Son arrivée a créé un véritable buzz médiatique. L’Eee PC d’Asus, le premier miniportable accessible à moins de 300 euros, a fait l’effet d’une bombe dans l’univers de la micro dès sa sortie en France en décembre 2007. Subjugués à l’époque, nous avions d’ailleurs été les premiers à publier des tests de ce produit (l’Oi n?’ 200). Depuis, l’engouement ne faiblit pas, chiffres à l’appui. Le fabricant taïwanais annonce une progression annuelle de ses ventes de 338 % ; en France, les trois quarts de son chiffre d’affaires sont réalisés avec l’Eee PC.Le segment des miniportables (appelés aussi netbooks) représente déjà 10,6 % des ventes d’ordinateurs portables au deuxième trimestre 2008, selon Gartner. L’institut prévoit un boom dans les années à venir (voir ci-contre). Des prévisions qui laissent pantois dès lors qu’on parle d’un PC de poche tout simple, ultracompact, léger (moins de 1 kg), à très bas prix, avec un écran entre 5 et 10 pouces, équipé d’un système d’exploitation complet. Avec 150000 Eee PC écoulés depuis son lancement, Asus peut se targuer d’avoir fait un vrai carton.‘ J’ai acheté mon Eee PC nu et je l’utilise comme PC d’appoint, en complément de mon ordinateur. Je me connecte en Wi-Fi chez moi ou aux hotspots gratuits en extérieur. C’est très pratique pour lire ou écrire mes mails ou surfer sur Internet ‘, témoigne Antoine, 30 ans, responsable d’une agence immobilière. Quant à Luc, enseignant, il s’en sert pour ses cours, ses examens, mais également pour un usage personnel : ‘ Facile à manier et à transporter, c’est un portable très pratique, à un prix défiant toute concurrence ‘. ‘ J’ai pu m’acheter un Eee PC car il n’est vraiment pas cher. C’est idéal pour prendre des notes et en plus, je peux l’emmener partout car il n’est pas encombrant ‘, confirme Rémi, étudiant. Les femmes sont elles aussi séduites par ces petites machines au design raffiné, pratiques et compactes. Chez Surcouf, elles représentent plus de la moitié de la clientèle. Yves Lagier, son président, a vu la demande exploser ces derniers mois : ‘ Avec son look branché, ses différentes teintes ?” le rose fait un tabac ?” sa maniabilité et son prix, l’Eee PC a séduit les femmes aussi bien que les jeunes actifs ou les ” geeks ” toujours à l’affût de la dernière technologie. ‘Destiné à l’origine aux étudiants, aux femmes actives et aux travailleurs mobiles, le miniportable d’Asus a parfaitement atteint son objectif. Baptisé Eee pour ‘ Easy to learn, easy to work, easy to play ‘ (facile d’apprendre, facile de travailler, facile de jouer), il a modifié les habitudes d’achat et a su toucher une nouvelle clientèle. Son concepteur a tablé sur deux atouts majeurs : le prix et la taille. Jamais un portable n’avait été si peu cher et si peu encombrant. À moins de 300 euros (199 euros avec l’abonnement SFR) et pesant à peine un kilo, l’Eee PC présente toutes les fonctions d’un portable classique, la puissance et le lecteur de DVD en moins. Les consommateurs s’emballent pour ce nouveau concept, les distributeurs se frottent les mains devant un tel succès et les fabricants s’engouffrent sur ce créneau porteur.Ce succès peut s’expliquer par différents facteurs ?” économique, conjoncturel, sociétal. Le ralentissement de l’économie associé à la baisse du pouvoir d’achat des ménages jouent un rôle déterminant dans les nouveaux réflexes de consommation. L’acheteur va au moins cher et cible ce qui correspond exactement à ses besoins.
De nouvelles habitudes
Viennent se greffer à cela les nouvelles habitudes de mobilité qui touchent une population jeune (étudiants, adolescents), professionnelle (commerciaux, cadres) et technophile. Le miniportable à bas prix est un objet que l’on peut acquérir sans se ruiner et utiliser partout. Il vient en complément d’un ordinateur (de bureau ou portable), en position de deuxième, voire de troisième PC. ‘ Dans notre société de multiéquipement, chacun veut posséder un ordinateur portable au même titre qu’un téléphone portable, note Cécile Brenier, responsable marketing chez Asus. Cela fait maintenant partie des objets d’usage courant et la connexion Internet est devenue quasiment obligatoire. ‘ Chez Surcouf, les clients plébiscitent de préférence les miniportables subventionnés, ‘ les abonnements 3G allant dans le sens de cet esprit d’hypermobilité ‘, analyse Yves Lagier. Les réseaux Wi-Fi accessibles dans les lieux publics ou à domicile permettent par ailleurs de surfer gratuitement et en toute liberté.Pour la concurrence, le coup a été rude. ‘ Tout le monde a été pris par surprise, reconnaît Frédéric Oster, responsable commercial chez MSI. Ces miniportables low cost conçus initialement pour les pays émergents ont révolutionné les marchés occidentaux. Asus a damé le pion à ses concurrents en lançant très tôt son Eee PC à processeur Intel Celeron. Il a peaufiné le concept en travaillant le design et la taille. Avec le résultat que l’on connaît. ‘ Sous l’impulsion donnée par Intel et sa nouvelle puce Atom, les fabricants ont franchi le pas. Le lancement du MSI Wind début juillet a confirmé la tendance : les ventes se sont envolées. MSI a misé sur de nouveaux atouts ?” gamme supérieure, écran 10”, grosse capacité. ‘ Nous visons une clientèle grand public avertie, jeune et mobile, qui a de nouveaux besoins ‘, souligne Frédéric Oster. Dans la foulée, les autres fabricants ont suivi ?” Acer, Dell, Airis, Medion ou encore Lenovo. Tous avec la même optique : prendre des parts d’un marché en pleine expansion. Avec le risque de le perturber. ‘ Les écarts de prix seront amenés à se réduire, l’offre devra prendre une nouvelle orientation, s’élargir, s’ajuster à la demande. Il ne s’agit pas de remplacer le portable classique, mais plutôt de proposer des produits additionnels ‘, analyse Frédéric Oster. Même son de cloche chez Asus qui propose une offre plus étendue à des prix toujours compétitifs, ‘ sur un segment dédié qui ne mettra pas en péril les autres gammes ‘.
Des réactions en chaîne
Côté éditeurs, l’inquiétude n’est pas d’actualité. ‘ Nous sommes sur un marché incrémentiel, celui du multi?” équipement. Le mini-PC est une opportunité intéressante, l’usage de l’ordinateur se simplifie. Les portables supplantent les ordinateurs fixes qui, à terme, seront amenés à disparaître. Les constructeurs diversifient leurs gammes dans ce sens et nous passons de nombreux accords avec eux ‘, déclare Guillaume Tourres, responsable relation presse chez Microsoft. L’éditeur souhaite se concentrer sur les usages plus que sur la technologie pour adapter son offre à la demande. ‘ Les utilisateurs de l’Eee PC optent le plus souvent pour Windows XP et les nouveaux modèles auront les caractéristiques suffisantes pour accueillir Windows Vista. ‘Les opérateurs mobiles ont saisi la balle au bond en proposant des matériels subventionnés en vue d’amoindrir le coût pour le client et ainsi promouvoir leur abonnement à l’Internet mobile haut débit (3G). SFR a pris l’avantage d’entrée de jeu avec l’Eee PC 701, vendu 100 euros de moins avec abonnement. 60 000 modèles ont ainsi été écoulés. Des concurrents sont entrés dans la mêlée, tels les magasins The Phone House qui proposent le miniportable Kira 740 d’Airis à 99 euros couplé à un abonnement à Bouygues Telecom ou Orange. Surcouf a suivi avec son PC by Surcouf à 299 euros lié à un engagement chez Orange (399 euros nu). Ce dernier a investi le terrain cet été en passant un accord avec Medion pour vendre l’Akoya Mini à 349 euros nu (249 euros subventionné). Si les abonnements restent chers à ce jour, la poussée des opérateurs sur le segment devrait accentuer l’écart avec les portables classiques.Le marché du miniportable n’en est qu’à ses prémices, mais son succès laisse augurer un futur prometteur. Les fabricants affûtent leur technologie pour développer ce segment et les consommateurs s’arrachent les nouveaux modèles. Cette déferlante risque de bousculer le marché de la micro en tirant les prix vers le bas. Avec pour conséquence un probable recul des gammes intermédiaires au profit de ce matériel très ciblé, lié à l’expansion de l’Internet mobile.
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