Dans quelques mois, l’ADSL risquera de paraître bien lent à certains internautes français. En effet, à partir du début 2007, quelques heureux privilégiés disposeront chez eux d’une connexion Internet à ‘ ultra
haut débit ‘, grâce à la fibre optique. Plus précisément, grâce à la technique du FTTH (Fiber To The Home, ou Fibre à la maison) que Free va déployer chez certains de ses abonnés. A la clé : un débit
de 50 Mbit/s ‘ garanti ‘, dans les deux sens (montant et descendant), contre quelque 20 Mbit/s pour l’ADSL dans sa version dopée (l’ADSL 2+) et dans le meilleur des cas (pour les freenautes
situés à proximité de leur DSLam, le centre de raccordement de leur ligne téléphonique).De fait, l’éternel agitateur du PIF (paysage Internet français) a jeté un véritable pavé dans la mare le 11 septembre dernier en annonçant le déploiement prochain de cette technologie dans les zones à
‘ forte concentration d’abonnés ‘ (c’est-à-dire comptant plus de 15 % d’abonnés à ‘ Free haut débit ‘).Sont concernées en premier lieu les grandes villes, bien sûr, mais aussi des communes plus modestes et même certains quartiers à haute densité de freenautes. Cela ne se fera évidemment pas en un jour : Free prévoit que ce
gigantesque chantier s’étalera au moins jusqu’en 2012.
A Paris dès 2007
Ce sont les abonnés parisiens qui inaugureront cette technique de raccordement à Internet, à partir du début de l’année prochaine. Iliad, la maison mère de Free, aurait passé des accords avec la ville de Paris pour matérialiser l’un
des rêves de Bertrand Delanoë, le maire de la capitale souhaitant déployer la fibre optique dans les foyers parisiens pour un accès Internet à très haut débit. Toutefois, s’il sera progressivement étendu, le passage au FTTH ne concernera pas tout le
territoire français à terme. Pour des questions à la fois techniques et économiques, Free continuera à employer l’ADSL dans de nombreuses régions, en le complétant par du WiMax (du Wi-Fi rapide à grande portée) dans certaines zones (les régions
montagneuses, par exemple).Le projet FTTH est ambitieux. D’abord, parce qu’il va nécessiter un investissement considérable (1 milliard d’euros sur cinq ans, selon les responsables de Free). Ensuite, parce qu’il prend de vitesse les autres sociétés lancées dans
l’aventure, notamment France Télécom, qui a juste commencé à installer des accès par fibre optique chez quelques utilisateurs parisiens, à titre expérimental. Enfin, et surtout, parce qu’il modifie profondément la nature de Free. Car en développant
son infrastructure FTTH, le FAI va constituer son propre réseau de communication, jusqu’à l’abonné (ce que l’on appelle la ‘ boucle locale ‘ dans le jargon des télécoms), sans avoir à emprunter les
câbles téléphoniques de France Télécom sur les derniers mètres (entre le DSLam et l’abonné). De fait, c’est donc un rôle de véritable opérateur que Free tiendra dans l’avenir.Sur le plan technique, le FTTH adopté par Free va différer de celui de ses concurrents directs puisqu’il va s’appuyer sur le principe du Point à Point, c’est-à-dire de la ligne non partagée. Chaque abonné disposera ainsi de sa propre
fibre optique, reliée directement à un commutateur, les lignes d’un immeuble étant rassemblées dans un faisceau multifibres, faisceau qui sera lui-même regroupé avec d’autres pour passer de quartier en quartier à travers le réseau des égouts.
Avantages de cette formule : le contrôle complet sur toute la ligne, et, surtout, la garantie du débit. Free promet ainsi du 50 Mbit/s dans un premier temps, mais on sait que cette technologie permet d’atteindre en théorie du
100 Mbit/s. De quoi laisser une jolie marge de progression…
Migration automatique gratuit
En pratique, le passage de l’ADSL au FTTH s’effectuera à l’initiative de Free. Les freenautes concernés devraient être directement informés sans avoir à le demander, et donc sans avoir à remplir préalablement un formulaire ?”
contrairement à ce qui se passe actuellement pour ceux qui souhaitent être dégroupés. Les abonnés qui utilisent une ancienne Freebox (V4 et précédentes) recevront un nouvel ensemble de ‘ box ‘ similaire
à celui qui compose la fameuse Freebox V5 : un boîtier pour la connexion à Internet, semblable à l’actuelle Freebox ADSL mais avec une prise optique à la place de la prise téléphonique ; plus un boîtier multimédia, la Freebox HD. Ceux qui
ont déjà une Freebox V5 se verront échanger leur boîtier ADSL contre un modèle optique.Le câblage en fibre optique au domicile sera réalisé par des techniciens mandatés par Free, qui viendront installer une prise (une seule en principe) dans l’entrée du logement, après avoir passé les câbles multiples dans les gaines de
l’immeuble. Aucun problème pour les propriétaires d’une maison individuelle, mais dans les logements collectifs, il faudra obtenir au préalable l’autorisation du syndic et de la copropriété ; des démarches que Free promet d’anticiper et
d’accompagner, en effectuant directement les demandes. A suivre…
Service universel
Cerise sur le gâteau : le passage en FTTH s’effectuera sans frais pour les anciens abonnés, que ce soit pour le câblage ou l’échange de Freebox (seuls les nouveaux pourraient avoir à participer aux frais d’installation). Plus
fort encore : l’abonnement en ultra haut débit par fibre optique sera toujours facturé 29,90 euros par mois ! Sur ce point, Free reste fidèle à sa politique de tarif unique. Voilà qui fera grincer des dents chez la concurrence qui
envisageait déjà des prix nettement plus élevés.A quoi servira un débit de 50 Mbit/s ? Pour le moment, Free parle surtout d’un nouveau service de télévision permettant de recevoir plusieurs chaînes en HD (pour regarder une émission sur une chaîne et en enregistrer une
autre, par exemple), chacune nécessitant en moyenne une bande passante de 8 Mbit/s en MPeg4. Mais avec un tel débit, qui plus est symétrique, on peut aussi imaginer à terme la possibilité pour chaque abonné de diffuser en haut débit ses propres
contenus audiovisuels…Enfin, dernière annonce spectaculaire : en marge de sa formule commerciale, Free compte proposer un service universel gratuit par fibre optique (moyennant une caution pour la Freebox), service comprenant un abonnement
téléphonique (mais pas les communications), la télévision en numérique et un accès à Internet en ‘ bas débit ‘. Un système ‘ triple play ‘ basique pour,
selon les dirigeants de Free, ‘ lutter contre la fracture numérique et permettre à ceux qui n’ont pas les moyens d’accéder à Internet de surfer sur le Web et d’échanger des mails ‘. Une démarche
généreuse… et astucieuse, puisqu’elle permettra aussi d’engranger de futurs abonnés payants !
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