Sans doute avez-vous déjà remarqué les petits logos blancs sur fond noir que l’on retrouve sur les boîtes de jeux vidéo. Mais savez-vous à quoi ils correspondent exactement ? Indiquent-ils un contenu à destination d’une tranche d’âge en termes de prise en main du jeu ou ‘ d’adéquation morale ‘ ?La question est loin d’être anodine. Malheureusement, la publicité faite autour de ces logos a été si insignifiante qu’ils restent peu, ou pas suffisamment, un critère d’achat pour les parents. Et pourtant, ces logos, créés à l’initiative de l’industrie européenne du jeu vidéo, permettent de savoir si le contenu d’un jeu est adapté ‘ moralement ‘ à un groupe d’âge. Nombreux, en effet, sont ceux qui pensent encore que les jeux vidéo peuvent être éminemment perturbateurs, pervers, voire sataniques ?” on se souvient notamment du cas de Grand Theft Auto, en 1997, qui avait provoqué des réactions très médiatisées d’associations et de collectifs outrés.
Une signalétique paneuropéenne
A la tête d’un marché européen de plus de 30 milliards d’euros et avec une croissance annuelle d’environ 15 %, les industriels du loisir ont vite compris qu’ils avaient tout intérêt à jouer cartes sur table.L’impulsion initiale fut tout de même politique, et européenne : en effet, dès 1989, le Conseil des ministres européens préconisait la mise en place d’un encadrement pour la diffusion des jeux vidéo. Ce que firent, dès 1992, des acteurs français sous l’égide du Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir). Après de multiples relances européennes, et suite à la création, en 2001, de l’Interactive Software Federation of Europe (dont le Sell fait partie), une signalétique paneuropéenne autorégulée par les industriels voit le jour en 2003 : le système Pegi (Pan European Game Information).Chaque éditeur remplit pour chacun de ses jeux un questionnaire simple : Y a-t-il présentation sous des couleurs séduisantes de stupéfiants ? Voit-on des descriptions détaillées et graphiques d’êtres humains ou d’animaux irréalistes que l’on tue ou que l’on blesse ?… Un organisme indépendant néerlandais, le Nicam, équivalent de notre CSA, décerne selon les réponses les logos appropriés puis étudie attentivement les contenus des jeux réservés aux 12 ans et plus. Un autre organisme, britannique cette fois, le VCS, vérifie le contenu des jeux réservés aux 16 et 18 ans. Finalement, avec quelques différences nationales, une signalétique similaire et objective a bien été définie pour 16 pays européens.
Plus indicative que contraignante
Le débat n’est toutefois pas encore clos pour autant. Après une tempête médiatique en Italie, résultant d’une mauvaise information à propos du jeu d’horreur psychologique Rule of Rose, le commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, a décidé de réunir, en janvier 2007, des ministres européens de la Justice sur le sujet. Principal problème : la nécessité d’harmoniser les lois afin que la signalétique devienne non plus simplement indicative, comme elle l’est aujourd’hui, mais bien contraignante. C’est cette optique qui est déjà suivie par le législateur français qui, dans l’article 35 de la loi sur la prévention de la délinquance, parue au Journal officiel le 7 mars 2007, rend obligatoire une signalétique ‘ destinée à limiter la mise à disposition des jeux vidéo à certaines catégories de mineurs, en fonction de leur âge ‘. En déterminant les peines encourues par les éditeurs ou les distributeurs récalcitrants, la loi peut ainsi rendre légale l’interdiction de vente de jeux aux enfants n’entrant pas dans la classe d’âge ciblée. Toutefois il faut attendre le décret d’application qui ne paraîtra pas avant les prochaines élections. Quant à la signalétique légale, le Forum des droits sur Internet recommande au Gouvernement l’adoption du système Pegi. Une preuve, s’il en est, que l’industrie du loisir ?” qui use souvent d’arguments sanglants pour vendre ?”, peut malgré tout être à l’initiative de bons codes éthiques !www.pegi.info
www.sell.fr
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