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Les limites du SAV pour les LCD

Confrontés aux défauts de fabrication de certains écrans plats, les constructeurs s’appuient sur une norme internationale pour décider s’il faut ou non remplacer un modèle défectueux…

Les écrans plats à cristaux liquides (LCD) remplacent peu à peu les écrans à tube de nos ordinateurs et de nos téléviseurs. Encombrement, consommation, design, leurs avantages sont multiples et évidents. Des arguments certes
séduisants, mais qui ignorent les aspects négatifs, soigneusement dissimulés. Le plus gênant et le plus visible est un problème inconnu des écrans à tube : les pixels morts.Cette appellation un rien dramatique désigne un défaut propre à la technologie des écrans plats. Il arrive en effet que des moniteurs neufs soient livrés avec un ou plusieurs points défectueux. Quelle que soit l’image affichée, ces
points restent bloqués dans un état soit lumineux (ils peuvent être blancs ou colorés), soit noir. La gêne induite est parfois telle que l’écran devient inutilisable. Le pire, c’est que, souvent, le client ne peut même pas faire remplacer l’écran.
En effet, la garantie exclut généralement ce défaut.Il existe bien une norme limitant le nombre de points défectueux à ne pas dépasser. Mais cette norme est imprécise et son application variable. Pour mieux comprendre, prenons le cas d’un écran LCD de 17 pouces. Sa définition
d’affichage est de 1280 x 1024 pixels, soit, 1310 x 720 pixels (le pixel étant le plus petit point de couleur que peut afficher un écran).

Un défaut de fabrication

Examiné à la loupe, chaque pixel s’avère en fait composé d’un triplet de sous-pixels juxtaposés, en fait trois cellules remplies de cristaux liquides. Chacune est recouverte d’un filtre de couleur : un rouge, un vert et un bleu.
Si l’on plonge un peu plus dans les différentes couches, on constate que chaque triplet est commandé par un transistor. On se retrouve donc avec 1,3 million de transistors qui commandent près de 4 millions de sous-pixels. Si un seul de ces
5 millions d’éléments vient à défaillir, la sanction est immédiate, c’est un pixel mort qui apparaît.Ce problème de pixels est un défaut de fabrication qui n’intervient en principe que sur les écrans neufs. Heureusement, l’apparition de pixels morts dans le temps est très rare. Les constructeurs pourraient évidemment ne vendre que
des écrans sans défaut, mais leur coût de fabrication deviendrait prohibitif.C’est la raison pour laquelle on accepte la mise en vente d’écrans comprenant un nombre limité de défauts. Cette limitation est déterminée par l’ISO, l’Organisation internationale de normalisation, au travers de la norme ISO
13406-2.

La complexité de la norme ISO

Tout (ou presque) ce qui concerne les ‘ défauts de pixels ‘, couramment appelés ‘ pixels morts ‘ se trouve dans le paragraphe 3.4.13. Mais, attention, c’est assez complexe. Un
premier tableau, par exemple, définit le type de défaut possible : ‘ Défaut de type 1 : pixel bloqué au niveau haut (quand la commande système = luminance maximale) (L > 0,75lx + 0,25
LT) ‘
. Tout est du même tonneau.En langage clair, on peut résumer ce tableau de la manière suivante : si un pixel mort est de couleur blanche, c’est un défaut de type 1, on parle de type 2 s’il est noir, et de type 3 pour les autres couleurs. Le tableau
intitulé ‘ Définition des classes de défauts ‘ présente les écrans en fonction du nombre de pixels défectueux qu’ils tolèrent.En principe, il y a quatre classes, mais seules les Class I et II sont utilisées. La Class I, la plus stricte, ne tolère aucun défaut. Rares sont les moniteurs à l’adopter et elle concerne surtout ceux utilisés dans le domaine médical
par exemple. Nos écrans sont donc presque tous qualifiés de Class II, une information indiquée sans autre précision, soit sur l’emballage des moniteurs, soit dans leur notice. Si l’on se réfère à nouveau à la norme ISO, les écrans de Class II sont
considérés comme bons pour le service ‘ en fonction d’un nombre maximal de défauts par type et par millions de pixels. ‘ Ce nombre maximal est fixé à deux défauts de type 1 (pixels blancs), deux de type
2 (pixels noirs) ou cinq de type 3 (pixels colorés) (voir encadré plus bas).Du fait de la complexité de la norme, beaucoup de constructeurs appliquent des mesures sans aucun rapport avec elle. Il en est, comme Bélinea, qui décident de ne plus s’embêter avec les chiffres : quels que soient la taille de
l’écran et le type d’erreur, ils remplacent le produit s’il a plus de 4 pixels morts répartis sur la dalle. Et beaucoup de constructeurs choisissent d’appliquer la norme à l’arrondi inférieur.

Des constructeurs compréhensifs

En cas de refus de remplacement, d’autres moyens que le rappel à la norme peuvent être efficaces. Bon nombre de magasins adoptent une politique du ‘ satisfait ou remboursé ‘, qui
s’applique à tous leurs produits, du téléphone à l’imprimante en passant par l’écran plat. Vous avez tout à fait le droit de ne pas être satisfait d’un écran vendu avec trois, voire avec un seul pixel mort.Autre recours possible, dans le cas des ventes par correspondance (par Internet, par exemple), vous disposez de sept jours à compter de la livraison pour retourner le produit s’il ne vous convient pas et en obtenir l’échange ou le
remboursement en vertu de l’article L.121-16 du Code de la consommation. Le vendeur n’a pas le droit d’appliquer de pénalités. Vous êtes simplement tenu de payer les frais de réexpédition.Enfin, si des pixels morts apparaissent dans le temps et si vous les détectez au-delà du délai imparti, vous pouvez toujours tenter d’amadouer les services d’après-vente du constructeur. Ils ne sont pas de marbre. Pour peu que vous ne
les preniez pas de haut, ils se montreront souvent compréhensifs. Il leur arrive de remplacer des écrans pour un pixel mort décelé au milieu de la dalle.En guise de conclusion, on ne peut que regretter l’imprécision de la norme ISO13406-2… D’autant plus que le problème des pixels morts n’est pas le seul avec les écrans LCD. Angles de vision, luminosité mais, également, taux de
contraste et temps de réponse, les définitions de tous ces points sont problématiques. Une mise à jour est heureusement en cours d’élaboration.Espérons que les consommateurs seront alors bien mieux protégés…

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Vincent Alzieu