé en Angleterre, mais adapté au marché français par lun de nos développeurs ‘ , explique Ayoub Abbasbhay. Quant aux produits de Phase 3, ce sont des logiciels, souvent des jeux, dont Micro Application achète la licence pour les distribuer en France.
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