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Machine + animation + cinéma = machinima

La rencontre fortuite du cinéma, de l’animation et du jeu vidéo a donné naissance à un nouveau phénomène cinématographique : le machinima.

Silence, on tourne ! Fin septembre 2006, sur le serveur de test du jeu de rôle en ligne World of Warcraft, se déroulait le tournage d’un épisode du dessin animé South Park (pas encore diffusé en France), dont
plus de la moitié se passe directement dans le monde virtuel de World of Warcraft. Cette partie de l’épisode, réalisée dans l’univers du jeu vidéo et fondée sur un scénario très précis, est appelée un
‘ machinima ‘.Ce concept, très en vogue, se situe à la jonction de la machine (comprenez l’ordinateur) ?” capable de calculer des animations en 3D ?”, et du cinéma, avec son scénario, ses dialogues et sa post production (montage,
doublage, etc. ). En clair : l’action, interprétée par des joueurs selon une histoire pré-écrite, est d’abord capturée par une caméra, puis une phase de postproduction est mise en ?”uvre pour obtenir le film définitif. Pourquoi avoir choisi
les jeux ? Parce que, à la différence des films en images de synthèse traditionnels, qui supposent un savoir-faire en animation 3D, le jeu met à la disposition du metteur en scène en herbe un moteur d’animation immédiatement prêt à
l’emploi.

Un phénomène pas si récent

L’utilisation de l’ordinateur pour produire des saynètes vidéo n’est pas nouvelle : dans les années quatre-vingt, déjà, des bidouilleurs informatiques produisaient des‘ démos ‘,
sortes de petits films, plus proches du clip vidéo que du long-métrage, censées montrer leurs talents de programmeurs. Mais c’est l’évolution technologique des jeux qui est véritablement à l’origine de l’apparition de ce phénomène.En 1993, le jeu Doom, de Id Software, inclut une option pour le moins innovante : il devient possible d’enregistrer le déroulement des parties pour les revoir plus tard à loisir. Rapidement, les joueurs désireux de démontrer leur
vaillance et leur dextérité diffusent à grande échelle ce qu’ils appellent alors des frag movies (le frag étant, dans le jeu Doom, le fait de marquer un point en tuant un adversaire). Il n’y a pas encore
d’histoire à proprement parler, mais, souvent, un montage est effectué afin de rendre le film plus dynamique et de synchroniser la bande-son.Deux ans plus tard, un groupe de joueurs de Quake, baptisé The rangers, réalise Diary of a camper, le premier frag movie comportant un semblant de dialogue. Pour beaucoup, ce film est considéré comme le premier
machinima.

Une activité qui se démocratise

Rapidement, les joueurs s’engouffrent dans la brèche. Ils commencent à travailler d’arrache-pied au genre, et créent des logiciels qui permettent de simplifier le montage des parties enregistrées. Puis, les éditeurs eux-mêmes,
cherchant à prolonger la durée de vie de leurs jeux, se mettent à leur incorporer des outils pour créer ses propres décors et personnages en 3D. Ce qui permet aux apprentis machinimistes de contrôler encore mieux le décor et l’action. Un nouveau cap
est franchi en 2003 avec la diffusion par la chaîne MTV du premier vidéo-clip entièrement réalisé à l’aide du moteur graphique d’un jeu vidéo, en l’occurrence Quake 3 : il s’agit de In the Waiting Line, du groupe Zero 7, produit et réalisé par
Fountainhead Entertainment etTommy Palota.En 2005, la société Lion-head apporte sa contribution avec The Movies, un jeu qui propose de gérer un studio cinématographique dans lequel le joueur peut réaliser ses propres films, en quelques clics. Ce jeu est à l’origine de l’un
des plus grands succès du machinima : suite aux émeutes des banlieues, à l’automne, un jeune infographiste, Alex Chan, décide de l’utiliser pour donner sa vision des faits. Il réalise en quelques jours le film French
Democracy
et le diffuse sur le Net. Le succès est retentissant, avec de nombreuses citations dans la presse. Avec des jeux comme Les Sims 2 ouThe Movies, et grâce à des outils spécifiques, comme Machinimation, de Fountainhead
Entertainment, la création de machinimas s’est considérablement démocratisée.

Une explosion des réalisations

Le résultat ? Une débauche de productions, très inégales pour le moins, diffusées abondamment sur le Net ?” sur YouTube, entre autres. Comédie, drame, action, horreur… les genres recensés par le site de référence
Machinima.com
(voir l’encadré) correspondent de près aux genres classiques du cinéma. Le meilleur exemple ? Blood Spell, un film de la Strange Company,
réalisé à partir du jeu Neverwinter Nights, est diffusé sous forme d’épisodes de dix minutes. Avec une production prolifique, des spectateurs de plus en plus nombreux, des sites et webzines dédiés, et même des festivals, le phénomène est en passe
d’exploser. Au point que certains se risquent même à parler de révolution cinématographique

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La rédaction