Dans l’exemple de l’artisan au travail, j’ai mis l’accent sur la nécessité de se faire oublier pour que le sujet retrouve son comportement naturel.Pour illustrer cette démarche de reportage appliquée à un événement qui n’en est pas vraiment, je suis allé faire un petit sujet sur les camelots de la Foire de Paris.
Cherchez un sujet
Cet exemple illustre bien un des problèmes qui se posent lorsqu’on a ‘ envie de faire des photos ‘, mais rien de spécialement passionnant ou extraordinaire sous la main. Trouver un sujet, tourner autour, construire un ensemble d’images à partir de lui est la démarche centrale dans ce type de reportage. Cette manière de faire a en outre l’avantage de fournir une ossature à la séance de prise de vues, d’autant qu’un élément extérieur peut subitement attirer l’?”il du photographe.Comme il ne se passe pas grand-chose de passionnant dans un salon, j’ai cherché un petit sujet précis et je me suis arrêté sur les camelots qui vendent des crèmes magiques ou des détergents aux vertus miraculeuses à un public fasciné par leurs talents d’acteurs. Dans ce cas précis, je me suis concentré sur les camelots eux-mêmes, mais les visages des spectateurs et leurs expressions stupéfaites auraient pu constituer à eux-seuls un sujet tout à fait intéressant.
Osez !
Il est nécessaire de surmonter sa timidité parce que, dans ce genre de circonstances, il ne s’agit plus de se faire oublier mais plutôt de faire abstraction de la foule, pour se risquer à des cadrages impossibles qui, quelquefois, requièrent des positions aux limites du ridicule. Les reporters professionnels sont parfois des gens réservés dans le privé, mais vous n’en trouverez aucun qui le soit lorsqu’il a l’?”il rivé à son viseur.
Soyez prêt au bon moment
Comme nous l’avons vu lors de l’exemple de la photo sportive, un événement répond toujours à un rythme précis (pour faire chic, on parlera du célèbre ‘ instant décisif ‘ de Cartier-Bresson). Dans le cas de ces camelots, la séquence est toujours la même. Le marchand présente son produit à un public dubitatif et commence sa démonstration. L’attention du public monte et, lorsque la démonstration a atteint son point d’orgue, les spectateurs ont les yeux écarquillés. Ensuite, la tension redescend, la petite foule se disloque et est remplacée par une autre. J’ai décidé de me concentrer sur le moment le plus intense où le public est captivé par le camelot et où l’expression de ce dernier est à son paroxysme. Cela nécessite d’être en permanence aux aguets, prêt à saisir une mimique intéressante. Dans ce type de circonstance, le reportage requiert un état d’esprit proche de celui du chasseur.
Un peu de technique
L’utilisation du Raw, dans ce cas, est tout indiquée. Un salon est baigné par une infinité de sources lumineuses différentes, ce qui pose un double problème pour la balance des blancs. D’une part, votre appareil a de fortes probabilités de se tromper ; d’autre part, la balance des blancs parfaite n’est pas forcément celle qui conviendra le mieux à l’ambiance (en intérieur, un rendu un peu chaud est quelquefois plus agréable et plus naturel). Avec le Raw, ce problème disparaît (puisqu’on règle la balance des blancs après coup, sur l’ordinateur).
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