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Katmandou connexion

Au Népal, l’un des pays les plus pauvres du monde, la guérilla agite les campagnes… Mais loin de cette fureur, dans les ruelles de Katmandou inchangées depuis des siècles, l’arrivée d’Internet a provoqué une petite révolution des habitudes.

Dans les ruelles étroites du centre de Katmandou, rien ne semble avoir bougé depuis des siècles. Pourtant, l’apparition d’Internet, il y a une dizaine d’années, a réellement changé la vie des habitants. Partout dans la capitale, des points d’accès au Web ont été ouverts. Parfois, c’est un PC dans l’arrière-boutique d’un marchand d’épices, d’autres fois, particulièrement dans le quartier touristique de Thamel, il s’agit de véritables cybercafés alignant une vingtaine de machines.Pour Krishna Dhakal, du Net Café, qui surveille ses 21 micros à l’aide d’un petit logiciel de décompte de temps, ‘ le flux de touristes assure la rentabilité de l’entreprise. Ils peuvent rester des heures à tchater, pour eux, cent roupies [1,25 euro], ce n’est rien. ‘ Quant à Yadu Amgain, si son Cybernet Cafe & Communication et ses 25 postes ont tant de succès, c’est qu’il est couplé à un supermarché : ‘ Il est rare que les touristes fassent leurs courses sans un détour par le cybercafé, au fond de la boutique. ‘ Il est vrai qu’il propose une liaison radio à haut débit (256 kbit/s annoncés) grâce à l’antenne parabolique installée sur le toit. Il est alors tentant de s’essayer au tchate.

L’engouement des népalais

Si une partie importante de la clientèle est composée de touristes (beaucoup de cybercafés proposent des polices de caractères japonaises, coréennes ou cyrilliques…), les Népalais sont aussi devenus de gros utilisateurs d’Internet. ‘ Vous comprenez, explique Sushil Das, nous n’avons pas les moyens de nous équiper en téléphone et encore moins en ordinateur. Et… les messageries sont gratuites ! C’est devenu le moyen de communiquer économique et pratique. ‘Les prix, de 19 à 25 roupies l’heure, restent chers pour beaucoup, mais, si les habitants se sont convertis à Internet, ce sont les petits commerçants qui ont le plus vite compris son intérêt. La moindre boutique mentionne sur son enseigne l’adresse de son site et de sa messagerie. Même les plus réticents, comme Sony Shresta, de Shining Star export, reconnaissent que ‘ le travail a changé. Nous étions trop dépendants du tourisme et maintenant, pendant la saison creuse, les commandes d’artisanat qui nous parviennent du monde entier par Internet assurent un revenu constant. ‘Tout paraît donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, si loin de la guérilla maoïste qui enflamme une partie du pays… Il nous fallait bien une voix discordante. C’est Yadav Bahadur, fondateur d’une école de management qui s’y colle : ‘ Pour vous, Occidentaux, Internet, c’est presque un jouet. Pour nous, c’est vital… et non pas pour donner de nos nouvelles à nos parents. C’est essentiel pour nos étudiants qui n’ont pas les moyens d’acheter la coûteuse documentation que nous ne pouvons pas leur offrir… On trouve à peu près tout sur les sites des universités américaines ! ‘

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Teu Kuom