La société
Napster va sponsoriser vingt-quatre concerts gratuits du groupe de rock américain Limp Bizkit. Cette tournée estivale est prévue dans dix villes américaines dont Boston, New York et San Francisco. Le
soutien déclaré des musiciens de
Limp Bizkit et, plus récemment, du groupe de rock Offspring au logiciel d’échange de fichiers musicaux sur Internet est le dernier rebondissement d’une saga judiciaire opposant les
tenants d’un Internet libertaire et des artistes défendant leurs droits d’auteur.L’
affaire a débuté en décembre dernier lorsque la
RIAA (Recording Industry Association of America) a déposé une plainte contre la société Napster. Le groupe de hard-rock américain Metallica, suivi par le chanteur de rap Dr Dree, s’est engagé lui aussi
dans une procédure judiciaire contre Napster.Lors de cette bataille judiciaire, Metallica s’est révélé être l’adversaire le plus virulent de Napster. Le groupe a même menacé de poursuivre plusieurs universités américaines permettant à leurs étudiants de s’échanger des fichiers
musicaux. Intimidation efficace : toutes ont empêché ou restreint l’accès aux serveurs de la société Napster par leurs réseaux.Artistes et lobby américain de l’industrie du disque condamnaient alors unanimement la société Napster, accusée de flouer les droits d’auteur et les droits de diffusion.
Le retour d’un Internet libertaire
Le combat pour le respect des droits d’auteur et de diffusion entamé par la RIAA et Metallica est déjà perdu. D’autres logiciels plus efficaces et plus récents que Napster ont fait leur apparition ces derniers mois. Des applications
comme
Gnutella,
Freenet,
iMesh et
CuteMx, par exemple, permettent d’échanger n’importe quel format de fichier multimédia. A terme, l’ensemble des contenus multimédias du Web circuleront gratuitement entre les internautes, et le fait
d’intenter tous les procès possibles et imaginables n’y changera rien.Ces nouveaux outils d’échange de fichiers annoncent le retour en force d’un Internet libertaire. Fruits, pour la plupart, de développeurs indépendants ou de la communauté des programmeurs de logiciels libres, ils se veulent une réponse
à l’invasion des sociétés commerciales sur la Toile.Ils soulèvent également d’épineuses questions : peut-on faire payer aux internautes les contenus (écrits, images, sons, vidéos) diffusés sur Internet ? Et comment l’industrie du disque peut-elle résister au choc de la révolution
numérique ?
De nouveaux services à inventer
En effet, le format numérique bouleverse le mode de production et de diffusion des ?”uvres musicales. Au temps du vinyl, les artistes devaient faire appel aux producteurs pour enregistrer leurs titres, les distributeurs s’occupaient
de les vendre aux clients et ceux-ci devaient acheter un disque pour chaque morceau. A l’ère numérique, l’artiste peut créer ses ?”uvres à domicile, les commercialiser et les diffuser sur Internet. Et le ralliement des groupes Limp Bizkit et
Offspring à la cause de Napster montre que les artistes sont plus divisés qu’il n’y paraît face à la diffusion sauvage de leurs ?”uvres sur Internet. Offspring a même affiché sur
son site son soutien à ce qu’il considère comme un “formidable outil marketing” et annonce la prochaine disponibilité de certaines chansons au format MP3 sur le
site. Les mélomanes sont libres de les réenregistrer et de se les transmettre gratuitement. C’est tout le modèle économique de l’industrie du disque qui se trouve malmené.Très clairement, ni la RIAA ni la justice ne peuvent empêcher les échanges de données en ligne. Les industriels du multimédia devront trouver d’autres types de services pour se rémunérer sur Internet. De ce point de vue, le modèle
économique des sociétés Linux apparaît comme pionnier : ces entreprises ne gagnent pas d’argent grâce à Linux lui-même, mais grâce aux services qu’elles fournissent autour du système d’exploitation. Les grands groupes multimédias devraient s’en
inspirer plutôt que de s’engager dans une bataille perdue davance.
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