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Les nouveaux formats de DVD haute définition

En vidéo, le DVD classique est prévu pour les images de définition standard. L’arrivée de la haute définition implique donc une nouvelle génération de DVD. Deux prétendants sont en lice pour le titre de successeur du DVD, le HD DVD et le Blu-ray.

Le DVD est un peu complexe à appréhender parce qu’il y a deux façons très différentes de l’aborder, soit comme un support informatique, soit comme un système audio/ vidéo. Dans le premier cas, en tant que support informatique, le DVD est un support de stockage, un disque inerte acheté vierge et sur lequel on peut graver des documents (photos, vidéos, etc.). Dans cette utilisation, les formats de fichiers que l’on stocke sur le disque n’ont pas d’importance, la seule limite est sa capacité (4,7 Go). En tant que système audio/vidéo, le DVD est un ensemble complet qui comprend un support (le disque), un format d’encodage vidéo (le MPeg-2) et un format d’organisation de fichiers. Dans ce dernier cas, la galette est lisible par toutes les platines du marché quelle qu’en soit la marque, mais on ne peut pas dévier de la norme très stricte pour ce qui est du contenu : un film au format de la télé standard, avec du son et éventuellement un chapitrage, le tout encodé en MPeg-2 et avec une disposition de fichiers bien précise.Pour rappel, il en est de même des CD qui peuvent être vus soit comme de simples supports informatiques achetés vierges et sur lesquels on peut stocker 600 Mo de données, soit comme un système complet, contenant de la musique dans un format bien spécifique et gravé de telle façon qu’il soit lisible par toutes les platines CD, les autoradios, etc.Pour une utilisation en diffusion de films, les 4,7 Go de contenance d’un DVD correspondent à l’espace nécessaire pour stocker en MPeg-2 un film de définition standard, d’une durée de deux heures environ, avec ses bonus et ses chapitres. Dans les mêmes conditions de compression, un film en haute définition requiert plus de 20 Go d’espace, soit en gros cinq DVD ! Il devenait par conséquent indispensable qu’un nouveau format de DVD accompagne l’arrivée de la vidéo haute définition. Problème, l’enjeu du DVD nouvelle génération est de taille, et l’entreprise qui arrivera à définir un standard reconnu par tous a de fortes probabilités d’engranger un joli magot en royalties diverses et en renommée. Du coup, le monde tranquille du DVD s’est transformé en ring de boxe, avec deux camps face à face : d’un côté Toshiba et le HD DVD, de l’autre, Sony avec le Blu-ray. Blu-ray comme HD DVD prétendent à la couronne de successeur du DVD d’aujourd’hui pour le cinéma haute définition, et tous deux sont incompatibles.Si l’on excepte l’enjeu commercial et le regain de notoriété, la différence entre le groupe Blu-ray et le groupe DVD touche à la compatibilité des systèmes. Le format HD DVD est compatible avec le DVD (un lecteur HD DVD pourra lire un DVD) alors que le Blu-ray fait table rase du passé (le raisonnement de Sony est que, vu le prix des lecteurs, ça n’est pas forcément un drame) . Les deux formats Blu-ray et HD DVD contiennent respectivement 25 Go et 15 Go en version simple couche. Pour avoir une référence en termes de contenu, sur 25 Go, on fait tenir 13 heures de vidéo standard et 2 heures de haute définition non compressée.

DVD HD, ton univers impitoyable…

Pour comprendre la guerre industrielle sans merci qui se joue pour la définition du DVD haute définition, il est nécessaire de faire un petit retour en arrière. En 1979, Philips lance le CD, en partenariat avec Sony (les premiers ‘ Laser Discs ‘ datent, eux, de 1969) . Par la suite, les projets de succession du CD vont se multiplier : MultiMedia Compact Disc, Super Density Disc… sans compter les variantes dédiées comme le CD Photo de Kodak. Ils font tous un flop.De ce flop, il reste deux camps : d’un côté, Philips et Sony ; de l’autre, Hitachi, Panasonic, Mitsubishi, Pioneer, Thomson.Sous la houlette du patron d’IBM, tous ces gentlemen se mettent d’accord quelques années plus tard sur un nouveau format de disque de plus grande capacité, le DVD.Mais si tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, en fait, Sony et Philips se sentent plus ou moins grugés par cet accord pour une sombre histoire de royalties. Les deux entreprises se mettent donc à travailler sur un successeur du DVD basé sur un système de lecture optique que Sony a commencé à développer dans son coin sous le nom de Professional Disc for DATA (acronyme ProDATA), qui deviendra… le Blu-ray.Toshiba, de son côté, s’est mis à plancher sur son propre système, qui voit tout d’abord le jour sous le nom de Advanced Optical Disc, pour finir par s’appeler HD DVD. Nec viendra rejoindre Toshiba par la suite.Si les deux systèmes reposent sur des principes identiques, ils sont incompatibles et surtout ils sont l’objet d’une lutte sans merci à l’intérieur du DVD Forum, où un groupe de travail très opposé au projet Blu-ray de Sony/Philips travaille sur un nouveau format HD DVD.Dans le même temps, au duo de départ Sony/ Philips, le Blu-ray est rapidement rejoint par un groupe de supporters de taille : Hitachi, Sharp et Samsung.

Comment ça marche ?

Le Blu-ray représente le saut technologique le plus ambitieux : ainsi, tandis que le HD DVD nécessite deux couches de données pour stocker 30 Go d’informations, le Blu-ray accueille 25 Go sur une seule couche de données.Dans les deux cas, la technique est identique à celle du DVD, elle-même dérivée de celle du CD. Les données numériques sont stockées sous la forme d’une suite de petits trous (les ‘ pits ‘) qui sont creusés (par pressage ou par gravure) dans un sillon (le ‘ groove ‘). La lecture de ces informations s’effectue comme pour les DVD en éclairant ce sillon à l’aide d’un laser puis en analysant le rayon réfléchi sur lesquels influent les variations de relief rencontrées.

Visuellement identiques aux DVD

Les DVD avaient le même aspect que les CD, il en est de même avec les DVD haute définition, qu’ils soient au format HD DVD ou au format Blu-ray. Ils se présentent sous la forme de disques de 12 cm de diamètre. Ils seront également disponibles en version réduite de 8 cm de diamètre, notamment pour l’utilisation dans les futurs caméscopes haute définition (lire l’encadré ci-dessus). Mais comme la haute définition requiert davantage d’informations que la définition standard (celle des DVD actuels), ces disques comportent plus de ‘ pits ‘ que les DVD conventionnels. L’astuce a consisté à réduire la taille des ‘ pits ‘ et à les rapprocher de manière plus importante pour le Blu-ray que pour le HD DVD. Dans les deux cas, la lecture impose un rayon laser plus fin. Alors que les DVD actuels font appel à un laser rouge dont la longueur d’onde est de 0,65 micromètre (dix fois plus fin qu’un cheveu), le Blu-ray et le HD DVD s’appuient sur un laser bleu violet (c’est à cette couleur que le Blu-ray doit son nom), au rayon plus étroit. Autre conséquence de cette augmentation de densité : les transferts de données sont environ trois fois plus rapides, avec un débit qui passe de 1,15 Mo/s pour les DVD (à la vitesse 1x) à 4,5 Mo/s pour le HD DVD et pour le Blu-ray.

Les consoles de jeux en première ligne

La bataille commerciale entre les deux formats a des conséquences étonnantes et presque amusantes : les constucteurs de lecteurs abordent ce marché sur la pointe des pieds, les lecteurs HD sont encore rares et très chers (il faut compter environ 1 500 euros contre moins de 100 euros pour un lecteur de DVD), la situation pour les graveurs est encore pire… Conséquence, dans l’immédiat, les lecteurs de DVD haute définition les plus abordables sont encore… les consoles de jeux. Ainsi, Microsoft propose un lecteur HD DVD pour accompagner sa Xbox, tandis que la PlayStation 3 de Sony est basée sur la technologie Blu-ray.Si le HD DVD n’est utilisé pour l’instant que pour la diffusion de films haute définition ou pour le stockage (en gravant des disques HD DVD vierges), le Blu-ray, lui, connaît déjà des applications professionnelles. Sony utilise la technologie Blu-ray dans ses caméscopes professionnels XDCam et XDCam HD, qui enregistrent directement les images capturées sur des disques insérés dans des cartouches de protection et utilisant la technologie Blu-ray.

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Luc Saint-Élie