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Géographes pour GPS

Nouveaux axes routiers, changements de signalisation… pour que les GPS restent efficaces, les données cartographiques qu’ils exploitent sont régulièrement mises à jour par des équipes de géographes. Nous avons accompagné l’une
d’elles dans son périple à Paris.

Pour éviter de se perdre dans les entrelacs du réseau routier, de plus en plus d’automobilistes s’équipent d’un système de localisation et de guidage par GPS. Il en existe de nombreux (voir notre récent comparatif dans
l’Oi n?’ 190, p. 120) mais les bases de données cartographiques que les GPS exploitent pour guider le conducteur ne présentent pas une telle diversité. Elles proviennent soit de Navteq, soit de TeleAtlas, les deux seuls
fournisseurs du marché.Chez Navteq, les cinquante-neuf géographes du bureau français parcourent chaque année entre quinze et vingt mille kilomètres à bord de véhicules adaptés. Leur mission : vérifier et compléter la base de données existante. Tout
doit être répertorié ! Du chemin vicinal à l’échangeur d’autoroute, en passant par le rond-point de village, la zone limitée à une vitesse de 30 km/h, le relais routier et la dernière station-service avant l’autoroute… La fréquence
des mises à jour globales, qui nécessitent de revisiter chaque portion de territoire, dépend de la densité de la population : les grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille sont systématiquement contrôlées tous les ans, la première couronne
de la région parisienne tous les deux ans, et le reste du territoire national tous les trois à quatre ans.

Une cartographie très détaillée impossible à stocker dans un GPS

Répartis dans huit agences régionales, les géographes de Navteq effectuent aussi des vérifications ponctuelles tout au long de l’année, notamment lorsqu’une anomalie (changement de sens de circulation, nom de rue mal orthographié,
etc. ) a été signalée par un utilisateur ou un constructeur. Un géographe vérifie alors l’information auprès de la mairie de la commune concernée ou en se rendant sur place, puis il procède éventuellement à une modification qui sera intégrée dans
l’une des quatre mises à jour annuelles de la base de données commercialisée. Afin d’être tenus informés des évolutions de la voirie ou de travaux qui pourraient condamner une rue durant plusieurs mois, les géographes sont également abonnés aux
journaux municipaux des communes dont ils ont la charge.Malheureusement, la base de données cartographique de la France occupe une telle quantité de mémoire qu’aucun GPS autonome du commerce ne pourrait la stocker en intégralité. Les constructeurs n’en sélectionnent donc que des extraits
en fonction de leur propre cahier des charges et de leurs priorités. C’est pourquoi certaines informations, pourtant répertoriées par Navteq (comme les rétrécissements de chaussée, les multiplications de voies, l’ouverture d’une rue soumise à
horaires ou la limitation ponctuelle de la vitesse autorisée, etc. ), ne figurent pas dans tous les GPS qui utilisent sa base de données cartographique.

Un véhicule adapté

Les déplacements sur le terrain s’effectuent à deux. Le chauffeur peut être un géographe Navteq ou un intérimaire recruté pour sa connaissance de la région visitée. Pour contrôler et mettre à jour les informations contenues dans la
base de données, le géographe dispose d’un écran LCD tactile sur lequel s’affichent les informations déjà collectées pour un lieu particulier. Une caméra haute définition, couplée au système de navigation GPS, filme en permanence la position du
véhicule au rythme de trois images par seconde. Chaque vue est ‘ géoréférencée ‘, ce qui permet de savoir exactement où et quand elle a été prise. Lorsque le géographe décèle une modification affectant
la base de données (changement de nom de rue, modification d’un rond-point, fermeture d’un commerce…), il tape l’information sur son PDA ou l’enregistre oralement via un microphone relié à l’ordinateur embarqué.

La route en mémoire

C’est dans la boîte à gants du véhicule ?” bien à l’abri des regards… ?” que se cache le c?”ur du système. Avant chaque campagne de référencement, le géographe récupère sur le serveur de Navteq, basé à Fargo aux
Etats-Unis, la cartographie de la zone à visiter puis il la stocke sur une clé USB. Une fois dans le véhicule, il transfère les données de la clé dans l’ordinateur embarqué, un PC fonctionnant sous Windows XP. Les informations collectées durant la
campagne de mise à jour (images vidéo, enregistrements audio, relevés d’informations) sont sauvegardées sur deux disques durs amovibles de 80 Go.

Des millions d’informations

L’écran LCD affiche les données cartographiques de la zone en cours d’exploration. Sur cet écran figurent tous les segments de route qui composent la cartographie (la base de données française de Navteq compte près de 7 millions de
segments !). Chaque segment représente une distance de quelques mètres à quelques kilomètres et peut contenir jusqu’à 150 informations (attributs) destinées à accroître la précision de la navigation : sens unique, limitation de vitesse,
accès soumis à horaires, présence d’un terre-plein central, nature du revêtement (chemin de terre, voie goudronnée, etc.).

Alimentation autonome

Une batterie placée sous le plancher du véhicule ?” en l’occurrence, un Renault Scenic ?” alimente l’ensemble du système Navteq, de la caméra vidéo à l’ordinateur, en passant par l’écran LCD. Elle se substitue à celle du
véhicule qui, moteur arrêté, serait incapable d’alimenter longtemps les instruments de navigation utilisés. La trappe dissimule aussi la prise reliant l’antenne extérieure au récepteur GPS.

Mise à jour des données

De retour au bureau, le géographe récupère sur son PC les données qu’il a enregistrées lors de sa campagne de mise à jour. Il en effectue également une copie de sauvegarde sur un disque dur externe. Ensuite, il procède aux ajouts et
mises à jour nécessaires. Pour s’assurer de leur exactitude, il utilise la vidéo et les fichiers audio enregistrés sur le terrain. Enfin, il transfère le fichier corrigé sur le serveur global de Navteq. Une fois validée, l’information sera intégrée
à la prochaine mise à jour. Les informations relevées en décembre 2006 figureront ainsi dans la prochaine mise à jour de la base de données, prévue pour mars 2007.

Porte-à-porte

Carte papier en main, le géographe sillonne à pied les lieux inaccessibles en voiture. Il collecte les informations nécessaires à l’établissement de la base de données et relève les points d’intérêts (POI dans le jargon des systèmes
de navigation) : restaurants, stations service, hôpitaux, postes, banques, etc. L’une des dernières campagnes menées par Navteq a consisté à répertorier l’intégralité des POI de Paris, mobilisant quinze personnes durant trois mois.

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Philippe Fontaine