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Le livre électronique détrônera-t-il le papier ?

L’avis d’un représentant des libraires et d’un fabricant de livre électronique

Guillaume Husson (Syndicat de la librairie française) : ‘ on est dans la logique de complémentarité ‘

NonIl n’y a pas de modèle économique global pour diffuser des contenus dématérialisés vers le grand public. Et il ne s’organisera pas avant plusieurs années. Le marché du livre numérique n’existe pas à l’heure actuelle, il ne représente que 1 % des ventes aux États-Unis. Seuls les secteurs de l’édition professionnelle ?” encyclopédies, dictionnaires, livres juridiques ?” ont basculé vers le numérique. Un passage inconcevable pour les livres d’art ou de jeunesse dans lesquels la part de l’image est très importante. Une plus-value qui n’est pas près d’être remplacée. Pour le grand public, l’attrait des livres papier réside dans l’attachement du lecteur à l’objet, qu’il peut manipuler, transporter et ranger dans sa bibliothèque. Leur force : un confort de lecture inégalé auquel s’ajoute un lien affectif entre le lecteur et son livre. Par ailleurs, l’achat d’un livre ?” en dehors de son prix réel ?”, surtout dans les versions Poche, ne nécessite aucun investissement préalable. Avec un livre électronique en revanche, il faut rentabiliser l’achat du matériel. Mais seuls un peu plus de 10 % des Français achètent plus de douze livres par an : difficile dans ces conditions de réaliser un bon amortissement. Or ce qui fait la rentabilité d’un livre, c’est sa distribution. Lorsqu’on sait que les grands groupes d’éditeurs sont aussi distributeurs, leur perte financière serait alors trop importante. Les libraires, quant à eux, ne sont pas dans une logique de substitution mais plutôt de complémentarité.

Romain Poulet (Sony) : ‘ le livre éléctronique est moins convivial mais plus pratique ‘

Non, mais…Le premier usage d’un livre électronique, tel que le Reader eBook, consiste à créer son propre contenu, parmi les milliers d’ouvrages téléchargeables. Le consommateur régulier recherche l’offre la plus large possible, et il est souhaitable que les éditeurs entrent dans la boucle pour proposer un maximum de titres. Le deuxième usage est destiné aux grands lecteurs qui se déplacent beaucoup. Cette tablette de lecture de petit format, fine, légère et facilement transportable est parfaitement adaptée à la mobilité et aux voyages. Son poids (260 g), sa capacité (160 livres) et son autonomie impressionnante (environ deux semaines, soit l’équivalent de quatre fois la lecture de Guerre et Paix) sont des aspects non négligeables pour ce type de cible. La technologie aboutie d’encre électronique reproduit une impression de qualité papier pour un confort de lecture maximal. Il est bien évident que malgré tous ces atouts, le livre électronique ne remplacera pas le rapport affectif du lecteur au livre papier. L’objet est moins convivial, mais plus pratique. Les étudiants et les professionnels s’y intéressent beaucoup, mais un frein demeure : le livre électronique ne reproduit pas les couleurs. Le consommateur est attiré par le produit pour ce qu’il est ?” ses performances, sa technologie ?” et non par le rapport au nombre de livres lus. Le livre électronique est un produit additionnel au livre papier, il n’est pas vraiment destiné à le remplacer.

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Frédérique Crépin