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La fin d’une époque

Hasselblad est près de jeter l’éponge. Leica, exsangue, vient de se voir refuser de nouvelles lignes de crédit par ses banques. Contax n’est pas mieux car…

Hasselblad est près de jeter l’éponge. Leica, exsangue, vient de se voir refuser de nouvelles lignes de crédit par ses banques. Contax n’est pas mieux car son repreneur, Kyocera, risque de se retirer du marché des
appareils photo. Rollei, lui, se contente de commercialiser sous son nom des appareils numériques d’autres constructeurs. Et le fabricant d’objectifs Carl Zeiss, qui avait réussi à vendre sa griffe aux Japonais, en mal de prestige dans
la photo, a du souci à se faire : l’un de ses principaux clients, Sony, vient de sortir un appareil doté d’un zoom… Sony.Si vous êtes nouveau dans la photo, ces noms ne vous disent peut-être rien. Ces constructeurs, tous allemands, ont pourtant marqué de leur empreinte la photographie du XXe siècle, avec des appareils de légende… et des prix en
conséquence. En gros, c’est comme si l’on vous annonçait que Rolls-Royce, Jaguar, Porsche ou Maserati allaient mettre la clé sous la porte ! Leur problème ? N’avoir pas su négocier le virage du numérique. Or, l’argentique
ne paie plus ; même dans le luxe. Les professionnels passent un à un au numérique et les rares amoureux de beaux appareils classiques sont déjà équipés ou achètent d’occasion.Avec la disparition de ces grandes marques – qui semble inéluctable, même si certaines obtiennent un sursis -, c’est tout un pan de l’histoire de la photo qui disparaît. Car l’histoire économique,
elle, ne fait pas de sentiment. Pour poursuivre notre métaphore automobile, souvenez-vous (si vous n’êtes pas trop jeunes !) des de Dion-Bouton, Mathis, Panhard, Talbot, Simca et autres Bugatti…Il en est cependant – un peu plus jeunes, et un peu moins élitistes – qui ont réagi à temps. Un peu comme Mercedes et BMW, Nikon et Canon ont su s’appuyer sur leur réputation assez flatteuse (et sur leur
savoir-faire) pour passer au numérique non seulement dans le haut de gamme, mais aussi sur un marché plus grand public – évolution déjà amorcée, il est vrai, avec les compacts argentiques. Car c’est seulement à ce prix qu’ils
pourront tenir face à des concurrents aux dents longues… et sans complexe.(*) Bernard Montelh, directeur de la rédaction

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Bernard Montelh*