Directeur artistique des Rencontres photographiques d’Arles 2006, le grand photographe et vidéaste Raymond Depardon a secoué le cocotier en exposant essentiellement des Américains adeptes d’images excluant ‘ tout signe pittoresque, exotique et nostalgique ‘. Et surtout en déclarant : ‘ La géométrie par faite de Cartier-Bresson et le sentimentalisme de Doisneau ne m’intéressent pas. ‘* Il fallait oser, surtout au moment où la photo entre de plain-pied dans le marché de l’art, comme en témoignent les prix exorbitants de certains tirages ‘ historiques ‘ dans les ventes aux enchères, ainsi que la prolifération des expositions et des galeries. Mais peut-être était-ce justement le moment. Car plus nous voyons de photos, plus nous connaissons de photographes, plus nous sommes capables d’entendre que la photographie ne se réduit pas à quelques maîtres célèbres – aussi talentueux soient-ils – qui ont forgé, mais aussi figé depuis des dizaines d’années nos canons esthétiques en matière de photo.C’est d’autant plus nécessaire qu’on ne peut réduire la photographie à un art esthétique. Même si, dans ce magazine, nous nous efforçons chaque mois de vous donner des conseils pour mieux utiliser votre appareil, mieux cadrer, utiliser les lumières, retoucher vos clichés sur ordinateur, nous savons tous qu’une photo réussie, une ‘ bonne ‘ photo, n’est pas forcément une ‘ belle ‘ photo ; mais quelle est toujours une image qui dit quelque chose. Même – surtout ? – une photo de famille ou un souvenir de vacances. Tous les jours, vous êtes des millions à réussir de bonnes et parfois de très bonnes photos… qui ne seront jamais vendues des millions !* Le Monde, 13 juillet 2006
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