Sur les routes de la campagne anglaise, alors que l’officier Jason Sommerville patrouille paisiblement, son ordinateur de bord lance soudain : ‘ No driving license ! ‘ (pas de permis de conduire). Il freine brusquement, fait demi-tour et prend en chasse le véhicule suspect, qui roule en sens inverse. L’officier Sommerville n’a même pas eu besoin d’apercevoir la voiture : c’est son écran de contrôle qui a affiché la photo du véhicule, une Fiat 500 rouge, qu’il intercepte rapidement. Et, vérification faite, le conducteur roule effectivement sans permis.Scénario futuriste ? Non, nous sommes en 2006, à Northampton, au nord de Londres. Nous aurions pu être ailleurs : toutes les grandes villes de Grande-Bretagne sont équipées de patrouilles semblables. Qu’est-ce qui a trahi le suspect ? Sa plaque d’immatriculation, scannée et identifiée en quelques instants par une caméra embarquée dans la voiture de police, fixée sous le rétroviseur. C’est le premier maillon d’une longue chaîne. La caméra, branchée sur l’ordinateur, filme les voitures qui roulent en sens inverse. Un logiciel se charge d’isoler la plaque d’immatriculation et d’en reconnaître les caractères. Il interroge alors plusieurs bases de données d’infractions nationales, auxquelles l’ordinateur de bord se connecte à distance, via le réseau téléphonique mobile. Ces bases référencent plus de 28 millions de véhicules. Parmi eux, 1,1 million sont susceptibles de déclencher une alerte. Le système se révèle tellement efficace que les petits délits sont filtrés pour éviter la surcharge.Sachant qu’il est difficile d’échapper à la surveillance de ces caméras, de nombreux conducteurs britanniques ont modifié leurs habitudes. En cinq ans d’existence, les petites infractions ?” défaut d’assurance, non-paiement de la taxe ?” se sont raréfiées. Les vols de voitures ont, quant à eux, vu leur nombre chuter, même s’il est difficile d’obtenir des chiffres précis. Le seul qui soit sûr : la police dépense 13 000 livres (19 400 euros environ) pour chaque voiture. Et plusieurs centaines de patrouilles sont équipées au Royaume-Uni. Le surplus d’amendes généré n’absorbe qu’une petite partie de ces dépenses.Reste la question des libertés publiques. En effet, lorsqu’une plaque est photographiée, l’ordinateur enregistre également la date et l’heure du cliché, les coordonnées géographiques (GPS) du véhicule, ainsi qu’une petite photo du conducteur.
Bientôt adopté par la France
Ces informations sont conservées pendant deux ans. Seront-elles systématiquement utilisées à bon escient ? La question nous concernera bientôt. La France s’apprête en effet à importer le système. La loi contre le terrorisme du 23 janvier 2006 a ouvert une brèche dans laquelle le ministère de l’Intérieur s’est engagé : les derniers obstacles juridiques devraient être levés courant décembre, et les premières patrouilles équipées devraient voir le jour début 2007.Le Lapi (Lecture automatique des plaques d’immatriculation) français devrait cependant être moins ambitieux que l’ANPR (Automatic Number Plate Recognition) anglais. Utilisé pour traquer les terroristes et les ‘ criminels ‘, le Lapi ne devrait pas s’intéresser aux conducteurs sans assurance ou sans permis, notamment par manque de moyens. Chez nous, le ministère ne consentira pas un effort financier aussi important que celui qui a été fait outre-Manche
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