En pleine torpeur estivale, la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières a démantelé l’un des plus gros réseaux de contrefaçon de coques de téléphones Nokia. Au total, 65 000 pièces ont été saisies,
6 entreprises ‘ ayant pignon sur rue ‘ ont été mises en cause et les douanes estiment que plus de 700 000 imitations avaient déjà été écoulées.En annonçant, en juin, une hausse de plus de 50 % des saisies d’articles contrefaits, les douanes françaises avaient déjà tiré le signal d’alarme. En 2003, ce sont quelque deux millions d’imitations qui ont été interceptées à
leur arrivée en France. Et, au milieu de faux sacs Hermès et lunettes Gucci, les douaniers ont découvert ?” à leur plus grand étonnement ?” des cartouches d’encre, des accessoires pour téléphones mobiles et des logiciels.
‘ Tout comme les cigarettes, les produits technologiques constituent sans doute un filon d’avenir pour les contrefacteurs ‘, affirme Bernard Baudoin, de la Direction générale des douanes.Les premières tentatives d’imitation de produits high-tech ont commencé par des accessoires anodins : les façades (ou coques) pour téléphones mobiles, simples à reproduire. A l’approche de chaque événement médiatique important,
les douaniers interceptent des cargaisons de façades spécifiques : Euro 2004 de football au printemps dernier, Star Academy en cette fin d’année, etc. Mais les faussaires ne se sont pas arrêtés aux coques. Ils se sont emparés des accessoires
pour téléphones portables, comme les kits mains-libres ou les batteries.Et si l’emploi d’une coque imitée ne comporte pas de risque réel, l’utilisation d’une batterie contrefaite n’est pas sans danger. Nokia a été confronté l’année dernière à plusieurs accidents causés par de vraies-fausses batteries. Aux
Pays-Bas notamment, une personne a été blessée à la suite de l’explosion de la batterie de son Nokia 7210.
Des contrefacteurs très réactifs et très bien équipes
Peu à peu, les contrefacteurs ont développé leur savoir-faire, jusqu’au point de fabriquer des cartouches d’encre ou de toner pour imprimantes. ‘ C’est un type de produit que l’on ne voyait pas avant et que l’on
intercepte de plus en plus souvent ‘, confirme Bernard Baudoin. Les grandes marques sont les plus visées, et ce sont toujours les best-sellers qui sont attaqués. Chez Canon, ce sont essentiellement les cartouches de toner
pour imprimante laser qui sont copiées, tandis qu’Epson dit surtout souffrir de la copie de ses cartouches pour jet d’encre.Les douaniers s’étonnent d’ailleurs de la réactivité des contrefacteurs, souvent installés en Asie du Sud-Est. ‘ Mais la part de l’Asie tend à décroître (62 % en 2003 contre 84 % en 2002), au profit
notamment du Maghreb ‘, précise-t-on aux douanes. Difficile, en revanche, de savoir qui réalise ces contrefaçons. Tous les constructeurs assurent qu’aucun carton ne peut s’égarer dans leurs propres usines, et qu’il est
improbable que leurs sous-traitants fabriquent un petit peu plus que ce qui leur a été commandé. Il n’existerait donc pas de contrefaçon ‘ grise ‘ : des produits originaux vendus à moindre prix,
comme des copies. A voir.Les douanes n’ont pas les mêmes certitudes, mais se disent plus inquiètes encore de l’équipement de certaines usines fabriquant des contrefaçons. Elles sont aujourd’hui dotées de machines dernier cri, nécessitant de coûteux
investissements, pour réaliser des produits toujours plus complexes. Surtout que, depuis quelques années, l’attrait du marché national pour les contrefacteurs grandit. La part des marchandises saisies destinées à la France est en forte progression,
toutes catégories confondues : 35 % en 2003 contre 19 % en 2002 et moins de 5 % en 2001.’ L’essentiel des contrefaçons saisies, environ 40 à 45 %, sont des marchandises en transit sur le territoire destinées à l’Afrique, l’Amérique du Sud ou l’Europe centrale. Mais l’Hexagone est devenu
attractif pour écouler les imitations ‘, soulignait, lors de la présentation des résultats de ses services, le directeur général des douanes, François Mongin. En France, on ne trouve pas de contrefaçons dans les chaînes de
magasins ou les grandes surfaces. Les produits copiés sont généralement écoulés à travers des petites boutiques indépendantes, sous forme de lots présentés comme issus de stocks d’un magasin mis en faillite ou d’une fin de série.A qui profite le crime ? Difficile de le dire, même si la mafia russe est évoquée par de nombreux interlocuteurs.
La contrefacon des logiciels, nouvelle fraude difficile à endiguer
C’est d’ailleurs sur des sites russes que l’on trouve une autre forme de contrefaçon difficile à endiguer pour les douanes : les logiciels. Ces sites qui se font connaître par des envois massifs de publicités par mail affichent
des prix imbattables : Photoshop CS à 45 euros (habituellement vendu à 1250 euros) ou la suite Office de Microsoft à 30 euros (affichée en général à 700 euros dans sa version professionnelle).Là plus question de produits imités, il s’agit souvent de versions piratées, dont les systèmes de protection ont été désactivés, gravées sur CD. Ces logiciels étant envoyés dans des plis discrets par la Poste, aux clients qui les ont
commandés, leur entrée sur le territoire national est difficile à détecter.Pour l’instant, tous matériels informatiques confondus, les marques informatiques copiées n’ont pas encore véritablement réagi. A la suite des dommages corporels subis par certaines personnes ayant utilisé des batteries contrefaites,
Nokia a averti ses clients, mais s’est refusé à développer des systèmes de sécurité qui permettraient au téléphone de distinguer les batteries certifiées des imitations.Le japonais Nec a, lui, décidé d’ajouter une puce aux batteries de ses appareils. Un logiciel installé sur le téléphone contrôle ainsi, via un système cryptographié, l’origine de la batterie. Du côté des logiciels, les éditeurs ont
apposé des hologrammes, des certificats et ont essayé de perfectionner les packagings, pour compliquer le travail des faussaires
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