Après la mode et ses mannequins anorexiques, c’est la high-tech qui voue un culte au plat. Tous les appareils sont désormais au régime minceur : les produits nomades, bien sûr, comme les baladeurs, les téléphones mobiles, les
portables, les appareils photo ‘ bijoux ‘, mais aussi les sédentaires, comme les platines de salon, alors qu’aucune raison technique ou pratique ne le justifie. L’étendard de cette génération slim,
c’est l’écran. Qu’il soit de type LCD ou à technologie plasma, qu’il serve de moniteur ou de téléviseur, il doit impérativement être plat. Il faut dire que les modèles amincis présentent d’indéniables avantages sur leurs homologues à tube, tant en
termes d’encombrement et de rayonnement que de géométrie ou de stabilité d’affichage. Mais c’est surtout l’aspect esthétique qui semble motiver les acheteurs…Pourtant, les écrans plats ne sont pas le summum en matière de qualité d’image : contrairement aux modèles cathodiques, ils génèrent souvent des effets de flous et des traînées désagréables dans les jeux et les vidéos, les noirs
manquent de profondeur et les couleurs ne reproduisent pas toutes les nuances. Seulement voilà, à l’instar de ces magazines féminins qui diabolisent les volumes, constructeurs et revendeurs ont instauré une véritable dictature du plat. Il faut
vraiment chercher pour trouver encore des écrans cathodiques dans les magasins. En acheter un est même devenu ringard. Pour être respecté par sa famille, ses amis, son patron, ses collègues, ses voisins, sa concierge, il faut acheter du plat, quitte
à payer un téléviseur LCD d’entrée de gamme de 38 cm au format 4/3 au prix d’un bon modèle cathodique 16/9 de 82 cm ! Demander à un vendeur des infos sur un écran à tube, c’est à coup sûr s’exposer à un regard condescendant, du genre
‘ on n’est pas chez les ploucs, ici ! ‘. Comme l’été, sur la plage, il faudra bientôt cacher honteusement l’écran du salon sous une serviette avant de recevoir une visite. Qui a parlé de fashion
victims ?
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