AMD n’est pas mort. De retard en retard, on avait du mal à le croire tant le fondeur s’était laissé distancer par son rival Intel. En effet, depuis deux ans, Intel occupe le terrain des processeurs pour ordinateurs de bureau et portables avec ses puces à deux ou quatre c?”urs, se payant même le luxe d’emporter les ordinateurs Apple dans son sillage. AMD n’avait pas sorti de nouvelle architecture processeur depuis son Athlon 64 commercialisé en 2003 ! Mais le fondeur s’est réveillé. Avec le Phenom X4, AMD lance sa première puce quadruple c?”ur basée sur une nouvelle architecture au nom de code K10 ?” pour information, les Athlon 64 utilisent l’architecture K8. Ici, la grande nouveauté, c’est de proposer sur le marché un véritable quadruple c?”ur (lire l’encadré p. 16), natif. Là où Intel ne fait qu’associer deux noyaux de deux c?”urs dans une même puce (2 x 2). Et pour faire d’une pierre deux coups, AMD a aussi décidé de lancer dans la foulée de nouveaux circuits graphiques (GPU). Leur référence : Radeon HD série 3800. Leur but est de rattraper et de dépasser nVidia en termes de performance 3D. Puis, dans une logique d’ensemble plutôt marketing, AMD a choisi de réunir toutes ses cartes dans Spider, une plate-forme complète dans laquelle processeur et carte 3D AMD sont assemblés sur une carte mère munie d’un contrôleur, ou chipset, AMD 790. Trois atouts qui doivent sauver le fondeur de Sunnyvale face au géant Intel. Eh bien ! nous n’avons pas été épatés outre mesure, du moins par le processeur.
La guerre des puces perdue d’avance ?
Cadencé à 2,3 GHz, le Phenom 4X 9600 n’a pas réussi à distancer le Q6600, son équivalent chez Intel. Et cela, tant du point de vue du prix que de la fréquence de fonctionnement. Pire, là où la nouvelle architecture devait faire des merveilles, notamment en matière de traitements multitâches, elle se fait nettement distancer par la puce d’Intel, sortie il y a maintenant un an. Alors, pourquoi AMD ne réussit-il pas à remporter la donne avec une architecture en théorie plus efficace ? Tout simplement parce que le fondeur ne maîtrise pas encore le processus de fabrication de sa nouvelle puce, la gravure dans le jargon informatique. Alors qu’AMD a du mal à contrôler la production en 65 nm, Intel commence déjà à sortir ses puces en 45 nm. Du coup, la fréquence des premiers processeurs Phenom d’AMD est très en deçà de ce que propose Intel. Le X4 9600 que nous avons testé est la puce la plus puissante disponible à ce jour chez AMD. Elle fonctionne à peine à 2,3 GHz et ne dispose que de 2 Mo de mémoire cache L3 partagée. Chez Intel, le haut de gamme, le QX9650 gravé en 45 nm, fonctionne à 3 GHz et possède 12 Mo de mémoire cache.
Une bataille sur plusieurs fronts
Le retard est donc plutôt flagrant côté technique. Le seul maigre avantage du Phenom réside dans sa compatibilité avec les anciennes cartes mères équipées d’un Socket AM2, même s’il est fait pour les emplacements AM2 +. Il faut juste vérifier que le fabricant de sa carte mère propose une mise à jour du Bios (le micrologiciel de la carte) pour le faire fonctionner dans son PC. Autre problème, et de taille, AMD rencontre quelques soucis de fabrication (au niveau du cache L3 notamment), sur les premiers exemplaires sortis d’usine. Dans l’immédiat, le fondeur devra donc sortir un correctif que les fabricants de cartes mères auront à intégrer dans leur Bios. Puis dans un second temps, AMD corrigera le problème directement à la fabrication. De quoi ralentir considérablement la commercialisation de la nouvelle gamme ! Concrètement, le Phenom X4 9600 (2,3 GHz) ne sortira en masse qu’au premier trimestre 2008, ainsi que ses déclinaisons 9900 (2,6 GHz), 9700 (2,4 GHz) et 9500 (2,2 GHz). Leur prix n’a pas été pour l’instant communiqué officiellement. Mais, selon nos sources, les Phenom X4 9600 et 9500 devraient être vendus respectivement 250 et 220 euros. Alors que la puce Intel Q6600 que nous avons opposée au 9600 est commercialisée à environ 250 euros. Bataille sur les prix !En revanche, en ce qui concerne son nouveau circuit graphique, AMD qui a récemment racheté ATI, rappelons-le, peut avoir le sourire. Son Radeon HD 3870 est un as ! Il s’avère très performant face à un GPU nVidia GeForce 8800 GTS, commercialisé dans la même fourchette de prix (240 ?” 300 euros). Il séduira avant tout les joueurs exigeants qui aiment se faire plaisir avec les titres les plus récents et dans de très hautes résolutions d’affichage. Globalement, si la bataille des processeurs semble déjà perdue pour AMD, celle des cartes graphiques ne fait que commencer…
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