Passionné par la création ‘ sous contraintes ‘, tels que l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) de Pérec, Queneau et Calvino ou l’OuBaPo (Ouvroir de Bande Dessinée Potentielle) de Trondheim, Ayroles et Lécroart, François Narboux s’est essayé à l’OuPhoPo : une série de photos réalisées également sous contraintes, arbitraires ou non. Le déclic lui est venu lors d’une promenade à Lyon, en prenant conscience de l’omniprésence, dans les rues, de deux campagnes publicitaires tape-à-l’?”il. ‘ J’ai juste imaginé l’effet que donnerait une juxtaposition très rapide de ces panneaux, exactement comme si j’avais filmé toute ma promenade et n’avais gardé au montage que les images où ces panneaux étaient centrés. ‘ Il choisit ainsi comme vaste sujet le milieu urbain et son mobilier : les poubelles, les grilles d’arbres, les feux rouges, les affiches publicitaires, les croix lumineuses des pharmacies, etc.Pour chaque série, il cumule une collection d’images à sujet central identique et unique, dont il tire ensuite une séquence animée d’images en enfilade. Au rythme des vingt-cinq images par seconde, la séquence devient un véritable film drôle et saisissant, centré sur un objet récurrent et persistant, presque immobile. Pour que l’effet soit réussi, François observe des règles précises : un même appareil (son bridge Sony DSC F-717), une distance de prise de vue déterminée, un cadrage centré du sujet selon des repères visuels récurrents, et une focale de 38 mm. Quelle que soit la situation de prise de vue, cocasse ou dangereuse, il doit s’y plier : tel est le rituel de l’OuPhoPo. Une fois ses images engrangées, le photographe ajuste en retouche cadrage, exposition et chromie pour caler au mieux les photos et éviter les vibrations du sujet. Au montage sous Flash, l’artiste cherche avant tout à ‘ créer un contraste entre l’élément central fixe et le monde environnant mouvant et foisonnant ‘. Il cherche parfois à recréer une dynamique subtile en plaçant les photos dans un certain ordre. Pari joliment réussi. Dans Pédales, le petit vélo signalétique roule sur le bitume ; dans Lumière !, l’obélisque de la Concorde se promène ; dans Grilles, l’arbre grossit, puis la grille se soulève. Un travail de longue haleine. Plusieurs journées de prises de vues et de montage aboutissent à des cycles d’images de deux secondes à peine. Défilant en boucle, ces animations sont autant de regards amusés et amusants sur le monde qui nous entoure que de vrais moments de magie et de poésie citadine en musique. L’artiste met en avant ‘ l’esthétique, tout en dénonçant l’omniprésence visuelle ‘ du design urbain.Le web est le mode de diffusion idéal pour ce travail. Selon l’auteur, Flash s’est révélé être la meilleure solution d’animation et de publication, car il permet à la fois d’optimiser le poids des cycles d’animation et de gérer la lecture en mode séquence vidéo ou photo avec arrêt sur image. Subsistent d’évidentes contraintes : le poids des images faiblement compressées pour supporter une lecture simple, l’obligation conséquente pour l’internaute d’être en haut débit, et la lacune de beaucoup d’ordinateurs qui ne peuvent suivre la cadence du défilement des images. Des contraintes bientôt dépassées, qui ne nous gâcheront pas le plaisir de découvrir d’autres futures animations : les design connus (les boîtes aux lettres), les marques très implantées (banques, fast-foods, opérateurs de téléphonie, etc. ), ou encore les uniformes (policiers, éboueurs).
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