- Votre ordi est-il vert ?
- Entre promesses et concrétisation
- Agir autrement pour préserver la planète
Un nouveau terme a fait son apparition dans le vocabulaire des constructeurs informatiques : éco-conception. Il s’agit d’intégrer les problématiques environnementales dès la création des produits : choix de composants économes, limitation des matériaux toxiques, facilité du démantèlement en vue du recyclage, réduction des emballages, etc. Programme Design for Environment de HP, Asset Recovery Services de Dell ou Système de management environnemental global de Sony sont quelques-unes des démarches mises en place par les fabricants.
Halte au discours marketing
Parfois, la volonté se révèle fédératrice comme en témoigne le consortium Green Grid (AMD, Intel, Microsoft, IBM…) qui vise à augmenter l’efficacité énergétique des fabricants. D’autres labels environnementaux indépendants font aussi preuve d’initiative (Energy Star, TCO Development, Blauer Engel et Nordic Swan ou encore EPEAT). Autant d’appellations qui n’aident pas le consommateur à avoir une vision précise de l’écologie appliquée aux composants informatiques. À part quelques modèles tels que le Scaleo Li 2405 Green Edition de Fujitsu Siemens, 90 % recyclable et économe en énergie, ou encore l’attendu EcoBook d’Asus, un portable en bambou (végétal 100 % biodégradable et qui absorbe du CO2), la concrétisation des politiques écologiques se fait attendre.Si le principe d’éco-conception est une démarche louable, elle rencontre dans la pratique bien des difficultés. D’abord parce que la fabrication d’un ordinateur, c’est avant tout de l’énergie. Selon Eric Williams, professeur à l’Université des Nations unies (UNU) et co-auteur, en 2003, de Computers and the Environment : Understanding and Managing Their Impacts, la construction d’un ordinateur avec écran 17″ à tube cathodique requiert 260 kg d’énergie fossile, soit onze fois le poids de l’équipement. Ajoutez à cela 22 kg de produits chimiques et 1,5 tonne d’eau, vous obtenez le cocktail détonant de la conception d’un seul ordinateur ! Contacté, Eric Williams revoit ces chiffres à la baisse (l’écran TFT est moins gourmand en matières premières) mais précise que si des progrès sont réalisés en matière d’économie d’énergie, le nombre de composants, en augmentation, réduit les gains acquis. L’énergie nécessaire pour la fabrication des processeurs est, par exemple, identique à celle qui était nécessaire il y a cinq ans : la baisse de l’électricité consommée pour un transistor est compensée par la multiplication de ces derniers dans un processeur. En plus d’une production énergivore, le cadre législatif des directives européennes DEEE et RoHS cumule les lacunes. Selon Fabrice Flipo, chercheur à l’Institut national des télécommunications (INT), le principe du pollueur-payeur est absent de la directive DEEE puisque c’est le consommateur qui supporte le coût du recyclage via l’écotaxe (plus de 160 millions d’euros en 2007). Dès lors, comment inciter les producteurs à l’éco-conception ? Fabrice Flipo souligne par ailleurs le lien étroit entre les éco-organismes chargés de gérer les DEEE et les fabricants, souvent actionnaires de ces sociétés (ERP, Ecologic et Eco-system). Selon lui, une telle situation jette le trouble sur leur véritable intérêt à réduire les déchets… Quant à la directive RoHS, elle ne fait pas mieux.Cette loi a subi, du 13 octobre 2005 au 12 octobre 2006, une série de six exemptions réhabilitant le plomb, le mercure et le cadmium en quantités supérieures lorsque ces métaux lourds sont jugés nécessaires à la fabrication (soudures spécifiques, contacts électriques, lampes fluorescentes…).Et si, finalement, l’éco-conception n’était qu’un discours marketing à la mode ? Face à l’urgence, l’idée effraie. Pourtant, rien n’est réuni pour rassurer l’utilisateur sur la conception raisonnée. Obsolescence accélérée, besoins en logiciels et matériels toujours croissants, rétrocompatibilité trop faible : toutes les pratiques des constructeurs poussent à la surconsommation.Pire, sans véritable outil de mesure du coût écologique de la production (appelé empreinte écologique), comment être certain qu’un ordinateur dit ‘ écolo ‘ n’est pas plus gourmand à produire qu’un autre plus basique ? Le consommateur a beau être sensibilisé, la situation a de quoi lui paraître grotesque ! Surtout quand on sait que l’utilisation de la machine ne représente que 30 % du coût énergétique total de son cycle de vie… Mais ne baissons pas les bras, continuons nos petits efforts.
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