l’OI : Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux logiciels libres ? TN : J’aime cette notion de gratuité et d’utilisation libre rapportée au Web. Lors de mon activité au sein de Netscape, je travaillais sur le projet Mozilla, un navigateur libre et ouvert à tous. Synthèse de la technique, de l’humain, des usages, de la démocratisation du Web, ce challenge technique inouï avait pour ambition d’aller défier Microsoft sur son terrain. Le projet a été enterré à la suite de pressions, mais le plus gros du travail avait été fait. J’ai donc décidé de créer la fondation Mozilla Europe pour mener à bien cette entreprise. Nous voulions changer les règles du jeu du Web. C’est ainsi que nous avons lancé Firefox en 2004. l’OI : Jusqu’où vont les potentialités du Web ? TN : Elles sont infinies. Le Web va changer le cours de l’humanité comme l’imprimerie l’a fait en son temps. C’est un outil fabuleux, initiateur d’évolutions et de développements. Son inventeur souhaitait qu’il soit accessible à tous. C’est en cela que je le rejoins, car le navigateur est le point d’accès au Web. Toute idée de monopole ou de limitation de cet accès est insupportable. Il fallait rétablir une concurrence pour le faire évoluer. C’est là que nous sommes intervenus. l’OI : Qu’avez-vous voulu prouver avec Firefox, votre navigateur Internet ? TN : Nous avons voulu lutter contre une injustice. Ma vision est celle d’un Web communautaire et participatif. Nous devons lui permettre d’éclore, sans qu’il soit contrôlé par une entité privée à qui l’on doit demander des autorisations pour inventer. Créer ce bien commun qu’est un navigateur avec un code ouvert que chacun peut reprendre, copier, modifier, voilà notre objectif avec Firefox. l’OI : Qu’apporte de plus Firefox 3 ? TN : C’est le fruit d’une longue maturation qui a débuté il y a trois ans. À l’arrivée, 15 000 changements, et un vrai bond en avant. On n’a pas encore inventé le navigateur parfait, il y aura des versions 4,5… Mais Firefox 3 est une étape déjà très avancée. Au niveau de la sécurité tout d’abord, avec un système anti-malware qui recense les sites réputés les plus dangereux et qui émet des alertes. Puis, face à la complexification du Web, nous avons travaillé sur l’amélioration de la vitesse et de la gestion de la mémoire. Enfin, avec notre barre d’adresses intelligente, nous avons réinventé un système plus sophistiqué de marque-pages. Sans parler des mille autres améliorations que nous avons apportées à notre navigateur. l’OI : Quelles sont les prochaines étapes de développement ? TN : La vidéo intégrée dans la page Web sera une évolution probante, pour une interaction plus riche avec le reste de la page. La 3D fait également partie de nos projets, des prototypes sont en phase de test. Il faut définir les standards qui vont avec, afin de ne pas privatiser la technologie. Nous avons bien avancé avec la connexion sur téléphone. Techniquement, le moteur de Firefox 3 peut tourner sur un mobile. Reste à inventer une interface utilisateur adaptée. Vous pouvez d’ores et déjà découvrir notre premier prototype baptisé Fennec. Firefox mobile devrait être opérationnel d’ici à quelques mois. Il reste encore de grands progrès à accomplir.
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