Il y a à peine deux ans, on se demandait sérieusement si, dans la catégorie ‘ grand public haut de gamme ‘, les bridges n’allaient pas tuer dans l’?”uf les reflex numériques, beaucoup trop
chers. Aujourd’hui, on se pose exactement la question inverse !En réalité, la partie est loin d’être jouée. Et, paradoxalement, l’un des éléments qui pourrait sauver les bridges est… leur système de visée. Paradoxe, car tout le monde s’accorde à reconnaître que le
viseur des bridges ?” un mini?”écran LCD ?” est infiniment moins confortable que celui des reflex.En revanche, ces appareils permettent aussi de viser grâce à un écran, ce qui reste structurellement impossible pour un reflex. Or, c’est justement l’une des grandes nouveautés du numérique : avec les compacts et les
caméscopes, l’habitude de cadrer les images sur écran s’est solidement installée.C’est bien à un changement radical dans la manière de photographier auquel on assiste ; mais qui passe inaperçu, tout simplement parce que la véritable révolution a déjà eu lieu, en douceur : de la télé (qui sert aussi
aux jeux vidéo) à l’ordinateur, de la Game-boy au téléphone mobile, l’écran s’affirme de plus en plus comme le médiateur privilégié de notre rapport au monde, virtuel comme réel. Dès lors, pas étonnant qu’il
s’impose également, sans heurt, comme un moyen naturel pour regarder et ‘ capturer ‘ le monde.Sans doute, il restera encore longtemps un gros bataillon de nostalgiques ?” et ne voyez dans ce terme aucune connotation péjorative ?” attachés à piéger l’instant décisif, l’?”il rivé à leur
boîtier ; ceux?”là, bien sûr, préféreront toujours les reflex. Mais les autres, les ‘ nouveaux photographes ‘, nés avec le numérique ou simplement convertis aux nouvelles technologies, risquent de succomber
définitivement au charme de l’appareil tenu à bout de bras … et considérer bientôt le viseur comme un archaïsme, inutile survivant de la photo de papa. Mais que l’on en tienne pour l’un ou pour l’autre,
n’oublions pas que ce n’est ni le viseur ni l’écran qui fait une bonne photo ; c’est toujours le regard de celui qui est derrière …(*) Bernard Montelh, directeur de la rédaction
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