Laser bleu, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?Je suis un rayon laser de nouvelle génération, mon ancêtre étant le laser rouge. On m’appelle laser bleu (ou Blu-Ray en anglais) car la lumière que j’émets est de couleur bleu foncé. En effet, ma longueur d’onde se situe entre le bleu et le violet sur le spectre des couleurs.Quel est le rapport entre votre couleur et la quantité de données que peut contenir un disque optique ?Vous devez d’abord comprendre comment nous, les rayons laser, sommes utilisés sur un disque. Plutôt que de gravure, il faudrait parler de brûlure. Sur un CD-Rom ou un DVD, nous brûlons des petits points sur la surface du disque, le long d’une spirale qui va du centre du disque jusqu’à son bord extérieur. Plus il y a de points, plus il y a de données. Pour loger plus de données sur une même surface, il faut brûler des points plus petits et plus rapprochés. Le laser rouge avait déjà divisé par deux la taille des points par rapport à son ancêtre, le laser infrarouge. Moi, je vais encore plus loin, en permettant le stockage de 27 Go de données sur une seule face d’un disque de 12 centimètres.Pourquoi un laser bleu comme vous écrit-il plus petit qu’un laser rouge ?Simplement parce que je suis plus concentré ou, plus exactement, parce que j’ai une longueur d’onde plus petite, presque deux fois plus courte que celle d’un laser rouge. Songez à ce que vous pouvez faire avec un jet d’eau lorsque la pression est assez élevée. L’eau peut jaillir tout droit sur une assez longue distance. Et plus le jet est puissant, plus il est précis. Pour un rayon laser, c’est l’inverse. Plus la longueur d’onde des particules de lumière (les photons) est courte, plus le rayon est puissant, et plus le point d’impact sur la surface du disque est petit! Le point d’impact le plus petit tracé par un laser rouge mesure 0,4 micron. Moi, je peux me concentrer sur 0, 14 micron. Environ trois fois moins !Pour loger plus de données sur un CD ou un DVD, il suffirait de changer de laser ?Non, ce n’est pas aussi simple. Et il aurait été dommage de faire autant d’efforts uniquement pour écrire plus petit sur le même support. Mes inventeurs ont aussi réussi à augmenter le serrage de la spirale décrite tout à l’heure, en réduisant l’espacement entre deux révolutions de 0, 7 micron aujourd’hui à 0, 3 micron. La spirale sera ainsi considérablement allongée, mais on ne sait pas encore vraiment de combien exactement. Si on déroulait la piste d’enregistrement d’un CD-Rom, elle mesurerait 7 kilomètres, et celle d’un DVD 25 kilomètres. La spirale d’un disque au laser bleu, elle, sera une vraie autoroute.Cela affectera-t-il la fiabilité du disque à la lecture ?Les chercheurs y ont réfléchi assez longtemps en envisageant les contraintes des lecteurs à laser bleu équipant les PC, les baladeurs, les autoradios, etc. Le disque peut parfois être placé à l’horizontale, il peut y avoir des sauts, des mouvements aléatoires… Il fallait être sûr que dans toutes ces situations, je ne me tromperais pas de piste. Ou que mon rayon, réfléchi par la surface du disque, ne viserait pas à côté de la cellule photosensible décodant les données. Les chercheurs ont donc réduit la couche de matière plastique protectrice sur la face lisible du disque, qui passe avec moi, le laser bleu, de 0, 6 à 0, 1 millimètreLes disques au laser bleu seront donc plus fragiles ?Un peu plus. Cette réduction de la couche protectrice entraîne une plus grande sensibilité aux rayures. Comme pour les DVD actuels, il faudra sans doute prendre bien plus de précautions dans la manipulation des disques au laser bleu que pour les CD-Rom et les CD-Audio. Mais le jeu en vaut la chandelle : sur un Blu-Ray Disc, vous pourrez stocker environ quatre heures de programmes de télévision à haute définition (TVHD). Un DVD traditionnel ne peut contenir guère plus d’une heure de ce type de programme.Quelle est votre ambition? Remplacer le laser rouge et les DVD traditionnels ?Personne ne peut le dire. Mais je pense que les fabricants, comme Sony ou Toshiba, le souhaitent à terme. Le laser rouge et le format de DVD traditionnel rendent encore de grands services malgré quelques contraintes. Il ne s’agit pas seulement de la capacité de stockage, mais aussi de la vitesse à laquelle les données peuvent être transmises à un ordinateur ou à un lecteur de DVD de salon. Si vous numérisez sans les compresser les images d’une simple cassette VHS, et que vous les restituez à partir d’un ordinateur, vous obtenez un débit de 3 à 8 Mbit/s selon le film. Ajoutez-y une moyenne de 384 kbit/s par piste sonore (et il y en a en général trois), et vous dépasserez fréquemment les 4, 7 Mbit/s. C’est plus que le taux de transfert moyen dont est capable un DVD au laser rouge. Ma longueur d’onde plus courte me permet de faire beaucoup mieux, 36 Mbit/s aux derniers essais !Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?Pour les films distribués en vidéo, on pourra diminuer le taux de compression des images et gagner ainsi en qualité. Et il n’y aura aussi plus besoin de choisir quelles langues ajouter à la bande-son du film : on pourra toutes les insérer! Sans parler des contenus interactifs complémentaires, comme des jeux ou de la documentation pour accompagner l’ambiance ou le thème du film… Il en va de même pour les Blu-Ray Discs que vous graverez vous-même. Vous disposerez bien sûr d’une plus grande capacité de stockage, mais aussi, sans doute, d’une nouvelle génération d’outils de gravure et de création de disques, plus interactifs
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