A l’Institut d’éducation motrice de Bailly, dans la région parisienne, l’encadrement des enfants (orthophonistes, ergothérapeutes, véducateurs et institutrices) ne tarit pas d’éloges sur l’ordinateur. Ce qu’il a changé dans la vie des handicapés moteurs, âgés de 3 à 15 ans, qu’accueille l’institut ? ‘ Principalement leur relation au langage écrit et, par conséquent, leur rapport au monde ‘, confie Sophie della Giustina, orthophoniste qui s’emploie à traiter leurs troubles tant pour l’écrit que pour l’oral.
La communication pictographique
Incapables d’écrire à la main et, pour un certain nombre d’entre eux, privés de la parole, ces enfants sont admis en classe en ‘ centres de jour ‘.Pour communiquer, ils se servent de pictogrammes conçus et améliorés par les spécialistes de l’institut. Introduite en orthophonie il y a une vingtaine d’années, cette méthode repose sur un ensemble de dessins, à la fois symboliques et didactiques. En désignant du doigt un à un ces signes préalablement appris, les enfants parviennent à élaborer un discours compréhensible par tous. Ce moyen permet de renforcer les liens avec la famille, d’en établir de nouveaux avec des enfants et d’enrichir la relation avec l’orthophoniste. Or, une grande infirmité des mains leur interdit parfois le simple maniement du classeur où sont rangées les feuilles de pictogrammes. C’est pourquoi le service d’orthophonie, en relation étroite avec les ergothérapeutes de l’institut, a transposé sur ordinateur ces ‘ banques ‘ de pictogrammes, différents selon les enfants. Le logiciel Clicker 4, développé au centre depuis environ trois ans, reprend en fait les pictogrammes du classeur (qui en compte environ 1 600) en les intégrant dans son système de défilement. L’enseignement passe notamment par des échanges de lettres que les enfants écrivent lors des séances individuelles avec l’orthophoniste.Ainsi, deux fois par semaine, Anne-Sophie, avec le secours de Sabine, écrit un message à ses camarades pour les tenir informés de sa vie. Elle y raconte son week-end en juxtaposant des pictogrammes qu’elle choisit à l’écran en cliquant sur un gros track-ball jaune. Les séances sont aussi occupées à faire de nombreux exercices de lecture et d’écriture.Pouvoir ensuite les imprimer donne l’occasion à chaque enfant de mesurer ses progrès. Par exemple, il y a peu, Marie-Gabrielle a écrit un message à l’intendant, lui demandant de l’argent pour un soda !
L’adaptation des outils
Pour pallier le handicap moteur plus prononcé de Kimery et de Jean-Marc, Evelyne, ergothérapeute, a placé les contacteurs de l’appareil en fonction de la capacité motrice de chacun. Comme sa profession vise à leur rééducation et à leur réadaptation, il faut sans cesse ‘ adapter la technique à la pathologie des enfants. C’est à nous qu’il appartient de trouver la solution… ou bien de la bricoler ‘, explique-t-elle. Pour Kimery et Jean-Marc, il s’agit là encore de désigner les pictogrammes (et parfois aussi des mots écrits) qui traduisent ce qu’ils veulent énoncer. Dans la partie basse de l’écran où sont classés les pictogrammes, un curseur de couleur voyante se déplace à une allure modérée et les enfants valident, par une pression sur le contacteur, le mot ou l’image qui s’inscrit alors sur la partie haute de l’écran. Un signal sonore indique une éventuelle erreur à corriger. Bien que certaines familles aient acquis le logiciel Clicker 4 afin que leur enfant puisse poursuivre l’apprentissage de la communication écrite à la maison, l’avenir semble se trouver du côté d’un dispositif portable. Laurent devrait être ainsi le premier enfant du centre de Bailly à disposer d’une tablette PC fixée à son fauteuil.Dans quelques mois, il pourra communiquer plus facilement, où qu’il soit, grâce à un écran placé devant lui et relié à un contacteur fixé derrière sa tête. Ce sera pour lui une étape de plus vers lautonomie
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