Lancé fin août aux Etats-Unis, Yahoo! Music Unlimited permet d’écouter et de télécharger à volonté 1 million de chansons contre un abonnement mensuel.
‘ Aujourd’hui, vous payez un forfait mensuel pour regarder la télévision par satellite, pour louer des films dans un vidéo-club et même pour téléphoner sans limite de temps. Demain, vous paierez un abonnement pour écouter toute la musique que vous souhaitez ‘, prophétise Nicolas Glibert, chef de produit de Yahoo! Music en France. C’est ce que permet déjà le service Yahoo! Music Unlimited, lancé le 28 août dernier aux Etats-Unis.Le principe : après avoir installé le logiciel Yahoo! Music Unlimited sur son PC, l’internaute peut télécharger et écouter l’ensemble des titres de la discothèque de Yahoo!, soit 1 million de chansons. Le tarif ? Quelque 5 $ (soit près de 5 euros) par mois pour un engagement d’un an, ou 6 euros sans engagement. Mais, il y a évidemment une restriction : les fichiers téléchargés contiennent une protection (la fameuse ‘ DRM ‘, pour Digital Rights Management), qui empêche de les écouter dès lors qu’on ne paie plus l’abonnement. Les fichiers ne sont pas effacés du disque dur, ils sont simplement inexploitables ; en payant à nouveau l’abonnement, ils redeviennent utilisables. Inutile, donc, de s’abonner pour un seul mois et de télécharger l’ensemble de la bibliothèque de Yahoo! puis de résilier.En revanche, les chansons peuvent être transférées sur un baladeur numérique compatible ?” tous les appareils ne le sont pas, voir ‘ Le chemin de croix de l’acheteur honnête ‘ ci-après ?” qui devra être connecté au PC au moins une fois par mois pour mettre à jour les droits d’utilisation des chansons. Et, pour éviter le piratage et la conservation, les titres loués ne peuvent pas être gravés sur CD.
Du statut de propriétaire à celui de locataire…
Yahoo! est le troisième service de musique en ligne, après Napster et Real, à proposer aux Etats-Unis un mode de diffusion de la musique par abonnement. Une formule qui tranche avec la notion de propriété, héritée des supports d’enregistrement physiques (vinyle, cassette, CD-audio, etc.) avec laquelle l’on achetait un objet dont on devenait ‘ propriétaire ‘. Avec Yahoo! Music Unlimited, on devient ‘ locataire ‘. A chacun ensuite de faire son calcul : avec 1000 euros, on est en mesure d’acheter une centaine d’albums… ou de louer un million de titres (et plus demain) pendant plus de 15 ans. Mais, nous l’avons testé, le service se révèle surtout pratique pour découvrir des artistes dont on n’aurait jamais acheté les morceaux et pour animer des soirées.Pour l’instant, Yahoo! Music Unlimited est utilisable uniquement aux Etats-Unis ?” même si des petits malins ont trouvé le moyen d’y accéder depuis la France… Mais la filiale française du portail confirme qu’elle travaille au lancement du système dans l’Hexagone. Pour cela, elle a commencé par ouvrir, avant l’été, un service de radio en ligne personnalisable. Yahoo! ne devrait pas être le seul à proposer un abonnement illimité en France. Virgin Mega, premier site de vente en ligne en France devant l’iTunes Music Store d’Apple, y travaille aussi. ‘ Notre catalogue va passer de 700 000 à 1 million de titres et nous serons prêts dès que les conditions économiques permettant le développement d’une offre de location seront là ‘, explique Pierre Ortal, directeur général adjoint de Virgin Mega.Car, même s’ils préfèrent ne pas en parler, Yahoo! et Virgin Mega négocient âprement avec les maisons de disques pour obtenir les droits nécessaires. Aux Etats-Unis, les accords entre les majors et les plates-formes de location sont simples : à la fin de chaque mois, le chiffre d’affaires généré par les abonnements est réparti entre les artistes en fonction de leur audience (plus une chanson est écoutée, plus la rémunération de son interprète est importante).En France, les maisons de disques exigent le paiement d’une somme fixe, même si l’artiste n’est pas écouté et quelles que soient les recettes perçues par les services de vente en ligne. Et, depuis le début du mois de juillet, la situation est devenue encore plus floue avec le dépôt de la proposition de loi du député Alain Suguenot ?” soutenue par l’UFC-Que Choisir ?” qui voudrait légaliser les échanges en peer-to-peer contre une ‘ redevance ‘ sur les abonnements Internet. Un ‘ droit à pirater ‘ en quelque sorte mais qui ne garantirait pas la qualité des fichiers téléchargés, pas plus que les services associés au téléchargement (personnalisation, recommandations, etc.)…