Les dernières puces d’ATI et de nVidia inaugurent les futurs circuits 3D. Les jeux seront plus beaux et les cartes graphiques s’adapteront aux diverses évolutions.
Des jeux offrant un rendu de qualité cinématographique : on en rêve. Les circuits graphiques Radeon série X800 d’ATI et GeForce série 6 de nVidia vont permettre d’effectuer un grand pas en avant dans cette quête du réalisme absolu. Ces deux nouvelles puces (les première cartes graphiques à en bénéficier devraient sortir courant juin) diffèrent radicalement des précédentes. Ce sont des processeurs à part entière. Aujourd’hui, la plupart des puces graphiques sont des circuits intégrés hybrides, avec une partie généraliste et une autre très spécialisée. Et une part non négligeable des transistors (30 % pour le Geforce FX 5950 Ultra) est exclusivement consacrée à la réalisation de fonctions très spécifiques : allumer une lumière, tourner un objet 3D, simuler un brouillard, etc. Les spécialistes parlent d’instructions ‘ câblées ‘, c’est-à-dire figées. Elles permettent de réaliser rapidement des opérations complexes qui imposent de lourds calculs à un processeur classique. Les premiers accélérateurs 3D grand public, tels les fameux Voodoo de 3Dfx, apparus en 1996, ont été conçus selon ce principe.L’ennui, c’est que ces instructions figées laissent peu de liberté ; elles ne permettent aux développeurs de jeux de préciser que la couleur de la lumière et du brouillard à produire, la nature et l’angle de rotation de l’objet à bouger. Impossible d’obtenir des effets originaux, tels une lumière aux couleurs d’un arc-en-ciel, un mouvement de rotation suivant une spirale, le confinement de la brume dans une boule de cristal. C’est justement pour permettre la réalisation de tels effets, sans solliciter le processeur central, que les puces graphiques ont été enrichies de capacités de traitements généralistes. Les premières du genre, les GeForce 3 de nVidia et le Radeon 8500 d’ATI, disposaient d’instructions programmables, sans rôle prédéfini, comme pour un processeur classique. Ces capacités de traitement ont été peu utilisées par les développeurs, pour ne pas ralentir l’affichage. Au fil des années, ATI et nVidia ont ajouté à leurs puces des instructions prêtes à l’emploi permettant aux développeurs d’enrichir facilement leurs jeux d’effets visuels.
Combinaisons de mouvement
Cette méthode a atteint ses limites. Elle oblige à changer de carte graphique pour bénéficier des effets dernier cri. Les utilisateurs de PC équipés de vieilles cartes à base de Radeon 9000 ou de GeForce 4 ne peuvent pas profiter des superbes effets d’ombre, de poussière de Prince of Persia, faute de disposer de l’instruction spécialisée nécessaire. En plus, le recours à des fonctions câblées ne se justifie plus : les unités de traitements généralistes intégrées aux puces graphiques actuelles sont assez puissantes pour générer des résultats similaires aussi rapidement. A tel point que les derniers-nés d’ATI et de nVidia (Radeon série X800 et GeForce série 6) n’ont plus de fonctions câblées ! Ce sont des processeurs entièrement programmables, capables de réaliser des opérations mathématiques à l’instar des processeurs généralistes classiques (Pentium, Athlon, etc.). En intégrant un nombre toujours plus grand de transistors (220 millions pour le Geforce 6800 Ultra contre 135 millions pour le Geforce FX 5950 !), ces nouvelles puces s’enrichissent d’instructions généralistes offrant aux programmeurs de nouveaux moyens d’action sur les paramètres de chaque point, les détails de chaque objet 3D. Elles ouvrent la porte à des combinaisons de mouvements, de couleurs, de textures et de lumières jusque-là impossibles. Half-Life 2 et Doom III, qui débarqueront à la rentrée, devraient être les premiers à en témoigner. En dépit de la suppression des instructions câblées, les nouvelles puces restent compatibles avec les jeux qui les utilisent encore (notamment les jeux anciens). Leurs pilotes sont en effet capables de convertir les anciennes instructions spécialisées en instructions généralistes. Ces dernières sont très liées à l’interface de programmation graphique DirectX de Microsoft. A l’avenir, les cartes graphiques devraient devenir obsolètes moins vite. De même qu’un vieux Pentium II est à même d’exécuter les logiciels actuels, elles devraient pouvoir faire tourner les jeux d’après-demain. Une promesse à laquelle on aimerait croire…