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Les écrans font du plat aux électrons

Grâce au SED, les écrans plats de demain consommeront moins et seront plus lumineux, colorés et précis.

Les écrans plats sont partout ! Dans les vitrines des magasins, les salles d’attente des aéroports, les rayons des supermarchés… et de plus en plus dans nos salons. En dehors du projecteur vidéo, seules deux technologies permettent de bénéficier de la nouvelle dimension du home cinéma : le LCD ou le plasma. Mais elles ne vont pas sans contreparties négatives : la qualité des images restituées est inférieure à ce qu’offrait la vieille technologie des écrans à tube. En vrac, on peut citer des noirs qui ne sont pas totalement noirs, une répartition inégale de la luminosité à la surface de l’écran, des effets de rémanence, des angles de vision limités…, sans parler des prix qui rendent inabordables les écrans les plus larges.Or, combinant le meilleur des deux mondes, celui des écrans plats LCD ou plasma et celui des écrans à tube, la technologie SED développée conjointement par Canon et Toshiba, s’annonce prometteuse. Sa brillante présentation en septembre à l’IFA de Berlin, puis à Paris en octobre à la Canon Expo 2005, semble d’ailleurs faire l’unanimité des spectateurs présents. Dès 1986, Canon lance la recherche fondamentale qui aboutira, 20 ans plus tard, à la production de ce nouveau type d’écrans plats.

Réinventer le CRT

Absente jusqu’à présent du marché des moniteurs, la marque s’est associée en 1999 à Toshiba, créant en 2004 une entreprise conjointe, la SED Inc. Le résultat en est la technologie SED pour Surface-conduction Electron-emitter Display que l’on peut traduire par écran à émission d’électrons par conduction de surface… Une appellation complexe pour un concept simple : il s’agit de reprendre le principe des écrans cathodiques CRT, qui produit des points lumineux par la collision entre un électron et un luminophore. Mais en changeant fondamentalement la façon dont les électrons sont émis. Ici, il n’y a plus un seul faisceau d’électrons venant balayer tour à tour un ensemble de points, mais un canon à électrons par sous-point (un par couleur primaire : rouge, vert et bleu). Dans un écran SED compatible TVHD, c’est-à-dire d’une définition de 1 920 x 1 080 points, soit 2 073 600 points, il faut donc mettre très exactement 6 220 800 canons à électrons… en évitant de rendre le téléviseur 6 millions de fois plus imposant qu’un téléviseur classique. La solution réside dans l’utilisation de dalles (dont les procédés de fabrication sont proches de ceux utilisés pour les écrans LCD) combinées à des émetteurs de lumière, les luminophores (issus de la technologie des écrans CRT).

SED performant

Le résultat, impressionnant, combine tous les avantages. L’encombrement est similaire à celui des écrans plats LCD, les dalles ne dépassant pas quelques centimètres de profondeur. Ensuite, la luminosité des écrans SED est exceptionnelle avec un contraste qui monte jusqu’à…100 000:1 contre 1 500:1 pour les écrans LCD ! La raison en revient principalement à la profondeur jusqu’à présent inégalée du noir. Avec les écrans LCD, les points eux-mêmes n’émettent pas de lumière. Les cristaux liquides font office de stores vénitiens, obturant ou laissant passer selon les besoins, un faisceau lumineux. L’obturation n’étant jamais totale, le noir n’est jamais vraiment complet. Même chose avec la technologie plasma, dont chaque sous-point peut être comparé à un mini-tube néon, qui ne peut jamais être totalement éteint.La réactivité est aussi à l’honneur : moins de 1 ms pour les écrans SED, contre à peu près 8 ms pour les écrans LCD. Résultat, une netteté exceptionnelle sur les images en mouvement, y compris sur du texte qui défile.Palette de couleurs exceptionnelle : chaque sous-point pouvant afficher 1 024 niveaux de gris, le spectre total englobe plus d’un milliard de tons, contre 16 millions de couleurs au maximum pour les LCD. Aujourd’hui, seuls les écrans plasma atteignent cette richesse de tons, mais sans atteindre la même profondeur de noir.Le confort de vision est également au rendez-vous : l’écran SED propose un angle de vision de 179?’, soit près de 10?’ de plus que les écrans LCD. Enfin, la technologie SED est moins avide d’énergie que ses concurrentes si l’on en croit Canon : le modèle de 36 pouces présenté à la Canon Expo ne consommait que 120 watts, soit 25 % de moins que l’écran LCD auquel il était comparé et 50 % de moins qu’un écran plasma.

Pour quand et pour qui ?

Le SED aurait un intérêt limité, si, de même que d’autres technologies prometteuses comme l’Oled, il restait au stade du prototype. Mais Kunihiro Sakai, directeur général du SED Technology Development Center de Canon, affirme ‘ être prêt pour la phase industrielle. ‘ Et les premiers téléviseurs SED, des écrans TVHD d’une diagonale de 50 pouces produisant à raison de 3 000 exemplaires par mois, seront disponibles sur le marché japonais fin 2006. Une production massive devrait s’établir, si les estimations de Canon et Toshiba sont exactes, à 3 millions d’unités fabriquées en 2010. Les procédés de fabrication étant assez simples, les prix publics ne devraient pas à terme, dépasser ceux des écrans LCD et plasma. Mais pour équiper nos ordinateurs, il faudra patienter : seule la production de téléviseurs SED a pour l’instant été annoncée.

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Stéphane Viossat