‘ Avec KaZaA, ils ont bouleversé l’industrie musicale. Avec Skype, ils ont chamboulé le secteur des télécoms. Maintenant, ils s’attaquent à la télévision avec Joost ‘. Voici comment, en
février dernier, le magazine américain Wired résumait le parcours étonnant de Niklas Zennström et Janus Friis, dont les idées tendent à révolutionner l’utilisation d’Internet.Leur dernier projet s’appelle donc Joost (www.joost.com) et vise à diffuser gratuitement des programmes de télévision sur le Net. Jusque-là, rien de très original. Mais Joost possède bien des
particularités. Comme KaZaA et Skype avant lui, le logiciel (actuellement en phase de tests, la version finale étant prévue pour courant mai) s’appuie sur un réseau peer-to-peer, qui peut s’accommoder de plusieurs millions d’utilisateurs simultanés.
Joost propose une télévision à la carte : aucun programme n’est en direct ; à la place, on bénéficie de reportages, de documentaires, de films que l’on peut regarder à tout moment, à la manière des services de vidéo à la demande
(Vod).Pas d’échange de vidéos piratées sur Joost : les contenus sont sélectionnés et officiels, fruit des premiers accords signés avec diverses sociétés de production. Pour se financer, Joost adopte le même système que les chaînes de
télé privée : la publicité. Quelques spots ciblés et courts (pas plus de 3 minutes par heure) sont diffusés entre ou pendant les émissions. Rien de bien gênant.S’y ajoutent des fonctions collaboratives façon Web 2.0 : constitution de sa propre grille des programmes, notation des vidéos vues et discussion en direct avec les autres internautes regardant une chaîne ! Joost est sans
doute en train d’inventer la télévision de demain, interactive et en ligne.
Une qualité perfectible
Les responsables de Joost affirment qu’on peut regarder un programme en plein écran. Certes… Toutefois, les séquences les plus complexes regorgent d’artefacts, comme sur un DivX mal réalisé !Les créateurs, qui ont opté pour le codec H264, ont cherché le meilleur compromis entre la qualité des images et la taille des vidéos à diffuser, mais les réglages de compression peuvent être largement améliorés.
Des programmes surtout en anglais
Films indépendants, documentaires, émissions musicales, clips vidéo, émissions sportives… pour le moment, le nombre d’émissions n’est pas encore très élevé (le projet n’en est qu’à ses débuts, après tout), mais le choix est
déjà assez varié. En revanche, presque tout est en anglais ! Les images dans d’autres langues feront sans nul doute leur apparition à mesure des accords avec des diffuseurs de divers pays. Une autre possibilité qu’on aimerait voir se
développer : des programmes multilingues, à la manière des DVD-vidéo, ou pour lesquels on pourrait afficher ou non un sous-titrage. Techniquement, rien ne l’empêche…
Technologie : la face cachée
Joost s’appuie sur un réseau peer-to-peer associé à des serveurs de diffusion de contenus (vidéos et publicités). Ceux-ci fournissent les images aux premiers utilisateurs regardant un programme, qui servent ensuite de relais aux
e-téléspectateurs suivants. Pour éviter le piratage, les vidéos sont cryptées, transmises en petits tronçons et stockées temporairement sur le PC de l’utilisateur. Comme tout système de peer-to-peer, Joost reçoit et émet simultanément des
données : environ 320 Mo reçus par heure et 105 Mo envoyés. Il faut donc au minimum une connexion à 1 Mbit/s pour l’utiliser (avec un débit montant de 256 kbit/s). Et tant qu’il n’est pas complètement fermé, le programme
continue de fonctionner en arrière-plan, à échanger des données… et donc à consommer des ressources, en ralentissant tous les autres accès à Internet ! De plus, le cryptage des données reçues (avec l’algorithme AES, l’un des plus sûrs
actuellement) impose de faire totalement confiance aux contenus fournis par Joost : que se passerait-il si un élément suspect (un logiciel espion, par exemple) accompagnait les vidéos lors des transferts ?
Au-dessus du lot
Joost n’est pas le seul service de diffusion de contenus télévisés par Internet. La télé par ADSL, sur un téléviseur ou un ordinateur (par exemple avec le Multiposte de Free), ainsi que les services de Vod (type CanalPlay) connaissent
un succès croissant. D’autres systèmes tentent de diffuser des contenus en direct sur un réseau peer-to-peer : c’est le cas de Sopcast et de Peercast, qui ne sont pas encore très fiables. Sopcast est également employé par des logiciels donnant
accès aux chaînes de télé diffusant leur programmes sur le Web en streaming, comme PeerTV ou Maxtv (voir ci-contre). Mais Joost reste, même en bêta, l’un des plus évolués que nous ayons testés.
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