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Le développement du Web passe aussi par EDF

L’accès Internet à haut débit par la ligne électrique pourrait réduire la fracture numérique entre la campagne et les grandes villes. Mais pour cela, les pouvoirs publics doivent encore faire sauter quelques verrous.

Faire passer l’Internet à haut débit par les lignes électriques plutôt que par les réseaux ADSL ou le câble ! L’idée revient en force. Elle avait suscité beaucoup d’espoirs dans les années quatre-vingt-dix, avant de sombrer dans
l’oubli, suite aux échecs des premières tentatives effectuées au Royaume-Uni par la compagnie Nortel. Mais depuis quelques mois, des expériences couronnées de succès se déroulent en région parisienne et dans le département de la Manche. Les
transmissions de données sur les lignes de courant électrique ne se limiteront bientôt plus à la construction de réseaux locaux à l’aide d’adaptateurs CPL (voir à ce propos notre rubrique Technologie).

Expériences concluantes en Ile-de-France

En banlieue parisienne, les premiers accès Internet à haut débit par le réseau électrique urbain ont été ouverts à Courbevoie, en avril 2003. Aujourd’hui, deux fournisseurs d’accès, Tele2 et Tiscali, participent à cette opération du
Sipperec (Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication). Au total, environ mille foyers des Hauts-de-Seine surfent avec des débits de 1 ou 2 Mbits/s. Dans le département de la Manche, les
expériences ont démarré l’été dernier à Haye-du-Puits, une commune de 2 000 habitants. Elles se sont étendues en novembre aux banlieues d’Agon-Coutainville et de Cherbourg-Octeville, des villes beaucoup plus importantes.Deux freins au développement commercial des accès Internet à haut débit par CPL ont été récemment desserrés. Depuis cet automne, l’Autorité de régulation des télécommunications délivre sur simple demande (comme pour le Wi-Fi) des
licences d’opérateur de transmission de données sur lignes électriques. Et la Commission européenne autorise tacitement les fabricants à démarrer les ventes de produits CPL, sans attendre la publication de la norme CE relative à ces équipements
(prévue pour 2005).En France, il reste cependant à abroger une loi qui interdit aux communes de prendre à leur charge le déploiement d’équipements de télécommunication. Il s’agit là d’une question fondamentale. D’abord, parce que chaque commune est
propriétaire des réseaux électriques moyenne et basse tension qui couvre son territoire (même si c’est souvent EDF qui les gère ensuite dans le cadre d’une concession). Ensuite parce que les investissements à consentir sont si importants (environ
1 000 euros par abonné) qu’aucun opérateur ou fournisseur d’accès ne veut s’y risquer seul.Une nouvelle loi abrogeant cette interdiction devait être présentée au Parlement en décembre. Au mieux, elle entrera en vigueur à la mi-2004. La réduction de la fracture numérique entre les grandes agglomérations, les petites villes
et les villages de province attendra donc encore un peu.

Le statut de l’électricien public en question

Enfin, les opérateurs aimeraient que le sac de n?”uds juridique qui entoure la position d’Electricité de France soit dénoué. EDF n’a aujourd’hui pas le droit de s’occuper de transmissions de données au sein de l’Hexagone. Mais les
choses sont moins claires pour ses filiales qui gèrent des concessions… et complètement obscures pour le futur EDF privatisé. Partenaire au long cours ou concurrent en puissance ? Chez nos voisins allemands, près de dix mille foyers
bénéficieraient déjà d’un accès à Internet par courant porteur en ligne, selon le cabinet d’études BMP TC. Il n’est que temps de s’y mettre !

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Eric Larcher