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Objectifs, focales et capteurs : qu’est-ce que ‘ l’équivalent 24 x 36 ‘ ?

Pourquoi dit-on, lorsqu’ils sont montés sur des reflex numériques, que les objectifs ont une focale plus longue ? À quoi correspond le fameux ‘ équivalent 24 x 36 ‘ que l’on peut lire sur les fiches techniques ? Nous vous invitons à un petit voyage au c?”ur du rapport entre focale et capteur.

Le petit compact Canon A430, testé dans ce numéro, p. 30, est équipé d’un zoom qui couvre les focales 5,4 à 21,6 mm, ce qui correspond en ‘ équivalent 24 x 36 ‘ à un 39 ?”156 mm. Drôle d’unité ‘ l’équivalent 24 x 36 ‘ ! À quoi correspond-elle donc ? Elle est d’autant plus étonnante pour un amateur venu à la photo avec le numérique, que le 24 x 36 est le format des bobines de films . On peut donc légitimement trouver curieuse cette référence sempiternelle au 24 x 36 argentique dans un univers qui est 100 % numérique.En pratique, la référence au 24 x 36 (et donc au film) s’explique par la diversité des tailles de capteurs. Cette diversité ne permet pas d’avoir une référence unique pour connaître à l’avance l’effet d’un objectif à une focale donnée. En clair, elle ne permet pas de savoir sur un objectif de 35 mm, par exemple, s’il est un grand-angle ou un téléobjectif !Pour comprendre ce phénomène, il nous faut revenir au rapport entre un objectif et une surface sensible (qu’il s’agisse d’un capteur ou d’un film, le principe est le même). La distance focale d’un objectif détermine le grossissement (ou la diminution) du sujet que l’on vise. Au travers d’un objectif grand-angle, les sujets sont plus petits que lorsqu’on les regarde à l’?”il nu. À l’inverse, au téléobjectif, les sujets sont grossis. La focale qui donne le même rendu que lorsqu’on regarde à l’?”il nu est dite ‘ focale standard ‘.L’angle de champ couvert par un objectif est toujours lié à sa focale.

La formation de l’image sur le capteur

Un objectif produit une image ronde. Cela peut paraître étonnant puisque, dans notre univers, toutes les images sont soit carrées, soit rectangulaires, mais l’objectif produit bel et bien une image ronde, ce qui est normal puisque ses lentilles sont rondes.Un appareil photo fonctionne comme un projecteur de diapos à l’envers. Au lieu d’être projetée vers l’extérieur sur l’écran, comme dans le cas du projecteur de diapos, l’image formée par l’objectif est projetée à l’intérieur de l’appareil sur la surface sensible (le capteur, en l’occurrence, avec un appareil numérique). L’image projetée (qui est, rappelons-le, ronde…) est plus large que le capteur. Ce capteur ne découpe qu’une image rectangulaire à l’intérieur du cercle image formé par l’objectif.Imaginons maintenant un appareil dont on pourrait changer le capteur pour y adapter des capteurs de tailles différentes (cela n’existe pas…). Imaginons également que l’on photographie par exemple un paysage avec, au centre, une maison. On place dans l’appareil un capteur de taille suffisante pour s’inscrire pile dans le cercle que forme l’objectif. On aura une image rectangulaire maximale. Changeons maintenant ce capteur pour un modèle de très petite taille. L’image formée par l’objectif n’a pas changé : à l’intérieur de l’appareil, l’objectif forme toujours la même image de notre paysage, mais le capteur, plus petit, va en découper une partie plus petite, en l’occurrence la maison située au centre.À partir de la même image formée par le même objectif, nous obtiendrons donc deux fichiers très différents. Sur la photo produite par le plus grand de nos deux capteurs, figure le paysage ; dans celle produite par le capteur de petite taille ne figure que la maison. Si on imprime les deux photos à la même taille, on obtiendra donc une photo avec un angle de champ important (celle qui a été faite avec le plus grand des capteurs), et une autre qui donnera l’impression d’avoir été prise au téléobjectif (celle qui a été prise avec le petit capteur).

Comprendre le ‘ facteur de conversion ‘

Le fait que l’image capturée est, à objectif identique, liée à la surface du capteur explique le phénomène qui survient lorsque l’on monte un objectif sur un reflex à films, puis sur un reflex numérique. Le capteur des reflex est plus petit que la taille d’un film. Le film mesure 24 x 36 mm alors que les principaux capteurs de reflex mesurent 25,1 x 16,7 mm. Résultat : ils découpent une partie plus faible du cercle image formé par l’objectif.Le résultat donne un angle de champ plus petit et, à taille de photo imprimée égale, une fois monté sur un reflex numérique, un objectif est ‘ moins grand-angle ‘ que ce qu’il donnait sur un reflex à film. C’est de là que vient le fameux ‘ facteur de conversion ‘ qui est de 1,5 pour les reflex numériques grand public (avec des variantes : 1,6 pour les petits Canon et 1,3 pour les EOS 1D). Lorsqu’on monte un objectif sur un de ces reflex, l’image obtenue correspond à ce que l’on aurait eu avec un reflex à film équipé d’une focale 1,5 fois plus grande.Concrètement, pour avoir sur un reflex Nikon D70 le même angle de champ que ce que donne un 28 mm sur un reflex à film, il faut utiliser un objectif de 17 mm.Ce qu’il faut retenir pour bien comprendre ce qui se passe, c’est que la focale ne change pas : elle n’est pas liée à l’appareil et relève d’une caractéristique physique de l’objectif. Un objectif de 28 mm de focale monté sur un D70 ne ‘ devient ‘ pas par quelque magie subite un 42 mm (28 mm x par le coefficient de conversion, 1,5). En revanche, ce 28 mm monté sur le D70 a le même angle de champ (et donc le même grossissement) qu’aurait eu un 42 mm monté sur un appareil à film.

Le 24 x 36 comme base de comparaison

Comme nous venons de le voir, l’angle de champ (en pratique, le fait qu’un objectif soit un grand-angle ou un téléobjectif) est dépendant de la focale, mais surtout de la taille du capteur. À l’époque du film, les choses étaient simples, puisque la taille du film était fixe (24 x 36 mm pour le petit format, 6 x 6 cm, 6 x 4,5 cm, 6 x 7 cm, etc., pour les moyens formats). Il était donc possible de savoir à l’avance quel type d’image donne un objectif d’une focale donnée. En pratique, 50 mm est la focale ‘ standard ‘ qui donne la même perspective que la visée à l’?”il nu ; en dessous de 50 mm, on avait les grands-angles, au-dessus, les téléobjectifs. Un 35 mm est un grand-angle très léger, un 28 mm commence à avoir un angle de champ très large et à partir de 24 mm et moins, on entre dans la zone des très grands-angles. À l’inverse, entre 50 et 100, on obtient de petits téléobjectifs (objectifs de choix des portraitistes) ; entre 135 et 200 mm des téléobjectifs modérés tous usages ; entre 200 et 400 mm des téléobjectifs à fort grossissement (favoris des photographes de sport et de mode) et, au-delà, des téléobjectifs à très fort grossissement utilisés par les amoureux de photo animalière.Les mêmes points de repères existent pour les moyens formats pour qui la focale ‘ standard ‘ est 80 mm (pour les 6 x 6).Avec le numérique, tout change puisque les tailles de capteurs sont très variables . Un 28 mm correspond à une focale standard sur un Nikon D70, mais c’est un petit téléobjectif sur un Olympus E-330 et si on pouvait le monter sur un compact Canon A430, qui possède un capteur de 4,80 x 3,60 mm, il deviendrait un long téléobjectif. Pour disposer d’un point de repère qui permette d’avoir une idée précise de l’effet d’un objectif sur un boîtier donné, on utilise donc le fameux ‘ équivalent 24 x 36 ‘. Lorsque l’on dit qu’un zoom est un 28-90 en ‘ équivalent 24 x 36 ‘, cela revient donc à dire que ‘ pour obtenir le même angle de champ sur un appareil utilisant un film de 24 x 36 mm, il faudrait utiliser un zoom 28 x 90 mm ‘.

L’arithmétique au service de la focale

Concrètement, sur le compact Canon A430, notre 28 mm donnerait, en équivalent 24 x 36, un 201 mm. Comment peut-on le savoir ? C’est simple, il faut juste une calculette et un doigt de mémoire. Le ‘ coefficient de conversion ‘ à utiliser pour comparer une taille de capteur à la dimension 24 x 36 mm est le rapport des deux diagonales. Pourquoi avons-nous dit ‘ un doigt de mémoire ‘ ? Souvenez-vous, pour calculer la diagonale d’un triangle rectangle, on applique la vieille règle qui veut que le carré de l’hypoténuse soit égal à la somme des carrés des deux autres côtés, ce qui nous donne pour le 24 x 36 : 1 872 dont la racine carrée est 43,26. La diagonale de notre 24 x 36 est donc de 43,26 mm. Le Canon A430 a un capteur de 4,80 x 3,60 mm. En appliquant la même formule, cela nous donne une diagonale de 6 mm. La diagonale du 24 x 36 est donc 7,2 fois plus longue que celle du capteur de notre petit Canon, le coefficient de conversion est donc de 7,2. Sur ce Canon, un 28 mm donnera donc l’effet d’un 28 x 7,2 = 201 mm.

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Luc Saint-Élie