Depuis trois ans, les sorties de jeux PC diminuent et la tendance ne fait que se confirmer. Si les ventes et les sorties de titres ont toujours été fluctuantes, jamais aucune baisse ne s’est installée aussi durablement.Autre fait troublant, l’arrivée de la Xbox 360 (Microsoft), de la Wii (Nintendo) et de la PS3 (Sony), rendant obsolètes les consoles précédentes, n’a pas incité les éditeurs à se replier sur le PC comme c’est le cas à chaque période de transition. Au contraire, cet état de fait a sonné la fin des exclusivités PC et le développement des jeux sur tous les formats disponibles de façon quasi systématique. Cette situation est née d’une conjugaison de plusieurs facteurs.
Le piratage
En premier lieu, le piratage des titres PC. Le phénomène crée un manque à gagner. Et le système de clés, en général fournies dans le mode d’emploi du jeu, a ses limites.En effet, rien n’empêche un joueur qui n’en dispose pas d’emprunter celle de son voisin pour valider sa propre installation.Pour contrer ce phénomène, les éditeurs de jeux, et précisément de jeux de rôles massivement multijoueurs (ou MMORPG), ont mis en place un système de clés inviolables, en ligne, et donc lues et reconnues par les éditeurs. Bien plus efficace. Du coup, développer des jeux hors ligne est devenu moins intéressant que développer des jeux ‘ on line ‘. Sans parler des abonnements mensuels propres à ces derniers et parce qu’il apparaît que les jeux en ligne ne sont pas piratés. La dernière étude de l’Idate prévoit une stagnation des jeux hors ligne et un triplement du CA des jeux en ligne vers 2012.
Les consoles
Deuxième facteur : la montée en puissance des nouvelles consoles qui ont grignoté les prérogatives historiques du PC. A commencer par la puissance de calcul et les graphismes, ce qui s’applique à la PS3 et à la Xbox 360. En effet, ces deux machines gèrent des images en haute définition. Par ailleurs, elles ont aussi mis fin au monopole du jeu en ligne car les trois consoles se connectent à Internet. Elles accèdent aux contenus téléchargeables, aux patches et extensions réservées auparavant aux PC. Preuve supplémentaire, les World Cyber Games (équivalent des JO des jeux vidéo) employaient, il y a trois ans, 90 % de PC et 5 % de consoles, cette proportion est passée à 60 % de micros et 40 % de machines de salon.
Les coûts
Troisième facteur : les coûts de production sur micros devenus prohibitifs en raison de l’évolution constante du matériel. Aucun processeur, aucune carte graphique ne restent en tête des classements de performances plus de six mois.Les développeurs ont donc de plus en plus de mal à trouver le juste équilibre :créer un titre fort et accrocheur, fonctionnant sur le plus grand nombre de configurations, tout en étant techniquement novateur. Crysis est un titre emblématique doté de graphismes à couper le souffle, mais ce bijou technologique n’est destiné qu’aux écrins que constituent les PC les plus puissants du marché.C’est pour cette raison que Crytek n’en a pas écoulé le nombre voulu et que des rumeurs persistantes prévoient une sortie sur console. Le président de Crytek, Cevat Yerli, a déclaré lors d’une récente conférence de presse que le manque de vigueur du marché PC, combiné à l’impact négatif du piratage, poussait le studio à ne plus développer des titres destinés aux seuls PC.
Les MMORPG
Et si le pire ennemi du jeu sur PC était le jeu sur PC lui-même ? Les jeux massivement multijoueurs, dont le principal ambassadeur World of Wacraft, compte plus de 10 millions d’adeptes dans le monde. Leurs mondes persistants en perpétuelle extension font de chaque partie une expérience unique et nécessitent un financement des équipes de développeurs par abonnement mensuel. Quand un joueur investit 130 euros par an d’abonnement dans un titre en ligne, cela représente trois jeux qu’il n’achètera pas. De plus, les qualités addictives de ces jeux sont réelles et les heures passées en ligne sont autant de temps perdu pour jouer en solo.
Il leur reste des points forts
Cependant, le jeu PC n’est pas définitivement perdu car il lui reste quelques points forts. A commencer par l’ergonomie : les amateurs de jeu de tir à la première personne (FPS) ou de stratégie en temps réel (STR) ne jurent que par la combinaison clavier – souris bien adaptée à ce style de jeux. Même si certains éditeurs évoquent l’arrivée future des MMORPG sur PS3 et Xbox360, le PC demeure la machine reine.De plus, les interfaces complexes riches en sous-menus propres aux jeux de stratégie ou de gestion sont quasiment inadaptables sur consoles.Du point de vue financier, les titres PC sont ceux qui ‘ margent ‘ le plus, car les éditeurs n’ont pas à verser de royalties aux constructeurs de consoles.Enfin, le PC reste le support de jeu le plus démocratique, vu le parc de machines installées dans le monde. Outil principal de connexion au Net, il offre l’accès à de nombreux jeux gratuits, débordants d’originalité et ouverts à des créateurs indépendants car peu coûteux à mettre en ?”uvre. De par son architecture, il est le seul à gérer des fonctions en ligne très complexes.Des initiatives se créent, comme la PC GamingAlliance pour essayer de sauver le marché du jeu PC. Celle-ci rassemble les industriels les plus influents du secteur comme Intel, AMD, ATI, nVidia, Dell ou encore Acer, les éditeurs de jeux tels que Epic Games ou Activision.Son but est de coordonner marketing et promotion du jeu sur PC ainsi que de résoudre les problèmes d’exigences matérielles et de piratage. Sa constitution datant de février 2008, il est donc trop tôt pour juger de son efficacité.Plutôt que de parler de mort inéluctable du jeu sur PC, le terme de sursis est plus approprié. Un sursis que les grosses sorties prévues, telles Farcry 2, permettront sans doute de lever
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