Ce qu’il y a de bien, avec la presse économique, c’est qu’elle n’a aucune pudeur. Ainsi, dans les Echos du 29 novembre dernier, un fort intéressant article nous explique froidement qu’il existe sur Internet ‘ trois grands domaines de trafic largement inexploités en matière de monétisation ‘ : les blogs, les services de téléphonie et les plates-formes d’échange de vidéos. Et notre confrère d’expliquer que, bien sûr, il est urgent pour les annonceurs d’investir ces ‘ gisements inexploités ‘. Pensez donc : il y a encore des espaces sur Internet où l’on peut communiquer sans publicité et sans ‘ liens sponsorisés ‘ ! Quel archaïsme ! Quel gâchis ! Mais que font donc les commerciaux ? Rassurez-vous, ils s’agitent. Comme à l’époque de la première bulle Internet, mais en mieux, des tas de petits malins s’ingénient à trouver le moyen de ‘ monétariser ‘ les quelques espaces de liberté qui restent sur le Web. Ainsi, cette idée lumineuse de rémunérer les internautes qui, dans leurs blogs, recommandent tel ou tel produit. Vous allez me dire : où est le problème ? De toute façon, la pub est partout, y compris dans votre journal et sur votre site Web. Alors ? Eh bien, la différence, c’est que dans les médias traditionnels (qu’ils soient payants ou gratuits), la publicité est clairement identifiée ; elle permet de financer des infrastructures et des journalistes, bref des salariés payés pour produire de l’information, la mettre en forme, la vérifier. Et l’indépendance de la rédaction par rapport à la publicité est garantie, ne serait-ce que par la déontologie des journalistes. Dans les nouveaux médias du Net, en revanche, la gratuité est censée être la règle, tant pour ceux qui consomment que pour ceux qui produisent, et la parole est supposée être libre. Cette complémentarité est une bonne chose pour l’information et la démocratie, à condition que les cartes ne soient pas biaisées. La tentative d’organiser la manipulation commerciale des blogs est évidemment la plus méprisable qui soit, trahissant cyniquement la confiance des internautes ; et la plus dangereuse, car elle jette la suspicion sur la sincérité de tous les blogueurs. J’espère qu’elle sera unanimement rejetée. Mais un autre modèle économique mérite aussi qu’on y réfléchisse : l’introduction de la publicité sur des sites où les internautes postent et échangent gratuitement de l’information n’est en fin de compte qu’un moyen d’enrichir une poignée de personnes (les créateurs desdits sites) grâce au travail gratuit de milliers d’autres (les internautes) ?” sans que ceux-ci en aient conscience, évidemment. En d’autres termes : le gisement de profit inexploité… c’est vous !
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
