Passer au contenu

La vérité si je mens !

On reproche souvent aux hommes politiques de ne pas faire ce qu’ils disent, aux chefs d’entreprise de ne pas dire ce qu’ils vont faire ; le…

On reproche souvent aux hommes politiques de ne pas faire ce qu’ils disent, aux chefs d’entreprise de ne pas dire ce qu’ils vont faire ; le patron d’Apple, lui, a fait mieux : dire le contraire de ce qu’il allait
faire ! C’était pourtant bien parti. Steve Jobs, habituellement parano en matière d’information et adepte de la langue de bois, s’était livré à Paris, lors de l’Apple Expo, à un exercice rare : une conférence de presse devant des
journalistes venus de toute l’Europe. Même s’il a refusé de dévoiler la stratégie de la firme pour cause de concurrence (ce que chacun peut parfaitement admettre), Steve Jobs avait été clair sur deux points qui nous turlupinaient tous : il n’y
aurait pas (du moins pour l’instant) d’iPod vidéo, ni de Mac ‘ media center ‘. Tout simplement parce qu’il ne croyait pas les consommateurs intéressés par l’ordinateur dans le salon, ni par l’idée de
regarder des films sur un écran minuscule. Et que croyez-vous qu’il arrivât ? Quelques semaines après, la presse européenne était à nouveau convoquée, à Londres cette fois, pour assister à la retransmission du show de Steve Jobs
annonçant… la sortie d’un iPod vidéo et d’une interface multimédia pour les Mac pilotée par télécommande. Steve Jobs nous aurait-il menés en bateau ? Pas du tout ! En fait, explique-t-il, l’iPod vidéo n’est pas un iPod vidéo, mais
un iPod permettant de regarder des vidéos ; et l’interface multimédia n’est pas destinée à mettre le Mac au salon, mais à simplifier la vie des utilisateurs ! Ce n’est plus de la langue de bois, mais de béton armé ! Jobs aurait-il
fait ses études dans l’ex-URSS ? Le pire, c’est que cela n’a rien d’incohérent : ces produits s’inscrivent dans la stratégie d’Apple, et la rumeur les annonçait. C’est d’ailleurs pour cela que les questions avaient été posées. Et c’est là
que le piège s’est refermé. Ne pas répondre aurait sans doute été interprété comme un aveu ; il fallait donc démentir pour mieux tromper les rivaux. Sachant que ces questions viendraient sur le tapis, Jobs aurait aussi pu éviter de rencontrer
la presse à l’Apple Expo ; mais il ne fallait pas fâcher l’Europe, l’un des principaux marchés d’Apple… Reste la désagréable impression d’une tentative de manipulation des journalistes pour le seul profit d’une entreprise (qui se porte
bien, merci !). Cela n’ôte rien à l’intérêt des produits d’Apple, ni au talent de Steve Jobs. Mais la prochaine fois qu’il convoquera les journalistes, ce sera sans moi.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Bernard Montelh