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L’école du Tigre

Pour former les pilotes au Tigre, l’armée a ouvert à Toulon une école dotée des dernières technologies en matière de simulation aérienne.

Quel beau félin ! Léger, grâce à ses matériaux composites. Agile, au point d’exécuter un looping presque parfait. Semi-furtif, avec une signature radar minime. Et redoutable avec cela, puisqu’il peut embarquer plusieurs types d’armements, quand les Puma, Cougar et autres hélicoptères de combat doivent choisir un armement unique. Les spécialistes l’affirment haut et fort : Tigre, le fleuron d’Eurocopter est ce qui se fait de mieux. Une complexité inédite qui demande à ses pilotes une préparation toute particulière, compte tenu du nombre d’informations qu’ils auront à gérer.Particularités de cet engin : c’est directement sur les lunettes du pilote qu’est projeté en stéréoscopie le viseur, de jour comme de nuit, grâce à des amplificateurs de lumière. Dans l’axe de vision du pilote, se trouve aussi un écran translucide de la taille d’un boîtier de DVD, tellement lumineux qu’il reste toujours visible, même quand le pilote est face au soleil.

Une préparation indispensable

Cet écran affiche les paramètres de vol : altitude, degré d’inclinaison, cap, vitesse verticale, vitesse horizontale, puissance moteur, armes actives. Et au milieu d’une forêt d’instruments, deux autres écrans LCD, cernés de huit boutons, se trouvent sous les yeux du pilote. Ils permettent la vision thermique, affichent des cartes 2D, donnent des informations sur le moteur, le carburant, les contre-mesures, l’armement, etc.Pour les pilotes, passer d’un hélicoptère Puma à un Tigre, s’apparente un peu à délaisser une 2 CV pour un prototype de voiture futuriste. Afin de les préparer à cette transition, l’armée vient d’ouvrir une école ultra-moderne au Cannet Des Maures. Au c?”ur de l’EFA (Ecolefranco-allemande), 16 simulateurs géants trôneront bientôt. Les deux plus gros sont des sphères colossales de 10 mètres de haut, montées sur vérins. A l’intérieur, un écran panoramique couvre tout le champ de vision du pilote (240?’ par 100?’). La résolution ? Pas moins de 6 400 par 2 400 pixels obtenus en alignant neuf projecteurs LCD sur deux étages. Et, pour alimenter ce gigantesque système d’affichage en images 3D, chaque sphère est reliée à 50 serveurs mono, bi ou quadriprocesseurs.Aux commandes, la sensation de réalisme est troublante. On se croirait dans l’appareil, le vrai. D’ailleurs, pour les élèves, les heures de vol virtuel comptent autant que les heures de vol réel. Et tous continuent à fréquenter le simulateur : 60 % des heures de vol sont réalisées sur ce simulateur. Les simulateurs vont, avant tout, servir à apprendre aux élèves comment gérer des situations extrêmes. Par exemple, si les turbines s’arrêtent, il est toujours possible de poser l’hélicoptère en utilisant la vitesse de rotation des pales, en ‘ roue libre ‘. La man?”uvre est répétée encore et encore sur le simulateur, de même que 600 autres pannes plus ou moins graves.Autre avantage, la possibilité, à terme (dans un an), de mettre en réseau les 16 simulateurs pour organiser des missions à plusieurs ! Des opérations simples (décoller, observer, se poser), ou plus élaborées (secourir une personnalité prise au piège sur un aérodrome). Parfois bien plus complexes quand elles sont découpées en trois étapes : reconnaissance du terrain, sécurisation de la zone où évoluent 50 unités ennemies, puis protection du pont aérien pour évacuation de la personnalité.Après douze mois de formation, comprenant 100 heures de simulateur et 60 heures dans l’appareil, les élèves sont opérationnels, mais seule l’expérience finira par faire d’eux les meilleurs pilotes possibles.

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Nicolas Six