Dans l’histoire de la musique, il y a eu un avant et un après Napster. Pas seulement parce que ce logiciel a permis à des millions d’internautes de pirater des albums complets. Mais surtout parce que, depuis Napster, une grande
part du patrimoine musical mondial a été convertie en fichiers informatiques et circule aujourd’hui sur des réseaux peer-to-peer comme KaZaA ou Gnutella. Les maisons de disques ont suivi la tendance, lentement. Elles numérisent leurs catalogues pour
offrir leurs propres services de musique en ligne sur abonnement.
Accéder à sa discothèque virtuelle de n’importe où
Un vaste mouvement de dématérialisation est engagé, qui a déjà abouti à la constitution d’une gigantesque discothèque numérique. Mais vous n’avez encore rien vu. Ce juke-box planétaire autorisera, demain, le développement de
services différents de ceux que nous utilisons aujourd’hui. Ecoute de chansons à la demande, radio interactive, compilation personnalisée, échange de fichiers musicaux entre particuliers… autant d’usages qui préfigurent la manière dont nous
consommerons la musique. Une musique devenue accessible à tout moment et de n’importe où, sous différentes formes et avec les appareils les plus divers, de l’autoradio à l’ordinateur en passant par la chaîne hi-fi, le téléviseur ou, encore, le
téléphone mobile. ‘ On pourra accéder à sa discothèque virtuelle de n’importe où, de sa chambre d’hôtel à Copenhague ou de son lieu de vacances, qu’il s’agisse de musique stockée sur son disque dur ou sur d’autres supports
‘, prédit Stanislas Hintzy, le directeur général de la filiale française d’On Demand Distribution (OD2). Fondée par le chanteur anglais Peter Gabriel en mai 2000, OD2 se charge de négocier des contrats de distribution électronique
(pour le streaming, le téléchargement, la gravure) avec les labels et les maisons de disques. La société dispose aujourd’hui d’un catalogue numérique comptant quelque 150 000 titres qui alimente les services de musique sur abonnement proposés par de
nombreux portails Internet grand public en Europe, dont Wanadoo, Tiscali,
Fnac.com et Alapage en France.
Etre prévenu par SMS des dates et lieux des concerts
A partir du moment où il sera possible d’accéder à ses chansons préférées de n’importe où, de nouveaux services pourront apparaître. ‘ Il y aura en effet tout un ensemble de services à valeur ajoutée : être
prévenu des nouvelles sorties dans des styles grand public ou confidentiels, recevoir des alertes par courriers électroniques ou SMS sur les concerts dans sa région, les nouveautés, etc. ‘, poursuit Stanislas Hintzy. Selon lui, la
dématérialisation et les systèmes de gestion des droits numériques (DRM, Digital Right Management), développés pour mettre en place un mode de rétribution automatique des ayants droit (auteurs, compositeurs, éditeurs,
producteurs, interprètes), vont offrir une grande flexibilité et démultiplier les modes et les possibilités d’écouter de la musique. ‘ Télécharger un titre, le graver, découvrir d’autres chansons et d’autres artistes, retrouver
d’anciens albums oubliés, puis acheter un CD ou une compilation d’un clic de souris, cela devient peu à peu possible ‘, résume Stanislas Hintzy. Le fan pourra également être guidé dans son écoute grâce aux technologies de
personnalisation. Les services de radio interactive sur Internet, tels Launchcast (racheté par Yahoo en juin 2002) ou Musicmatch aux Etats-Unis, sont les plus avancés dans ce domaine et les plus plébiscités par les internautes. Lors de l’inscription
à son service, Launchcast propose à l’auditeur de personnaliser sa radio en ligne en sélectionnant des artistes. Au moment de l’écoute, l’internaute peut alors attribuer une note aux chansons, aux albums, aux artistes, et faire évoluer la
programmation de sa radio. ‘ C’est ce qu’on appelle la personnalisation active, mais ce que nous savons des habitudes d’écoute autorise aussi des rapprochements de profils. Chez nous, par exemple, 40 % des abonnés écoutent Norah
Jones et 10 % de ceux-là, Escobar. Il est possible de proposer à ces derniers l’écoute d’une playlist de dix titres d’artistes appréciés par ceux qui aiment à la fois Norah Jones et Escobar. C’est ce qu’on appelle la personnalisation passive
‘, explique Stanislas Hintzy. Pour l’heure, le seul moyen d’expérimenter ces nouveaux services est de se connecter au Net avec son PC et, parfois, de payer entre 5 et 10 euros (entre 33 et 66 F) par mois.
But des industriels : endiguer le peer-to-peer
Nous sommes à l’aube de ce qui se profile en matière de moyens d’accès. Les services se multiplieront au fur et à mesure que les appareils, nomades ou de salon, s’affranchiront du micro-ordinateur. Deux autres tendances seront
également déterminantes. La pénétration du haut débit, le magnétoscope et les décodeurs numériques, les réseaux domestiques sans fil et la téléphonie mobile de troisième génération, d’une part ; le développement d’une offre de services et de
contenus musicaux plus importante et facturée au juste prix, d’autre part. C’est à cette condition seulement que les acteurs de l’industrie musicale parviendront à concurrencer les réseaux parallèles d’échange qui se sont développés sur Internet.
Car ils sont devenus une réalité incontournable, en même temps qu’un nouveau moyen pour les artistes de toucher leur public.
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