Le spectacle est fascinant. Les sons mécaniques de l’imposante machine automatique orchestrent le ballet des galettes de plastique. Chaque minute, dix Blu-ray sont fabriqués. Chaque minute, la moitié d’entre eux finissent à la poubelle.‘ Cette ligne fonctionne depuis six mois, explique Xavier Le Pleu, responsable marketing de QOL, un ‘ presseur ‘ français. Nous ne maîtrisons pas encore totalement le processus. Nos exigences de qualité nous obligent à rejeter la moitié des disques. Nous sommes loin de maîtriser la production des Blu-ray comme nous maîtrisons celle des DVD. Les chaînes DVD rejettent seulement 3 % de déchets. ‘ Il faut dire que les procédés de fabrication sont très différents. Pour fabriquer un DVD, on colle deux galettes de 0,6 mm d’épaisseur. Pour un Blu-ray, on part d’une galette de 1,1 mm sur laquelle on dépose plusieurs couches ultrafines.En Europe, les machines de fabrication de disques Blu-ray demeurent rares. Et les presseurs tentés rencontrent les mêmes difficultés que QOL.
Une multitude de réglages
Ici, un technicien veille en permanence. Depuis son PC de contrôle, il jongle avec plus de cent paramètres pour réduire le taux de déchets. ‘ Je gère la vitesse des centrifugeuses, le débit des injecteurs de résine, la température des lampes de chauffage, leurs déplacements ; je surveille le degré d’hygrométrie de la machine, sa température. Une variation de deux degrés et les ennuis commencent. On a dû installer une climatisation et un compresseur à air de meilleure qualité. Je suis loin d’avoir testé toutes les combinaisons de réglages possibles. Pour tout comprendre, tout maîtriser, il me faudra quelques années encore ! ‘Dans un coin de l’usine, une machine semble dormir. C’est une presse à HD-DVD, le format concurrent du Blu-ray, officiellement abandonné par Toshiba en 2008. Depuis, l’industrie du cinéma voit dans le Blu-ray le successeur du DVD. Sa qualité vidéo est sans concurrence, supérieure pour l’instant à celle offerte par les deux canaux de diffusion de vidéo haute définition, la TNT HD et la VoD HD.Pourtant, la partie n’est pas gagnée. Un Blu-ray coûte un peu moins de 2 euros à fabriquer, contre seulement 30 centimes pour un DVD. Le prix des lecteurs comme celui des films reste élevé. Autant de raisons qui expliquent le manque de notoriété du nouveau format. Pour le moment, l’usine QOL sort quelques centaines de milliers de Blu-ray par an. Contre cinquante millions de DVD1 Ces grains sont composés d’un plastique très pur et très transparent : le polycarbonate, matériau de base du disque Blu-ray.2 Le c?”ur de la machine, c’est la presse. Côté droit, des grains de polycarbonate sont chauffés à 350?’ C. Côté gauche, le ‘ master ‘ est bien calé. Il s’agit du disque original qui va servir à créer les copies, une sorte de négatif du disque final. La presse écrase la pâte de plastique bouillant. Ça y est ! La surface du disque contient désormais l’empreinte binaire du film. Elle est recouverte d’une microscopique pellicule d’argent qui sert à réfléchir la lumière du laser du lecteur Blu-ray.3 De la résine liquide est versée sur le disque. Façon centrifugeuse, le disque tourne pour se débarrasser des épaisseurs en trop. Dans le même temps, une lampe à UV commence à sécher la surface du disque. Objectif : atteindre l’épaisseur précise de 0,1 mm quand le disque sera sec. Comme la périphérie du disque chasse la résine plus lentement que le centre, la lampe à UV chauffe graduellement le disque. Elle chauffe plus fortement le centre que la périphérie de façon à ce qu’il sèche plus vite et cesse d’évacuer la résine, pendant que la périphérie, encore humide, continue de s’affiner.4 L’empreinte du disque Blu-ray est très proche de sa surface, beaucoup plus que sur un DVD. Pour la préserver des agressions extérieures, on recouvre le disque d’une couche de protection ultrarésistante, le Hard Coating. Un bombardement d’électrons métallise ensuite le dos du Blu-ray. Le disque en lui-même est terminé !5 Le disque est contrôlé à plusieurs étapes de sa fabrication. Un scanner vérifie l’uniformité du dépôt d’argent, un spectromètre contrôle l’épaisseur de la couche de résine, un deuxième scanner traque les poussières et les défauts de lissage. Tous les 500 disques, un Blu-ray est prélevé pour analyse. Un lecteur extrêmement précis vérifie le taux d’erreurs et la bonne réflexivité du disque.6 Pour imprimer la surface du disque, on applique jusquà quatre couleurs par couches successives.7 Une dernière machine empaquette les disques Blu-ray dans leur coffret et le ferme. Direction les rayons des magasins.
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