Savez-vous que la toute dernière carte graphique Radeon HD 2900XT d’ATI possède 700 millions de transistors, soit trois fois plus qu’un nouveau processeur Core 2 Duo ?Cette puce sait générer 742 millions de triangles par seconde. Une puissance si phénoménale que l’on ne peut s’empêcher de songer qu’elle est un peu gâchée quand on ne joue pas… Et les fabricants sont, depuis peu, du même
avis ! Pour nVidia, AMD/ATI, Intel et d’autres, le temps est venu d’étendre les spécialités des puces graphiques de façon à épauler le processeur central.
La puce graphique devient généraliste
La puce d’une carte graphique est un composant spécialisé, un circuit à l’architecture particulière lui permettant d’être plus forte que le processeur central pour ajouter d’un seul coup du jaune sur toutes les parois d’une grange en
feu ou lisser en même temps toutes les facettes d’une sphère. En revanche, elle est bien moins compétente que le processeur central pour, par exemple, prendre des décisions. Qu’importe. Décompresser un fichier DivX dans une fenêtre relève des mêmes
fonctions qu’afficher des reflets dans un miroir. Il s’agit là d’éviter de ralentir le PC chaque fois qu’on l’assomme d’opérations simultanées. Les puces graphiques contribueront demain à l’intelligence artificielle et se chargeront d’enregistrer un
DVD sur disque dur ou une visioconférence sur le Net
Décompresser l’audio et la vidéo
La décompression des flux vidéo est une fonction des cartes graphiques depuis plusieurs générations. Mais qu’elles s’occupent aussi du son, ça, c’est nouveau !La génération HD2000 d’ATI se charge de la décompression du son en 5.1 à la lecture de DVD. Il suffit de brancher sur la sortie vidéo DVI une prise HDMI spéciale. Nous n’en sommes pourtant qu’au début : le décodage
de formats avancés (Dolby TrueHD, Lossless…) revient encore au processeur.Côté vidéo, l’accent est mis sur la haute définition. Les cartes de nVidia disponibles depuis avril (GeForce 8500 et 8600) et celles d’ATI qui le seront cet été (Radeon HD 2400 et 2600) soulagent grandement le processeur des nouvelles
opérations de lecture introduites par le HD-DVD et le Blu-Ray. Il s’agit d’étendre l’image sur toute la surface d’un écran de très haute résolution sans perte de qualité et de prendre en charge le décodage des protections. Ces dernières consomment
en effet une part importante de la puissance d’un processeur, même récent
Accélérer les phénomènes physiques
Dans les prochains mois, l’accélération la plus importante concernera la simulation des phénomènes physiques dans les jeux vidéo, à savoir tout ce qui a trait au comportement réaliste des objets (déformation, gravité, etc. ). L’idée
est la suivante : une puce dédiée recalcule d’un coup la position de tous éléments de la scène pour l’image en cours. L’ensemble des données est ensuite envoyé à la carte graphique. Puis, le processus recommence pour l’image suivante.Il existe depuis plus d’un an une puce PhysX, mise au point par l’américain Ageia, qui remplit cette tâche. On la retrouve sur une carte de marque Asus ainsi que dans les PC d’AlienWare ou XPS de Dell. Trop chère, pas assez puissante,
trop propriétaire, elle ne devrait pas tarder à rejoindre le Panthéon des échecs commerciaux.Car le PhysX souffre d’un concurrent logiciel mis au point par la société irlandaise Havok. Elle propose aux éditeurs de jeux une liste d’effets physiques directement accélérés par les cartes graphiques de nVidia et ATI ! Plus de
150 jeux sont à ce jour optimisés de cette manière (dont les Age of Empires III, les Splinter Cell, StarCraft 2) sans que l’utilisateur ait eu quelque patch que ce soit à télécharger. Ce tour de force ?” ces cartes n’ayant jamais été vendues
comme accélérateurs physiques ?” a cependant un corollaire : la puissance investie dans le calcul des effets physiques se fait au détriment de l’accélération 3D. En juillet 2006, ATI a néanmoins fait une démonstration convaincante sur un
PC équipé de deux cartes : une Radeon X2900XTX dévolue à l’accélération 3D, et une Radeon 1600XT disponible pour exécuter les ordres de Havok. Selon le constructeur, cette configuration afficherait des performances dix fois supérieures à celles
d’une solution avec carte PhysX, du moment que les deux – voire trois – cartes graphiques d’ATI sont insérées dans des connecteurs PCI Express 16X.Depuis novembre, nVidia enfonce le clou avec ses GeForce de série G8. Ces cartes graphiques ont suffisamment de ressort dans leurs circuits pour traiter simultanément l’affichage et les opérations physiques, sans aucune perte de
performance. nVidia illustre son propos par une explosion de particules. Le processeur central n’indique qu’une fois à la carte graphique le nombre de celles-ci, leur vitesse et la durée de leur déplacement. Puis l’animation se déroule toute seule à
l’écran, laissant le processeur central disponible à 100 % pour faire autre chose. ATI propose des fonctions similaires sur sa toute dernière carte Radeon HD 2900XT. Les possibilités inédites de ces cartes ?” trop récentes ?” ne
sont pour l’instant exploitées par aucun jeu. Elles seront bien plus fréquentes quand DirectX saura les reconnaître. Aucune date n’est donnée.En attendant, chacun des fabricants impose aux éditeurs une interface de programmation différente pour que les effets physiques des jeux soient pris en charge. Les joueurs devront donc télécharger une mise à jour éventuelle pour
bénéficier de l’accélération matérielle d’une carte ou l’autre
Multiplier les c?”urs
En attendant les premiers titres compatibles vers la fin de cette année, les projets ne manquent pas, du côté des fondeurs, pour démultiplier encore les possibilités de leurs puces. Chez AMD/ATI, on annonce Fusion, un processeur avec
deux c?”urs, l’un étant un Athlon64 X2 et l’autre un R580, un Radeon de génération précédente. Il s’agit, entre autres, d’augmenter les possibilités de raisonnement des puces dans la chaîne d’exécution graphique. Cela dit, il est fort probable que
cette super-puce graphique Fusion soit, en fait, commercialisée en tant que processeur tout en un pour les PC d’entrée de gamme. Mais la révolution pourrait bien plutôt venir du Larrabee d’Intel d’ici 2009. Ce serait une puce contenant quantité de
bons vieux c?”urs Pentium disposés en grille. On conserverait ainsi les traitements parallèles d’une puce spécialisée, mais en lui ajoutant des fonctions évoluées comme celles de contrôler le scénario, la physique du monde ou, Arlésienne du jeu,
l’intelligence artificielle. On peut toujours rêver !
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