Diriger un ordinateur grâce au son de sa voix, déplacer un fichier à l’aide d’un gant ou s’adonner à son jeu préféré simplement avec les influx électriques de son cerveau… Les interfaces du futur ne permettront pas seulement de contrôler plus efficacement les ordinateurs, elles seront aussi la source de nouvelles sensations.
Les jours du clavier et de la souris sont comptés. En effet, bientôt, il suffira de lever le petit doigt ou de prononcer un ordre à voix haute pour que son ordinateur obéisse. Longtemps cantonnées au domaine de la science-fiction, de nouvelles générations d’interfaces sont sur le point de faire leur apparition dans notre vie. D’ici à une dizaine d’années, promettent les chercheurs, la souris, le clavier, voire l’écran, ne seront plus du tout d’actualité.
Une lignée d’interfaces
Apparues dès les années soixante, les interfaces que nous connaissons aujourd’hui s’organisent autour de trois composants clés : l’écran, le clavier et la souris. Même si ces éléments ont été déclinés sous toutes les formes possibles, le mode de communication avec le PC n’a globalement pas varié en quarante ans. Mais c’est sur le point de changer. Trois pistes sont actuellement suivies, correspondant à trois types d’interfaces. Les interfaces sensorielles, d’abord. Ici, c’est la machine qui va stimuler les sens de l’utilisateur à partir d’un scénario préétabli. Il s’agit, avant tout, de stimuler des sens généralement délaissés, comme l’odorat ou le toucher. C’est le cas, par exemple, des diffuseurs d’odeurs, commercialisés par Osmooze l’an dernier pour le lancement du portail olfactif Exhalia. Le Web odorant, en somme. Les interfaces motrices fonctionnent différemment : les informations traitées ne sont plus prédéfinies mais directement mesurées sur l’utilisateur. C’est lui qui envoie des informations vers la machine. Le gant de données (dont le premier exemplaire, le DataGlove de VLP, date tout de même de 1987) permet ainsi d’animer une main virtuelle à l’écran en codant numériquement la flexion de chaque doigt et sa position dans l’espace. Les interfaces sensorimotrices constituent la dernière grande famille d’interfaces. Interactives, elles instaurent une communication à double sens entre l’homme et la machine. D’un côté, l’ordinateur capture les mouvements de l’utilisateur, de l’autre, il lui envoie une force ou une information tactile en réaction à ses gestes.
Les cinq sens en action
Pour l’instant cloisonnés, ces différents types d’interfaces ont, naturellement, vocation à se rencontrer. Pour remplacer efficacement et définitivement la souris ou le clavier, personne n’imagine se cantonner à une seule de ces familles. L’enjeu est, notamment, de proposer des dispositifs capables de faire cohabiter les cinq sens. Certaines expérimentations dans ce domaine commencent à être rendues publiques. En septembre, le Centre Georges-Pompidou à Paris a inauguré une ‘ plate-forme haptique d’application sonore pour l’éveil musical ‘, baptisée Phase. Présentée jusqu’au 5 janvier 2005 dans le cadre de l’exposition Ecoute, cette installation propose aux visiteurs de manipuler les sons via un jeu musical, où la vue, l’ouïe et le toucher dialoguent de concert. Quant à l’odorat et au goût, il faudra encore patienter avant de les informatiser. Si l’on parvient à créer des diffuseurs d’odeurs directionnels de plus en plus performants, le problème de la création des fragrances est loin d’être résolu. Car à la différence des couleurs, il n’existe pas encore de senteurs primaires. Côté goût, les mêmes difficultés apparaissent.Ainsi, en juillet 2003, au Japon, le professeur Hiroo Iwata et son équipe ont présenté le premier simulateur de goût qui, en plus de résister à la pression de la mâchoire, dissipe un mélange de plusieurs produits chimiques en bouche afin de stimuler nos papilles. De quoi mettre la recherche en appétit !