Les signes extérieurs d’une maison high-tech brillent par leur absence. Quand Emmanuel rentre chez lui, il n’a pas besoin de farfouiller dans ses poches pour trouver ses clés. Son fils compose le code avec la rapidité de l’éclair. Aussitôt, la porte d’entrée dépourvue de poignée s’ouvre et, l’intérieur, la lumière fuse automatiquement. ‘ Ce sont de faux interrupteurs ‘, indique le maître de maison tout en déboîtant l’un d’entre eux, ‘ en fait, toutes les prises sont asservies au système informatique dont la connectique est camouflée dans les murs ‘. En jetant un coup d’?”il au plafond, on distingue quelques caches ronds et blancs qui masquent les câbles. Il pleut ? Le système informatique ferme les fenêtres. Le ciel s’assombrit ? Les stores se lèvent. La nuit tombe ? Les lampes halogènes s’éclairent. Loin d’être hasardeuse, la gestion automatisée de la distribution de l’énergie électrique tient compte de la présence des membres de la famille dans les pièces.Mais Emmanuel ne lève qu’un coin du voile sur le mode de fonctionnement de ce système, conçu il y a cinq ans. C’est à cette époque qu’a été bâtie cette grande maison rose destinée à abriter quatre familles. Un architecte a tracé les plans tandis qu’Emmanuel a réalisé son rêve de logis sans bouton.
Voisins numériques contre analogiques
L’un de ses voisins et ami a également adopté ce mode numérique, au contraire des deux autres foyers, surnommés avec humour ‘ les analogiques’. Démentant l’adage selon lequel le cordonnier est le plus mal chaussé, cet ancien collaborateur de Microsoft poursuit ses expériences domotiques : ‘ Il y a trois circuits électriques, un de 110 volts, un de 220 volts et un circuit protégé ‘, précise-t-il. Et pas moins de cinq serveurs au sous-sol.Cet imposant matériel distribue également de la vidéo, des photos, des ‘ artworks ‘ (des photos numériques d’?”uvres d’art sous licence), sur des écrans à plasma ou tablette. Emmanuel dispose de quelque 3 000 chaînes télévisées, une bonne part de ses vidéos de vacances sont numérisées et il possède des CD-Rom et des DVD en pagaille… même si traînent encore, ici et là, quelques cassettes vidéo. En somme, une vraie bibliothèque multimédia. Avec quatre amis, Emmanuel a ainsi mis au point une gestion automatisée des loisirs numériques.Concrètement, un membre de la famille qui souhaite écouter une chanson se voit proposer par le système un choix composé en fonction de ses goûts. Ainsi, les enfants ont accès à des musiques et à des films adaptés à leur âge. Et pour connaître les titres des CD-Rom que son épouse a achetés puis ajoutés à la liste, il suffit de se connecter au système multimédia. Joignant le geste à la parole, Emmanuel saisit la tablette et recherche le dernier CD catalogué. Il s’agit d’un album d’Henri Salvador dont la voix se fait entendre sitôt qu’il a appuyé sur la touche correspondante. Tout en écoutant la musique, on se complaît à regarder les tableaux qui défilent sur l’écran à plasma.
Une solution pour réduire les coûts
Pour éviter que les images fixes finissent par détériorer l’écran, la bande de copains a mis au point un petit truc : ‘ il suffit de déplacer légèrement l’un des pixels du tableau ‘, précise notre hôte. Cette exposition virtuelle peut aussi laisser l’écran libre pour voir une vidéo familiale ou un film. Dans cette maison high-tech, ‘ on regarde beaucoup les photos de vacances ‘, indique Emmanuel qui se fait fort de souligner les avantages de son système, encore à l’état de prototype fabriqué par la société CyberScan Technology.L’informaticien a l’ambition de commercialiser ce projet, nommé e-Magium, avec l’ensemble ou une partie de ses fonctions. Ce qui permettrait de réduire le coût du matériel. Selon lui, ‘ dici trois ans, un tel système devrait coûter moins de 15 000 euros ‘. Et peut-être que dans dix ans, la gestion automatisée des loisirs numériques sera à la portée de toutes les bourses
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