Au c?”ur de la forêt de Fontainebleau, Pascal Sibertin est en train de peindre le paysage. Mais sa toile, il la crée sans pinceaux ni tubes de peinture : invité du premier Festival d’art numérique de Barbizon, cet illustrateur indépendant préfère l’ordinateur portable, la tablette graphique et le stylet.
Les avantages sans les inconvénients
A l’en croire, les avantages du numérique sont nombreux.’ Finis l’odeur de la térébenthine et le fouillis de tubes et de pinceaux ‘, ironise-t-il.’ Et on ne s’en met pas plein les mains ‘, renchérit Cyril Anguelidis, illustrateur, qui ne s’est jamais essayé à la peinture ‘ classique ‘.Au-delà de cette boutade, il est vrai que la peinture numérique offre toutes les possibilités de la peinture traditionnelle, sans ses inconvénients. Le stylet et la tablette graphique simulent parfaitement les sensations du dessin : plus l’artiste appuie sur le stylet, plus le trait est épais. Les nouvelles générations de logiciels de peinture permettent d’ailleurs d’employer tous les outils d’un vrai atelier de peinture, voire mieux.’ Dans un atelier, un peintre ne dispose que d’un nombre limité de tubes. Ici, j’ai le choix entre 16 millions de couleurs. Même chose pour les pinceaux. Le logiciel gère plus de 400 brosses et, en personnalisant chaque outil, on peut atteindre 800 brosses ‘, explique Jean-Luc Touillon, illustrateur jonglant entre l’ancienne et la nouvelle méthode.L’informatique apporte également une foule de fonctions inédites, notamment la possibilité de zoomer sur le dessin, ou de le tourner dans tous les sens pour travailler plus confortablement. Elle donne aussi accès à toutes les techniques, de l’aquarelle à l’huile en passant par le fusain ou l’acrylique.’ Cela permet de découvrir des techniques que l’on n’a pas l’habitude d’utiliser, soit parce qu’elles coûtent cher, soit parce qu’on ne les maîtrise pas ‘, commente Arnaud Gautron, graphiste indépendant.’
Une facilité d’accès idéale pour susciter des vocations
‘.Au gré de leurs envies, les peintres numériques peuvent combiner différentes techniques dans une même composition, en utilisant, par exemple, l’acrylique sur de la peinture à l’huile.’ Le numérique offre des résultats irréalisables autrement ‘, résume Tristan Maréchal, publicitaire et peintre à ses heures, qui apprécie également le gain de temps : ‘ Pas besoin de laisser sécher entre deux couches! ‘
Pertimento répétitif autorisé
Autre avantage de la peinture numérique : elle permet à l’artiste de prendre plus de risques.’ Il y a un moment où, à force de vouloir retravailler votre création, vous l’abîmez plus que vous ne l’avantagez. Avec l’outil informatique, cette crainte disparaît car vous savez que quoi qu’il arrive, vous pourrez revenir en arrière ‘, décrit Cyril Anguelidis. On peut retravailler une ?”uvre à l’infini. ‘ Avec le numérique, remarque Tristan Maréchal, vous pouvez créer autant d’ébauches que vous le souhaitez ‘.Pour le reste, cet amateur de Rembrandt avoue préférer revenir à la peinture classique, l’ordinateur ne lui servant qu’à la recherche de la composition.’ Lorsqu’on travaille avec la tablette graphique, il manque le contact avec le papier ou la toile ‘, poursuit Jean-Luc Touillon. Autre différence : une fois imprimée sur papier dessin ou sur toile, les peintures ne présentent pas le grain et la matière d’une toile classique.Du coup, la peinture numérique n’a pas forcément bonne presse. ‘ Beaucoup nous considèrent comme des peintres au rabais et affirment que la peinture numérique n’a rien d’artistique ‘, regrette Arnaud Gautron. ‘ Pourtant, il ne faut pas perdre de vue que c’est toujours l’humain qui dessine ‘, justifie Pascal Sibertin. Pour Arnaud Gautron, il faut considérer la peinture numérique au même titre que la musique électronique : ‘ La musique électronique est une démarche artistique qui permet de travailler différemment sur le son. Avec la peinture numérique, l’important, c’est la démarche, le travail sur le sujet et l’idée. Plutôt que de comparer les deux méthodes, il faut les faire dialoguer ‘.Petit à petit, les mentalités commencent à évoluer. Certains acheteurs ont parfaitement compris tout l’intérêt de cette nouvelle école. Cyril Anguelidis raconte ainsi l’anecdote d’un client intéressé par une de ses ?”uvres. Seul problème : la toile imprimée était plus grande que l’emplacement désigné sur le mur ! ‘ Il ma suffi de réimprimer la création sur une toile au format plus petit ‘, sourit Cyril Anguelidis.’ Tout le monde était satisfait! ‘www.festival-art-numerique.com
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