Dégroupage. Depuis quelque temps, ce mot fleurit sur toutes les publicités des offres ADSL des fournisseurs d’accès à Internet. Plus qu’un simple mot issu du jargon des télécommunications, il s’agit d’une évolution importante dans le paysage du téléphone et de l’Internet en France. Le dégroupage, ce n’est ni plus ni moins que la fin du monopole de France Télécom, qui avait conservé l’accès à la ‘ boucle locale ‘, c’est-à-dire la partie terminale du réseau téléphonique (entre votre prise et le central téléphonique). Jusqu’à fin 2000, seul l’opérateur historique pouvait exploiter ces fils (la ‘ paire de cuivre ‘). Il reste d’ailleurs le seul à pouvoir les tirer.Mais la dérégulation du secteur des télécommunications, accélérée par la Commission européenne, fait que désormais d’autres opérateurs peuvent accéder à l’abonné. Des fournisseurs proposent même des offres globales comprenant Internet, le téléphone et la télévision. Pour comprendre comment c’est possible et ce que cela signifie concrètement pour vous, rien de mieux qu’une petite séance de questions-réponses
Qu’est-ce que le dégroupage ?
Il s’agit de la possibilité offerte aux nouveaux opérateurs téléphoniques, par ailleurs fournisseurs d’accès à Internet, de disposer d’un accès direct vers l’abonné via la ligne téléphonique, afin de proposer des services de télécommunication (Internet, téléphonie, TV). Cet accès se fait depuis le central téléphonique, point de raccord entre les fils venant de chez l’abonné et les réseaux de France Télécom et des autres opérateurs. Entre le central et l’abonné, tout passe donc par les câbles téléphoniques existants, déjà tirés par France Télécom. Les nouveaux opérateurs louent simplement à France Télécom le passage des données et/ou de la voix par ces fils. Le choix leur est offert entre dégroupage partiel et total.
Quelle est la différence entre dégroupage partiel et total ?
Pour comprendre cette différence, il faut savoir qu’à travers les fils du téléphone, la voix et les données transitent sur différentes bandes de fréquences, un peu comme si le ‘ tuyau ‘ représenté par les fils téléphoniques était divisé en deux : la voix sur les fréquences basses, les données sur les fréquences hautes. Le dégroupage partiel consiste, pour un opérateur, à louer auprès de France Télécom la bande de fréquences ‘ hautes ‘ de la liaison téléphonique, pour y faire passer des données, essentiellement une connexion Internet ADSL. France Télécom continue alors à assurer la fourniture des services téléphoniques sur la bande de fréquence ‘ basse ‘. Le dégroupage total intervient quand l’opérateur loue la totalité de la bande pour faire passer, sans que France Télécom s’en mêle, à la fois de la voix et des données.Que se passe-t-il dans le central téléphonique ? Les nouveaux opérateurs y installent, moyennant rétribution à France Télécom, leurs propres équipements télécoms. Il s’agit d’un mini-central téléphonique appelé répartiteur, chargé d’orienter la voix et les données qui arrivent par des gros tuyaux vers les abonnés auxquels ils sont destinés. Ces répartiteurs sont branchés d’un côté au répartiteur central d’abonnés de France Télécom (là où arrivent les lignes téléphoniques de chacun) et de l’autre à leur propre réseau ADSL. S’ils ne disposent pas de leur propre réseau, les opérateurs ont même la possibilité de louer celui de France Télécom afin d’y faire passer les données de leurs abonnés.
Aujourd’hui, qui peut bénéficier du dégroupage ?
Pour des raisons techniques, le dégroupage total ne concerne encore que les grandes agglomérations (Paris, Lyon, Marseille, etc.). Le dégroupage partiel correspond plus ou moins aux sous-préfectures et chefs-lieux de canton, uniquement dans les départements concernés. Car dans une vingtaine de départements français, le dégroupage n’est pas encore disponible. Au 1er juillet 2004, l’Autorité de régulation des télécommunications estime qu’environ 730 000 lignes téléphoniques étaient dégroupées, dont 13 000 totalement.Pour savoir si votre ligne peut être dégroupée, le plus simple est d’aller sur le site Internet d’un opérateur ou d’un fournisseur d’accès tel Free (adsl.free.fr) ou Neuf Télécom (www.neuf.com). En tapant dans le champ indiqué votre commune ou votre numéro de téléphone, vous aurez immédiatement la réponse.
Quels sont les avantages du dégroupage ?
Les avantages du dégroupage sont multiples… et pour tout le monde. Pour l’abonné (vous), c’est la certitude de disposer de multiples offres d’abonnement ADSL à très haut débit (jusqu’à 5 Mbit/s), éventuellement jointes à des forfaits téléphoniques tout compris (abonnement + communications locales et nationales, hors mobiles et numéros spéciaux) et des offres d’accès à la télévision par la ligne téléphonique. Pour les opérateurs comme Free, Neuf Télécom ou Cégétél, c’est la possibilité de venir concurrencer France Télécom sans avoir à déployer un réseau filaire jusqu’aux abonnés. Ces opérateurs sont libres d’établir leur propre offre commerciale, au tarif qu’ils souhaitent. Même France Télécom y trouve son compte, puisque les opérateurs lui payent une redevance pour pouvoir utiliser son réseau.
Comment se différencient les offres selon le type de dégroupage ?
En cas de dégroupage partiel, vous pouvez vous abonner auprès d’un opérateur à un forfait ADSL à haut débit (512, 1 204 ou 2 048 kbit/s), tout en bénéficiant de communications téléphoniques ‘ comprises ‘ dans cette offre. Mais vous devez obligatoirement conserver votre abonnement France Télécom (coût minimum supplémentaire de 13 euros par mois), même si vous ne vous servez plus de cet opérateur pour acheminer vos communications.En cas de dégroupage total, vous avez accès à des offres ADSL à très haut débit (jusqu’à 5 Mbit/s), couplées à un abonnement et des communications téléphoniques et une offre de télévision par ADSL. Vous pouvez alors vous passer totalement de France Télécom. C’est le nouvel opérateur qui paye à l’opérateur historique la location de la ligne téléphonique. Vous n’avez plus qu’une seule facture qui comprend tous ces éléments.Attention ! Si vous emménagez dans une ville totalement dégroupée, vous ne pouvez ouvrir directement une ligne auprès d’un opérateur alternatif. Il faut passer d’abord par France Télécom et souscrire un premier abonnement d’un an. Si vous le rompez avant ce terme ce que vous pouvez faire une fois que votre ligne est installée , vous devrez tout de même payer à France Télécom 13 euros par mois restant.
Que comprennent les offres globales ?
Les opérateurs fournissent un modem dit ‘ tripleplay ‘, comme la Freebox de Free ou la Neuf Box de Neuf Télécom. Relié d’un côté à votre prise téléphonique, il est branché de l’autre au téléphone, à l’ordinateur et au téléviseur. Vous pouvez en même temps regarder la télévision, surfer et téléphoner. Pour la télévision, vous bénéficiez d’options comme des chaînes payantes, en plus du bouquet de base, et pour la téléphonie de services comme le double appel ou le rappel du dernier appelant. Seul hic : en cas de coupure d’électricité, votre modem ne fonctionne plus et vous n’avez donc plus le téléphone.
Peut-on conserver son numéro de téléphone si on souscrit à une offre dégroupée ?
Hélas non. Avec Free, votre nouveau numéro commencera par 087. Il faut changer également avec Neuf Télécom. Il sera cependant bientôt possible, avec cet opérateur, de conserver son numéro. Mais même en changeant de numéro, vous pouvez demander à être dans lannuaire, de façon à être répertorié comme les abonnés de France Télécom
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