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Excès de vitesse

Pour les spécialistes de l’informatique, l’année 2003 aura été marquée par un phénomène aussi discret qu’instructif : l’arrêt de la course effrénée à la vitesse des processeurs.

De fait, ces douze derniers mois, la fréquence maximale de la puce la plus ‘ rapide ‘ du marché, le Pentium 4 d’Intel, est passée seulement de 3 GHz à 3,2 GHz : 200
‘ petits ‘ mégahertz en un an, alors qu’entre 2000 et 2002 le Pentium avait grimpé de 1 à 3 GHz !Le constat est similaire du côté d’AMD, l’Athlon XP tournant à un peu plus de 2 GHz depuis environ un an. Un ralentissement d’autant plus étonnant que, durant des années, les deux fondeurs nous ont habitués à
une compétition sans relâche sur le terrain de la fréquence. Aurions-nous atteint une limite physique infranchissable ?Pas tout à fait. En réalité, les fabricants de semi-conducteurs se heurtent aujourd’hui à deux problèmes. Le premier concerne effectivement une contrainte technologique, liée au procédé de fabrication des circuits intégrés et au
dégagement de chaleur découlant de l’augmentation de la fréquence. Le second, quoique toujours technique, est beaucoup plus amusant : c’est que les autres composants électroniques de l’ordinateur, en particulier la mémoire
vive, ne parviennent pas à tenir la cadence !En clair, les données que le processeur doit traiter n’arrivent pas assez vite. Du coup, les fabricants de circuits doivent multiplier les astuces pour éviter que leurs puces ne passent le plus clair de leur temps à se tourner
les pouces ?” pardon, les pattes ?” faute de données à se mettre sous la dent : anticipation des calculs, intégration de davantage de mémoire cache, entrelacement de la mémoire, élargissement du bus d’échange, etc.
Le plus drôle dans l’histoire, c’est que cette relative stagnation n’a engendré aucun émoi.Et pour cause : il y a longtemps que le moindre processeur d’entrée de gamme suffit aux besoins les plus courants, qu’il s’agisse d’écrire du texte, de surfer sur le Web ou de graver des CD. Mieux, à en
juger par la remontée des ventes de PC, il semblerait que cette soudaine accalmie ait encouragé le public à s’équiper. Comme si, fatigués de cette perpétuelle fuite en avant, les consommateurs avaient préféré mettre l’accent sur le
confort d’utilisation (périphériques, affichage, connecteurs, stockage…) plutôt que sur la cylindrée du moteur. Logique : on n’achète pas une voiture uniquement pour sa vitesse…(*) Rédacteur en chef de l’Ordinateur Individuel

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Félix Marciano*